Ouest-France a écrit:La Colombie veut concurrencer le canal de Panama mardi 01 mars 2011 Bogota s'appuierait sur Pékin pour créer une connexion terrestre entre l'océan Pacifique et l'Atlantique. La Chine s'offrirait ainsi une plateforme d'exportation vers l'Amérique latine. Bogota. De notre correspondant.C'est un vieux projet colombien : concurrencer le canal de Panama par une connexion terrestre courte entre l'océan Pacifique et l'océan Atlantique sur plus de 200 km. Le président Juan Manuel Santos, dans une interview au Financial Times, puis la Chine ont confirmé ces derniers jours leur intérêt commun pour ce « canal sec ».
L'idée ? Un chemin de fer trouerait la jungle du Darien, à la frontière avec le Panama. Les marchandises chinoises, débarquées côté Pacifique, seraient acheminées jusqu'à une nouvelle ville industrielle, non loin du port caribéen de Carthagène, puis assemblées et réexportées. Au retour, le train pourrait ramener des conteneurs de charbon (la Colombie est le 5e producteur mondial). Et un nouvel oléoduc parallèle pourrait offrir un débouché au brut vénézuélien.
Les dirigeants du canal de Panama ne semblent pas inquiets. Ils ont engagé des travaux pour doubler sa capacité d'ici à 2014. Ils rappellent les coûts inférieurs de la voie maritime pour le transport. Ils ont vu passer bien des projets...
Le Nicaragua, pourvu d'un vaste lac intérieur, évoque régulièrement la possibilité d'avoir son canal. En Colombie, trois présidents se sont cassé les dents sur le projet du Darien depuis les années 1980.
L'embûche environnementale
Mais le plan, assure le président Santos, est, cette fois-ci, « bien avancé ». La Chine, qui prête davantage que la Banque mondiale aux pays en voie de développement, possède les fonds nécessaires. Elle serait prête à investir 5,6 milliards d'euros dans l'aménagement d'autres infrastructures portuaires et ferroviaires colombiennes. Déjà deuxième partenaire commercial de la Colombie, elle voit le pays andin « comme un port de l'Amérique latine ».
Il reste cependant une embûche de taille, environnementale : le « canal sec » viendrait rompre un écosystème encore préservé. La forêt tropicale humide du Darien, surnommée le « Bouchon », est jusqu'ici le seul point du continent où s'interrompt la route panaméricaine.
Les écologistes s'alarment de l'impact des travaux. En attendant, le rapprochement sino-colombien pourrait pousser les États-Unis à ratifier un traité de libre-échange en souffrance depuis deux ans. Santos, habile négociateur, gagnerait ainsi à tous les coups.
Michel TAILLE.