La Provence a écrit:Marseille-Paris : le duel train-avion relancé
Depuis le lancement de sa "base Marseille", Air France s'aligne sur la SNCF lorsqu'on réserve à l'avance. Alors, la concurrence s'installe. Test.
A cent euros l'aller-retour pour la capitale avec Air-France, l'avion vient concurrencer le TGV.
Si vous n'êtes pas phobique de l'avion, vous avez désormais le choix au même tarif - environ 100 euros l'aller-retour - entre Air France et la SNCF pour vous rendre à Paris en réservant sur le Net. En lançant le 2 octobre une "base Marseille" avec un personnel navigant basé en région, la compagnie aérienne a développé trente destinations en direct au départ de Marignane, dont 13 nouvelles sur la France, l'Europe et le bassin méditerranéen. Mais a aussi accru son offre vers la capitale avec des tarifs attractifs ainsi qu'un vol quotidien en plus vers Charles-de-Gaulle et deux vers Orly (28 au total) avec collation et enregistrement rapide. Air France a fait un premier point lundi dernier de sa "base Marseille" et pour elle, le succès est là même si le dispositif va monter en puissance.
La SNCF va laisser des plumes sur des liaisons transversales jusqu'à Biarritz ou Brest mais comme l'a dit à Marseille la semaine dernière son président Guillaume Pépy, elle veut absolument garder deux tiers du marché sur sa "ligne royale" Marseille-Paris. D'ailleurs, alors que nombre d'horaires sont bouleversés par les travaux, la SNCF a bien pris soin de ne presque toucher à ceux de cette liaison. Elle met aussi en avant le "ville à ville" de ses 17TGV, des tarifs prem's à 44 euros aller-retour, de nouveaux services comme l'accompagnement d'un enfant ou la livraison à domicile d'un deuxième bagage. De plus, l'absence d'une desserte directe en TER de Marseille-Provence l'avantage. Cependant, le train ou l'avion correspondent à des pratiques différentes. Nous avons testé les deux.
A la SNCF : presque comme au boulot
Ah, l'aube aux Cinq-Avenues et le parcours à pied à 6h55vers la gare Saint-Charles. Je garde le ticket solo à 1,50euro pour le retour. Par les bd Philippon, Longchamp, National, Camille-Flammarion et la montée de la Seram, je suis dans le hall à 7h15. Un trajet en métro avec un peu d'attente d'un terminus aurait duré au maximum une demi-heure. Les galères de parking font préférer les transports en commun. À 7h22, après l'achat de journaux, j'embarque dans mon TGV 6106 pour Paris qui part à 7h28. Un peu de sommeil à rattraper, un café-cake aux fruits confits à 4,90 euros au wagon-restaurant et je rejoins la cohorte des "voyageurs à écran".
La moitié des personnes présentes voiture 18 ont ouvert leur ordinateur. Nombreux sont ceux qui étalent leurs documents et travaillent. En seconde, l'absence de prise électrique est un hic. "C'est mon deuxième bureau, m'explique Bruno, un habitué, cadre en informatique. Comme le téléphone ne passe pas sur une bonne partie, on me dérange beaucoup moins et je rédige mes devis." D'autres s'assoupissent devant une comédie romantique. Le plaisir de voir défiler les éoliennes de la Drôme, les vignes de la vallée du Rhône et les collines de l'Yonne et Paris se profilent.
Arrivée à 10h47 respectée. Je plonge dans le métro pour cingler vers mon rendez-vous de 11h15 à République. Après l'achat d'un Paris ticket-visite avec entrées gratuites dans les musées à 8,40 euros, mon application iPhone RATP me dit ligne 1 jusqu'à Bastille et ligne 5 jusqu'à République. Je préfère la belle ligne automatisée 14 jusqu'à Châtelet et les 4 stations de la 11 jusqu'à mon but. J'y suis à 11h08. Journée mi-travail avec trois rendez-vous et mi-loisir avec la visite de la Maison européenne de la photo et la découverte des clichés de Klein sur Rome grâce à mon ticket magique. Dernier entretien avec un confrère à 17h30 à Bastille. Je le quitte à 17h52. Bus 65 jusqu'à la gare de Lyon.
Il est 18h. Mon TGV 6127 démarre comme prévu à 18h16. Les paupières sont lourdes dans les rames. Vite la collation basique à 6,90 euros. Les lumières du port de Marseille comme dans un rêve. Entrée en gare à 21h22. Descente dans le métro. Arrivée à la station Cinq-Avenues à 21h41. Je suis chez moi 4 mn après. Le TGV tout à la fois utile et sas.
Du côté d'Air France : de l'airbus au tramway
Avant, la navette était spatiale et promettait la lune. Elle est aujourd'hui saut de puce et, pour le coup, fait réellement de Paris un petit faubourg de la Provence. Première étape, se rendre à Marignane. Départ de Marseille centre à 7heures. Par la route, compter 30 minutes. À l'arrière d'un taxi, il vous en coûtera une cinquantaine d'euros. Par vos propres moyens, il vous faudra stationner sur l'un des nombreux parkings de l'aéroport situés pratiquement au pied du hall 4 (environ 12 euros la journée). Ou bien prendre la navette routière qui transporte de la gare Saint-Charles à Marignane (départ toutes les 20 minutes pour un trajet estimé de 25 minutes au coût de 8,50 euros l'unité).
Un Airbus chassant l'autre (toutes les heures), on peut y embarquer jusqu'à un quart d'heure du décollage. En se faisant enregistrer sur internet, vous passez directement sous le portique, en ayant pris soin de retirer ceintures, chaussures et bien sûr portable. Compter une pénalité de 4 minutes pour le déshabillage-rhabillage. Juste avant de pénétrer dans la cabine, pensez à prendre vos quotidiens préférés, dont bien sûr La Provence, offerts par la compagnie. Il est 8 heures. On décolle, on lit la presse ou un dossier, mais pas franchement valable de sortir l'ordinateur, le temps de vol (1 heure) étant trop juste. Petite pause-café ou jus de fruit, et voilà la descente qui s'annonce. Le ciel est gris, nous sommes à Paris. Sur la droite, on distingue la tour Eiffel.
Pas de bagage en soute, donc sortie rapide d'Orly Ouest. Deux options, le taxi (35 euros en moyenne) ou le tram Orly Val, puis le RER avec un changement à Anthony pour se rendre au coeur de la capitale (11 euros). Avantage du tram-TER, il vous conduit aux Halles en 15 minutes garanties. Vous êtes au centre de Paris à 9h45, et dans les temps pour votre rendez-vous de 10h.
Dans le sens inverse, après une journée remplie et efficace, et en optant toujours pour un retour par le tram, il faut, pour ne point courir, miser sur un départ du centre-ville à 19h15 maximum. Arrivée à l'aéroport à 19h30 pour un décollage à 20h. Plus risqué en taxi à cette heure, compte tenu du retour des banlieusards et de l'encombrement du périphérique. Arrivée à Marignane à 21h15. Ce qui vous fait un retour au domicile vers 21h50 (attention aux radars qui peuvent nettement alourdir la note).