Paris-Normandie a écrit:Brit Air : trou d'air en région A Rouen comme au Havre, la clientèle d'affaires a diminué AEROPORTS. La baisse de la clientèle d'affaires entre le Havre et Lyon, Rouen et Lyon met Brit Air en difficulté.
«Oui, effectivement, nous avons écrit il y a un bon mois aux syndicats mixtes gérant les aéroports de Rouen et du Havre. Parce que n'allons pas pouvoir continuer longtemps comme ça, que nous avons besoin d'aides publiques pour maintenir opérationnelles les lignes entre Le Havre et Lyon et Rouen et Lyon ». Propos tenus par Marc Lamidey, PDG de Brit Air, filiale d'Air France.
Sur les trois vols quotidiens à destination de Lyon depuis Rouen, le directeur de l'aéroport normand Sylvain Richon confirme une baisse de fréquentation de la clientèle business de l'ordre de 10 %, en gros depuis octobre quand la crise est venue frapper à la porte des entreprises. « Comme 80 % du trafic rouennais est lié à des passagers d'affaires, c'est plus difficile à supporter pour l'aéroport que si l'essentiel du trafic passager était le fait d'une clientèle diversifiée. »
Comme la clientèle d'affaires est celle qui paie les tarifs les plus élevés, « la traduction, c'est 20 à 25 % de chiffre d'affaires en moins », ajoute le PDG de Brit Air. Mais attribuer des fonds publics à une entreprise privée n'est ni simple, ni rapide. « La réglementation européenne le permet, mais uniquement dans le cadre d'une procédure « OPS » pour obligation de service public, rapporte le PDG. En clair, il faut que les élus démontrent que ces lignes sont essentielles au développement économique de la région, qu'elles relèvent donc d'un « service public ». Dès lors, les collectivités adhérentes du syndicat mixte gestionnaire - les agglomérations de Rouen et du Havre et les chambres de commerce -, peuvent lancer un appel d'offres. Brit Air se retrouverait certes en concurrence et c'est l'opérateur de moins-disant qui serait retenu, mais des aides publiques seraient alors possibles ».
La procédure peut être longue. En attendant, Marc Lamidey a indiqué aux syndicats mixtes que Brit Air maintiendra en l'état son programme de vols entre Le Havre, Rouen et Lyon, et ce jusqu'à fin octobre prochain marquant un changement d'horaires. «Mais je ne pourrais aller au-delà sans aide si la situation économique perdure», prévient le PDG.
Rouen, Le Havre mais aussi Lannion dans les Côtes d'Armor où il est même évoqué une possibilité de fermeture de l'aéroport, et Limoges enfin où opère Brit Air, connaissent les mêmes difficultés. L'entreprise aux 1200 salariés et aux 42 avions vit donc une sérieuse baisse d'activité tandis que ses charges demeurent.
Le paradoxe, c'est que les lignes avaient repris des couleurs, même en se situant toujours à Rouen comme au Havre sur des volumes de trafic modestes avec 13 123 passagers sur Lyon en cinq mois de 2008, et 50 % de taux de remplissage. Pour Rouen et Le Havre, qui généraient des pertes importantes, le redressement était donc en vue.
MARC BRAUN
m.braun@presse-normande.com" Pas de fermeture de l'aéroport de Rouen "
Les élus accepteront-ils d'aider financièrement une compagnie aérienne, quelle qu'elle soit, pour pérenniser Le Havre-Lyon et Rouen-Lyon par les airs ? S'agissant de l'aéroport de Rouen, le vice-président de l'Agglo Frédéric Sanchez, membre du syndicat mixte, préfère évoquer d'autres pistes même si celle d'un nouvel appel d'offres n'est pas forcément écartée.
« Tout d'abord, à ce stade, il n'est pas envisagé de fermer l'aéroport. Deuxièmement, nous avons demandé au gestionnaire de l'aéroport, Rouen Handling, de rechercher toutes les pistes possibles pour maintenir la ligne Rouen-Lyon à un coût moindre, d'examiner la réalité du marché, d'étudier la situation des compagnies aériennes opérant sur ce type de ligne afin que nous ayons une vue plus précise de ce que nous pouvons engager. N'oublions pas qu'il s'agit de fonds publics ».
De fait, selon l'élu socialiste, les informations transmises par Brit Air il y a un mois conduiraient la chambre de commerce de Rouen et l'Agglo à débourser 1 M€ par an pour maintenir la ligne. « Mais pour combien de temps, combien d'années ? Nous n'avons aucune visibilité, renchérit Frédéric Sanchez. Et ces sommes s'ajouteraient au déficit structurel de l'aéroport qui se situe à 500 000 € par an. Voilà pourquoi nous insistons sur le maintien d'une ligne Rouen-Lyon à un coût maîtrisé ». Et sans la pression aussi sans doute de l'opérateur en place dont l'échéance annoncée d'octobre constitue une menace.