Le Parisien a écrit:
Transports : le futur tunnel ferroviaire de la Ligne Nouvelle Paris-Normandie crispe les villages
L’association « LNPN Oui, mais pas à n’importe quel prix » réclame le prolongement de la voie souterraine prévue sous la Seine pour ne pas impacter les habitants des villages concernés.
Par Frédéric Durand Le 7 mars 2024 à 11h34
L'association "LNPN oui, mais pas à n'importe quel prix" demande le prolongement du tunnel jusqu’au viaduc de Barentin (Seine-Maritime) pour préserver plusieurs villages. #PRESSE30
Un vieux serpent de mer a refait surface le 21 février à la salle communale de Fresquiennes (près de Rouen) devant plus de deux cents personnes. Initiée en 2009, la Ligne Nouvelle Paris-Normandie (LNPN) doit relier Paris Saint-Lazare au Havre via Mantes (Yvelines) et la nouvelle gare de Rouen Saint-Sever, le tout avec une section vers Caen et Cherbourg. Objectifs selon SNCF Réseau : « améliorer significativement la connexion ferroviaire de la vallée de la Seine grâce à de nouvelles capacités », à savoir une augmentation de la vitesse qui permettrait par exemple de gagner 4 minutes sur le tronçon Mantes-Evreux, en passant sur certains tronçons à 200 km/h, voire 250 km/h contre 120 km/h actuellement sur certaines parties. Mais aussi améliorer la qualité et la fréquence des trains.
Avec une mise en service à l’horizon de 2035 pour un coût de 4,3 milliards d’euros (valeur 2016) dont 50 % réglés par les collectivités locales, des tracés doivent être proposés cette année 2024. Alors que la plaquette promotionnelle vante un dialogue est régulier avec les élus et les services techniques des territoires normand et francilien concernés, des inquiétudes se font jour. Parmi elles, la construction d’un ouvrage de 1 km qui enjamberait la rivière Eure et causerait des dégâts sur le foncier. De son côté, l’association LNPN oui, mais pas à n’importe quel prix qui défend le territoire ouest de la Métropole Rouen Normandie sort d’une hibernation de quatre ans, car elle ne veut pas que le futur tunnel prévu sous la Seine pour la future ligne débouche n’importe où.
« Le prix humain risque d’être élevé »
La réunion publique a donc eu pour but d’informer la population sur le tronçon qui reliera Rouen Saint-Sever à Barentin (Seine-Maritime) via un tunnel qui passera sous la ville de Rouen et la Seine « pour déboucher selon les dernières cartes sur le plateau ouest et impactera les communes de La Vaupalière, Pissy-Pôville, Saint-Jean- du-Cardonnay et Roumare. J’aurais envie de dire que le prix humain risque d’être élevé pour les habitants de notre territoire », a déclaré
Josiane Lelièvre, président de LNPN oui, mais pas à n’importe quel prix ! Car, les tracés comme les sorties ne sont pas encore figés.
Ainsi, l’association veut absolument « que le tunnel se poursuive jusqu’au viaduc de Barentin. Ils peuvent passer quinze mètres sous nos terres agricoles. Il faut sauver nos villages et préserver les habitants », martèle Nicolas Octau, maire de Fresquiennes.
Une rencontre a ainsi eu lieu le 20 décembre à Pissy-Pôville entre les maires des communes concernées et la SNCF « pour discuter avec nous sur les ajustements même s’ils n’ont pas encore les financements et qu’ils ne disent pas grand-chose. En revanche, ce projet va rester pendant des années dans nos PLU (Plan local d’urbanisme) et bloquera le développement de certains villages. Dès maintenant, toutes les demandes de permis de construire partent en préfecture et sont bloquées. Cela fait dix ans que ça dure et nous n’avons toujours pas la possibilité de parler de compensation. Ce qui nous irrite, c’est de ne pas savoir, d’être dans le flou. On en apprend plus en ouvrant les journaux ou en allumant la télévision. C’est déloyal », clame Nicolas Octau.
Une enquête publique en 2025
Cependant, la secrétaire générale de La Vaupalière Isabelle Marlier, ex-vice-présidente de l’association, a déclaré avoir reçu des informations : « La SNCF avance fortement. Les études sont terminées et elle opterait pour la sortie du tunnel au Rousseuil sur la commune de La Vaupalière. Début mars, ils présenteront au Comité de pilotage (COPIL) et au comité technique les différentes variantes. Après, ils reviendront vers les maires et organiseront des réunions publiques en avril pour une concertation publique jusqu’en juin. Ils ont trois ou quatre tracés à proposer. Est-ce que cela veut dire que pour le tunnel, c’est acté ? En revanche, une seule option sera concernée pour l’enquête publique qui se déroulera à partir de la fin 2025. »
Pour le maire de Roumare, Jean-Paul Couillier, « le prix du kilomètre de tunnel est estimé à 90 millions d’euros et la voie normale à 20 millions d’euros. Pour protéger nos villages, c’est 350 millions d’euros. Qu’est-ce que c’est sur le budget global ? Il va falloir être tous solidaires pour que la LNPN ne sorte pas au milieu de notre territoire, mais au bout ».
Le Parisien