L'Etat s'apprête à lancer l'ouverture du capital de quatre grands aéroports régionauxLe processus d'ouverture du capital des aéroports de Lyon, Toulouse, Bordeaux et Nice est amorcé par l'Etat, qui détient encore 60% du capital de chacune des sociétés exploitantes. Les groupes Vinci, Veolia, Macquarie ou encore la Caisse des Dépôts sont sur les rangs. Quant à Aéroports de Paris, il s'intéresserait à Lyon - Saint-Exupéry, avec lequel de réelles synergies pourraient être mises en oeuvre.Ecrit par Myriam Chauvot
Quatre ans après avoir partiellement privatisé Aéroports de Paris, l'Etat se prépare à faire de même avec les aéroports de Lyon, Nice, Toulouse et Bordeaux, dont il détient encore 60% du capital de chacune des sociétés exploitantes. Selon des sources concordantes confirmant des informations de l'agence Reuters, l'Agence des participations de l'Etat (APE) a initié le processus d'ouverture du capital, en lançant un appel d'offres afin de sélectionner la banque-conseil de l'opération. Les aéroports concernés et les candidats potentiels ont également été avisés officieusement du lancement du processus. L'annonce officielle serait imminente.
«La privatisation des aéroports régionaux s'accélère et pourrait sortir d'ici à la fin de l'année, indique-t-on de source proche du dossier. Le premier sera Lyon, suivi par ordre chronologique des aéroports de Nice, Toulouse et Bordeaux.»
En 2004, l'Etat avait fait un premier pas en ce sens en modifiant la loi sur le statut des grands aéroports, ce qui avait permis à Lyon-Saint-Exupéry, Toulouse-Blagnac, Nice-Côte d'Azur et Bordeaux-Mérignac de se transformer en sociétés anonymes, détenues à 40% par les collectivités locales et à 60% par l'Etat.En 2005, une seconde loi relative à l'ouverture du capital d'Aéroports de Paris avait ensuite ouvert la voie à une privatisation de ces aéroports régionaux, valorisés entre 100 millions et 300 millions d'euros chacun.
Le Premier ministre de l'époque, Jean-Pierre Raffarin, s'était engagé à ce que les pouvoirs publics restent majoritaires au moins jusqu'en 2013. Mais il suffirait à l'Etat que la part des collectivités s'établisse au-dessus de 50%, tout en permettant à un ou des investisseurs privés d'acquérir jusqu'à 49% du capital des sociétés aéroportuaires et d'en devenir les vrais patrons.
Les principaux candidats potentiels sont déjà connus. Tout d'abord, les deux champions français de la gestion aéroportuaire : Veolia Transport, qui gère déjà les plates-formes de Nîmes, Beauvais-Tillé ou Lille-Lesquin, et le groupe Vinci, dont la filiale Vinci Airports gère celles de Grenoble, Chambéry, Clermont-Ferrand, Quimper, Rennes et Dinard et trois autres au Cambodge.
Des candidats naturels
«En tant que partenaire privé industriel de référence des aéroports français, Vinci Airports serait naturellement intéressé si l'Etat engageait une cession de ses participations dans les grands aéroports régionaux français», déclare son président, Nicolas Notebaert. Autre candidat naturel, l'australien Macquarie, premier groupe aéroportuaire mondial, est également sur les rangs. «Macquarie est intéressé par le rachat de la part de l'Etat dans les aéroports régionaux français, confirme-t-on chez Macquarie. Cela se ferait probablement en partenariat avec un groupe français.»
La Caisse des Dépôts (CDC) pourrait aussi être sur les rangs. «C'est un sujet d'intérêt pour nous, a déclaré à Reuters Jean Bensaid, directeur général de CDC Infrastructure. Ce sont des équipements essentiels pour le développement des régions.»
En revanche, Keolis, qui gère les petits aéroports d'Angers, Epinal, Troyes et Dole, ainsi que ceux de Chambéry et Grenoble en partenariat avec Vinci, préfère s'en tenir à des plates-formes plus modestes, de moins de 150.000 passagers par an. Eiffage n'ira pas non plus sur le dossier, privilégiant les grands projets comportant une part de BTP et un rôle d'opérateur, plutôt que des privatisations d'infrastructures existantes.
D'autres candidats potentiels refusent encore de dévoiler leurs intentions. C'est le cas d'Aéroports de Paris (ADP), qui s'intéresserait pourtant de très près à Lyon-Saint-Exupéry. Interrogé, le gestionnaire des aéroports parisiens s'est refusé au moindre commentaire. Même silence du côté de l'aéroport de Lyon.
«Petit comité»
Néanmoins, certains candidats potentiels s'inquiètent déjà d'une possible entente entre ADP et son principal actionnaire, l'Etat. «ADP veut racheter la part de l'Etat dans l'aéroport de Lyon et essaie de faire cela en petit comité. Il mène des négociations avec les pouvoirs publics», affirme un investisseur financier.
Quelles qu'en soit les modalités, le rapprochement entre ADP et Lyon-Saint-Exupéry aurait du sens. Si Roissy-CDG est le «hub» long-courrier d'Air France, Lyon-Saint-Exupéry est son mini-hub interrégional. Par ailleurs, l'aéroport de Lyon pourrait aussi servir de relais de croissance aux plates-formes parisiennes, le projet de troisième aéroport francilien étant apparemment enterré. Enfin, une telle opération permettrait de valoriser la participation de l'Etat dans Aéroports de Paris.
MYRIAM CHAUVOT ET BRUNO TRÉVIDIC
Source:
http://www.lesechos.fr/entreprises-sect ... ionaux.htm