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[gailu]

Les Panaméens approuvent le projet d'élargissement du canal

Près de 80 % des électeurs panaméens ont approuvé le projet d'élargissement du canal interocéanique. Cette très nette victoire du "oui" au référendum organisé dimanche 22 octobre est tempérée par une forte abstention, supérieure à  56 %. Les électeurs ont été nombreux à  bouder les urnes dans les circonscriptions indigènes et les provinces les plus pauvres de Bocas del Toro et de Darien.

Les observateurs internationaux déployés par l'Organisation des Etats américains ont salué le bon déroulement des opérations électorales. Partisan du "non", le Front national pour la défense des droits économiques et sociaux (Frenadeso) a dénoncé des "anomalies" dans plusieurs centres de vote. Des partisans du "oui" ont utilisé des véhicules de l'administration et distribué de l'argent pour obtenir des suffrages, a affirmé Genaro Lopez, l'un des dirigeants de ce regroupement d'organisations syndicales. Selon l'ancien président Guillermo Endara, également opposé au projet d'élargissement, des emplois ont été promis à  des électeurs en échange d'un vote positif.



L'agrandissement du canal, construit par les Etats-Unis entre 1904 et 1914, commencera en 2007. Les travaux doivent durer huit ans et coûter 4,2 milliards d'euros. Selon l'Autorité du canal de Panama, un organisme parapublic, plus de la moitié de cet investissement sera financée par la hausse des droits de passage, qui varient actuellement entre 60 000 et 250 000 dollars (entre 48 000 et 200 000 euros) en fonction de la taille du navire.

La construction d'un troisième jeu d'écluses permettra aux plus gros navires, à  l'exception des supertankers géants et des plus grands porte-avions, d'emprunter le canal de Panama. La taille des écluses actuelles oblige les bateaux d'une largeur supérieure à  32 mètres et d'un tirant d'eau de plus de 12 mètres à  faire le détour par le cap Horn, au sud des Amériques.

L'agrandissement du canal est nécessaire pour éviter sa saturation au cours des prochaines années, répète le président Martin Torrijos, qui a mis tout son poids dans la bataille en faveur du "oui". Les Etats-Unis, la Chine, le Japon et le Chili figurent parmi les principaux clients du canal qui relie les océans Atlantique et Pacifique.

Les opposants craignent que le "mégaprojet" nourrisse la corruption, endémique dans ce pays. S'il représente une part importante des recettes de l'Etat, le canal emploie moins de 9 000 personnes. Sa récupération par le Panama en 2000 s'est accompagnée d'une nette augmentation de ses revenus, qui atteindront 1,1 milliard d'euros cette année, mais n'a pas fait reculer la pauvreté affectant 40 % de la population.



Longueur. 80 kilomètres.

Histoire. Le percement du canal a été réalisé en deux étapes (commencé par les Français en 1881, achevé par les Américains en 1914) et a coûté la vie à  25 000 personnes. Il a requis un investissement de 375 millions de dollars.

Navigation. 14 000 navires transportant 250 millions de tonnes de marchandises l'empruntent chaque année.

5 % du commerce mondial transite par le canal de Panama.

Les navires pouvant l'emprunter actuellement ont un gabarit maximum de 32 mètres de large, 294 mètres de long et 12 mètres de tirant d'eau.

26 heures. Le temps nécessaire pour franchir le canal, y compris l'attente, pour 8 à  10 heures de traversée.

60 centimètres. L'espace qui sépare la coque d'un navire de taille Panamax (les plus grands bateaux capables de franchir actuellement le canal) de la berge lors du passage dans les écluses les plus étroites.

L'élargissement. Le projet de modernisation, qui a été soumis à  référendum dimanche 22 octobre, prévoit la construction d'une troisième voie de navigation entre le Pacifique et l'Atlantique, plus large que les deux premières, et qui permettra ainsi à  de plus grands navires d'emprunter le canal.

Après l'élargissement, ceux-ci - à  l'exception des supertankers géants et des plus grands porte-avions - pourront avoir un gabarit de 49 mètres de large, 386 mètres de long et 15 mètres de tirant d'eau, et transporter 12 000 conteneurs (contre 4 000 actuellement).

[G.E.]

80 % de l'économie du Panama dépend du Canal, alors, corruption ou pas, ils n'avaient pas le choix...

D'autre part, des projets concurrents de traversée étaient en lice dans les pays voisins en cas de refus.

[eomer]

80 % de l'économie du Panama dépend du Canal, alors, corruption ou pas, ils n'avaient pas le choix...

D'autre part, des projets concurrents de traversée étaient en lice dans les pays voisins en cas de refus.

Il existe un projet concurent au Nicaragua: cela pourrait se concrétiser également. N'oublions pas que le Panama ne contrôle pas la zone du canal: comme l'oncle Sam considère cette voie comme vitale (pour relier ses propres côtes Est et Ouest, c'est lui qui le gère.

Un autre itinéraire concurent existe désormais en été (lié au rechauffement climatique): le passage du nord-ouest est navigable une bonne partie de l'année.

[marsupilud]

Qu'est-ce le passage du Nord-Ouest ?

375 millions pour le construire, 4,2 milliards pour l'élargir... C'est le prix pour sauver 25 000 ouvriers ?

[G.E.]

N'oublions pas que le Panama ne contrôle pas la zone du canal: comme l'oncle Sam considère cette voie comme vitale (pour relier ses propres côtes Est et Ouest, c'est lui qui le gère.

Les USA conservent certes un droit de regard mais la zone du Canal ne leur appartient plus depuis 1999.

Un autre itinéraire concurent existe désormais en été (lié au rechauffement climatique): le passage du nord-ouest est navigable une bonne partie de l'année.

Avant 2050, il sera praticable toute l'année !

[Auriom]

Tiens, il me semblait qu'on avait déjà évoqué ce projet d'alternative ferroviaire qui fait pas mal de bruit depuis quelques semaines.

La Colombie veut concurrencer le canal de Panama
mardi 01 mars 2011

Bogota s'appuierait sur Pékin pour créer une connexion terrestre entre l'océan Pacifique et l'Atlantique. La Chine s'offrirait ainsi une plateforme d'exportation vers l'Amérique latine.

Bogota. De notre correspondant.

C'est un vieux projet colombien : concurrencer le canal de Panama par une connexion terrestre courte entre l'océan Pacifique et l'océan Atlantique sur plus de 200 km. Le président Juan Manuel Santos, dans une interview au Financial Times, puis la Chine ont confirmé ces derniers jours leur intérêt commun pour ce « canal sec ».

L'idée ? Un chemin de fer trouerait la jungle du Darien, à la frontière avec le Panama. Les marchandises chinoises, débarquées côté Pacifique, seraient acheminées jusqu'à une nouvelle ville industrielle, non loin du port caribéen de Carthagène, puis assemblées et réexportées. Au retour, le train pourrait ramener des conteneurs de charbon (la Colombie est le 5e producteur mondial). Et un nouvel oléoduc parallèle pourrait offrir un débouché au brut vénézuélien.

Les dirigeants du canal de Panama ne semblent pas inquiets. Ils ont engagé des travaux pour doubler sa capacité d'ici à 2014. Ils rappellent les coûts inférieurs de la voie maritime pour le transport. Ils ont vu passer bien des projets...

Le Nicaragua, pourvu d'un vaste lac intérieur, évoque régulièrement la possibilité d'avoir son canal. En Colombie, trois présidents se sont cassé les dents sur le projet du Darien depuis les années 1980.

L'embûche environnementale

Mais le plan, assure le président Santos, est, cette fois-ci, « bien avancé ». La Chine, qui prête davantage que la Banque mondiale aux pays en voie de développement, possède les fonds nécessaires. Elle serait prête à investir 5,6 milliards d'euros dans l'aménagement d'autres infrastructures portuaires et ferroviaires colombiennes. Déjà deuxième partenaire commercial de la Colombie, elle voit le pays andin « comme un port de l'Amérique latine ».

Il reste cependant une embûche de taille, environnementale : le « canal sec » viendrait rompre un écosystème encore préservé. La forêt tropicale humide du Darien, surnommée le « Bouchon », est jusqu'ici le seul point du continent où s'interrompt la route panaméricaine.

Les écologistes s'alarment de l'impact des travaux. En attendant, le rapprochement sino-colombien pourrait pousser les États-Unis à ratifier un traité de libre-échange en souffrance depuis deux ans. Santos, habile négociateur, gagnerait ainsi à tous les coups.

Michel TAILLE.

(Pénible, le bug qui empêche de mettre la carte qui accompagne l'article. Suivez donc le lien mis plus haut pour voir ça.)