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Les ports belges risquent l'asphyxie

SOUMOIS,FREDERIC
mardi 16 janvier 2007, 07:03

Rail et voies fluviales paient un quart de siècle de sous-investissement, au risque de rater la croissance asiatique.

Léopold I er disait déjà  que sans voies de communication, la Belgique serait comme une plante sans eau. Luc Coene, vice-gouverneur de la Banque nationale, en ouverture de la 4 e journée « Rail meets road », a souligné le poids économique des ports belges : Anvers est le deuxième port européen, les ports belges catalysent 5 % de la valeur ajoutée et 3 % de l'emploi. Et cela augmente, grâce à  la croissance du trafic des conteneurs de 10 %, essentiellement due à  la montée en puissance de l'Asie et de la Chine. Mais cette activité est sensible : arrêt programmé du chaud à  Liège et le port s'enrhume, le tunnel sous la Manche s'ouvre et c'est Ostende qui s'assombrit. Elle est aussi très dépendante des réseaux qui accueillent les marchandises du monde, une fois débarquées chez nous. Ainsi, l'essentiel repart vers sa destination par la route : 60 % des conteneurs d'Anvers, 96 % à  Ostende, 77 % à  Zeebruges, mais 20 % à  Liège qui, grâce au canal Albert, redistribue plus de 71 % par eau.

Mais le diagnostic des utilisateurs est assez sombre. Malgré ses extensions, le port d'Anvers, qui devrait passer de 7 millions de containers en 2006 à  près de 13 millions en 2012, ne le fera effectivement que si les marchandises trouvent le chemin de leurs destinataires.


Des ports non adaptés

Or, la route est déjà  saturée malgré l'ouverture d'un second tunnel et le rail semble peu disposé à  croître sans investissement majeur pour améliorer la capacité. C'est ainsi que l'idée d'un « Rhin d'acier » qui relierait Anvers à  la Ruhr en Allemagne sans passer par Liège et ses obstacles naturels renaît. Mais s'enlise dans la mauvaise volonté hollandaise qui ne voit pas pourquoi elle construirait à  ses frais des outils pour combattre Rotterdam.

Les utilisateurs des ports, transporteurs ou sidérurgistes, eux, pestent contre des infrastructures « qui ferment au milieu de l'après-midi, ne travaillent pas la nuit ni le dimanche, multipliant les coûts d'immobilisation et les pénalités, tandis que les camions roulent tout le temps ».

Pourtant, s'enthousiasme Alex Van Breedam, directeur du Vlaams Institut voor de Logistiek, la Flandre gagne chaque année le championnat du monde de la logistique. Dans son esprit, la reconversion de l'industrie lourde doit passer dans les métiers de la logistique, pour laquelle notre pays est idéalement situé et équipé. Son idée ? « Que la Flandre, et pourquoi pas la Wallonie, devienne un centre géant de distribution pour toute l'Europe de l'Ouest. Nous transportons, nous conditionnons, nous finissons, nous assemblons et nous livrons à  l'utilisateur final. »

Au risque de voir notre pays disparaître sous les infrastructures et devenir une terre de transit ? « Si on le veut, cela peut être le gisement d'emplois de demain », rétorque Rudi Thomaes, administrateur délégué de la Fédération des entreprises de Belgique. Qui, outre un rattrapage du retard pris dans le rail et le fluvial, réclame plus d'investissements dans le réseau routier : « 1 % de notre PNB y est consacré, pour 4 % aux Pays-Bas. Nous réclamons aussi l'usage de méga-trucks, des camions géants qui permettent d'économiser 30 % d'énergie et de diminuer les files. »