Le Point a écrit:L'hydraviation redécolle de BiscarosseCréé à Berre en 1910, ce type d'aéronef renaît en France grâce à des initiatives privées et industrielles. Cent hydrobases vont être aménagées sur des plans d'eau.Un hydravion sort du lac de Biscarosse, le 13 mai 2010. © Jean-Pierre Muller / AFP Par Thierry VigoureuxL'hydravion renaît à Biscarosse. Hydroland, un centre de formation de loisirs aéronautiques, ouvre une nouvelle page de cette activité quasiment disparue en France. Seule la Sécurité civile fait voler des hydravions, onze Canadair CL 415 qui, chaque été, s'attaquent aux feux de forêts. Rien à voir avec l'école de pilotage qui vient d'ête lancée : des stages sont proposés pour acquérir la qualification hydravion. Cette discipline n'était enseignée qu'au Canada, aux États-Unis, en Finlande ou, plus près, à Côme en Italie.
La France, pays où est né l'hydravion avec le "canard" d'Henri Fabre en 1910, redécouvre cette activité, soutenue par Patrick Gandil, directeur général de l'aviation civile, qui affirme : "Notre métier, c'est de faire voler les avions, tous les avions."
Hydroland disposera cet été de quatre hydravions (Cessna 150, Piper PA 12, Teal Thorston et Lake Bucaneer) qui viendront s'amarrer au ponton près du centre de Biscarosse. Ce village, jusqu'à une date récente, vivait de ses souvenirs réunis dans un musée de l'hydraviation. Les vols de ces "paquebots des airs" Laté 501 ou 601, pilotés par Mermoz, Guillaumet ou Saint-Exupéry, ainsi que l'activité industrielle n'ont pas survécu à la Seconde Guerre mondiale. Ce type d'aéronef avait permis dès 1919 de défricher la desserte du Sénégal d'abord, avec un service de transport de courrier, puis en prolongeant la liaison vers Natal au Brésil.
Biscarosse était aussi la tête de ligne du premier service transatlantique d'Air France vers les États-Unis et les Antilles, assuré en hydravion.Pilote et marin
Aujourd'hui, pour passer la qualification hydravion, il faut être pilote et apprendre à être marin. Sur l'eau, l'hydravion se conduit comme un bateau, en tenant compte des vents et des courants.
La Direction générale de l'aviation civile prévoit la création de cent hydrobases en France, en fait en utilisant des plans d'eau déjà autorisés à la pratique du motonautisme. À New York, une hydrobase au bord de Manhattan est située sur l'East River, près de la 23e rue. De là à en voir une se créer sur la Seine à Paris, de l'eau peut couler sous les ponts...
L'hydravion ne se cantonne pas à une activité de loisirs et de pompier volant. Dans quelques jours au Salon du Bourget,
le constructeur français GECI International va annoncer le développement d'une version à flotteurs du Skylander, un bimoteur rustique capable de transporter vingt passagers ou du fret. Un marché de ce type d'hydravion de transport existe aux États-Unis et au Canada, mais aussi en Grèce et en Italie, ainsi que dans tous les pays insulaires comme l'Indonésie. Le premier Skylander est actuellement en construction à Chambley en Lorraine pour un premier vol prévu l'an prochain. Autre projet français, que Léonard de Vinci aurait pu imaginer,
l'Akoya de Lisa Airplanes, construit près de Chambéry, peut "atterrir" sur terre, sur l'eau et sur la neige. Une polyvalence jamais atteinte.