Ma maison au bout de la piste
Il y a dix ans, André Gurgui créait en Astarac le deuxième village aéronautique de l'Hexagone.
Quel passionné de navigation n'a jamais rêvé d'une marina avec son bateau amarré devant le porche de sa maison, ou quel amateur de tennis d'avoir son propre court dans le jardin ? À Berdoues, près de Mirande, les mordus d'aviation, eux, ont trouvé leur petit paradis sur Terre. Une maison en pleine campagne gersoise, juste à côté d'un hangar privatif pour garer leur avion, et surtout une piste de 940 mètres de long sur 18 de large…
Ce rêve, André Gurgui l'a réalisé il y a dix ans, en créant un village aéronautique. « C'est une idée que j'avais en tête depuis un moment, après avoir vu des reportages sur ce genre d'installations aux États-Unis ou en Angleterre. Mais en France, il n'en existait qu'un seul, en Vendée. À cette époque, ma fille habitait dans le Gers, et je quittais régulièrement la région parisienne pour lui rendre visite. Le hasard a fait que je me suis posé là. J'ai ensuite découvert que Mirande avait eu un aéro-club, mais que celui-ci était en sommeil depuis 1958. J'ai alors rencontré des anciens, ce qui m'a décidé à le relancer. »
Projet d'extension
Après avoir construit la piste goudronnée (790 m, et 150 m sur gazon), sa maison et son hangar, André Gurgui et sa femme Jeanine ont voulu partager ce mode de vie exceptionnel avec d'autres passionnés. Ils avaient alors 58 hectares à vendre par lots de terrains constructibles. « Mais j'ai voulu y aller doucement. Je n'ai pas fait énormément de publicité. Les personnes intéressées sont arrivées petit à petit, principalement grâce au bouche à oreille. »
Des voisins sur la même longueur d'onde
Venu tout droit de Metz, (en seulement quatre heures de vol) Jean-Claude Motteler a posé ses valises et toute sa petite famille à Berdoues en octobre dernier.
Jeune retraité du bâtiment, il s'est pris de passion pour les avions sur le tard, après plusieurs années tournées vers l'aéromodélisme. « Je n'ai mon brevet de pilote que depuis 2001 ». Mais en s'installant à Berdoues, il a trouvé l'occasion idéale de rattraper son retard.
« J'apprécie d'être au calme, en pleine nature, mais l'objectif principal était bien entendu d'être dans un village aéronautique. Contrairement à un club où il faut réserver à l'avance, ici je peux décider de sortir mon avion quand cela me chante. Par exemple, sur un coup de tête, partir faire un petit vol, le soir, au-dessus des Pyrénées… »
Et puis il y a aussi le côté convivial du lieu : « Entre voisins, nous partageons tous le même amour des avions, et nous échangeons très souvent », de quoi encourager les rapports de bon voisinage. D'ailleurs, dans ce village, il n'est pas rare que les voisins s'appellent par leur prénom. Et pas question de faire de distinction sociale : « Il n'y a que des gens simples et passionnés ici », rappelle Jeanine Gurgui. Car contrairement au « bling-bling » des yacht-clubs, on trouve toutes sortes de budgets dans le monde de l'aviation. « Cela va du simple ULM au Jet. Il y en a vraiment pour tous les goûts et tous les porte-monnaie », explique Jean-Claude Motteler.
D'ailleurs, à Berdoues, près de la moitié des appareils soigneusement entreposés dans les hangars sont des ULM, et toutes les maisons n'ont pas la même superficie. Mais peu importe. Pour ces passionnés, peu importe la taille du moteur, pourvu qu'il y ait l'ivresse du vol…
Aujourd'hui, le village aéronautique rassemble près d'une quinzaine de foyers, deux lots de terrain viennent d'être vendus, et André Gurgui a la capacité d'en créer 25 de plus (soit une trentaine d'hectares). Mais là encore, appliquant la théorie du « chi va piano va sano », il n'est pas pressé. « J'attends le prochain plan communal pour présenter le projet. » Ce qui ne devrait pas poser de problème puisque le maire actuel y est favorable. « On mettra sûrement en vente en 2012. »
Pour autant, la piste commune est loin d'être embouteillée du matin au soir : « Les avions ou ULM sortent plutôt en fin de journée, ou bien le week-end, surtout quand il fait beau, remarque Jeanine Gurgui. La plupart passent surtout beaucoup de temps dans leur hangar à bichonner les machines. Ils sont presque plus amoureux de leur avion que du vol en lui-même. Certains ont même construit leur habitation à l'intérieur du hangar. » Bien souvent, les temps de vol avoisinent la centaine d'heures par an seulement.
Et pour cause. On trouve chez certains de vrais engins de collection : un Austere (USA) des années 40, un Chipmunk (anglais) de la même époque, un Jodel 112 (français), « et je possède moi-même un Mousquetaire (français) des années 50 », indique André Gurgui.
Des figures de l'aviation
Seule une petite moitié des propriétaires est à la retraite, et parmi eux, quelques figures : « Dans le village, nous avons un ancien pilote d'essais de chez Airbus, un du Concorde et un de la Patrouille de France. Il y a aussi un pilote de ligne toujours en activité. » Néanmoins, contrairement à ce que l'on pourrait croire, tous ne travaill(ai)ent pas dans le secteur aéronautique, à l'image de Jean-Claude Motteler (lire ci-contre), tout jeune retraité du bâtiment.
Enfin, pour la petite histoire, une seule femme a son brevet de pilote, « mais les épouses sont solidaires de la passion de leur mari, et quelques-unes prennent même des leçons de vol », précise en souriant Jean-Claude Motteler
http://www.sudouest.fr//2010/06/16/ma-m ... 0-4627.php
et celà donne celà :
http://maps.google.fr/maps?f=q&source=s ... 5&t=h&z=16