Desserte TGV de Poitiers : la bataille du rail
Déçu par les propositions de la SNCF, le président de la Région dénonce le coût du péage à verser au concessionnaire de LGV SEA. Le maire reste confiant.
En signant la convention relative à la desserte ferroviaire des gares de la région dans le cadre de la convention de financement de la LGV Tours-Bordeaux, en 2011, les représentants des collectivités locales pouvaient penser que cela revenait à graver dans le marbre le nombre d'arrêts de TGV à Poitiers, à Châtellerault et au Futuroscope. Il n'en est rien.
Si le document a bien été paraphé par SNCF Réseau (ex-RFF), il ne l'a pas été par SNCF Voyages. En entamant des discussions pour élaborer son plan de service de 2017, après la mise en service de la voie nouvelle, les représentants du transporteur national ont donc rapidement fait savoir qu'ils n'étaient pas liés par cette convention.
" Il y a un bug "
« Nous ne sommes pas du tout satisfaits par ce qui nous a été présenté en décembre, juste avant les vacances de Noël », explique Jean-François Macaire, le président PS du conseil régional de Poitou-Charentes. « Cela se traduirait par un quart, voire même un tiers, de TGV en moins dans les gares de Poitiers et d'Angoulême après la mise en service de la voie nouvelle au profit de trains directs entre Paris et Bordeaux. Ce n'est pas du tout dans cet esprit-là que les collectivités locales se sont engagées financièrement. »
Pour Poitiers, par exemple, cette première proposition faite à la Région représenterait une perte de 6 trains sur les 33 qui s'arrêtent actuellement chaque jour en gare. Les représentants de SNCF Voyages qui ont rencontré Jean-François Macaire pourraient avoir volontairement mis le curseur assez bas pour se ménager une marge de négociation.
Ils ont en tout cas réussi à mettre le président du conseil régional en colère. Ce dernier dénonce à présent « les conditions du partenariat public-privé qui a été conclu par Dominique Bussereau quand il était le ministre des Transports de Nicolas Sarkozy » : « Il y a un bug. Le montant du péage promis au concessionnaire privé Lisea pour le passage de chaque train est exorbitant ; cela rend très difficile la rentabilisation des trains. C'est bien simple, la logique de la SNCF est de faire circuler moins de TGV pour engendrer moins de déficit. Ce n'est pas réaliste. »
" Nous devrions arriver aux 33 trains par jour "
Alors que Jean-François Macaire propose d'organiser une « table ronde pour tout remettre à plat » dans l'espoir d'aboutir à un nouveau plan de service d'ici six mois, le directeur commercial de Lisea, Emmanuel Dalmar juge le coût du péage « cohérent avec ce qui est préconisé ». Pas question pour le représentant du concessionnaire privé d'en révéler le montant. Tout juste précise-t-il qu'il est « comparable à celui pratiqué sur la ligne Paris-Lyon » par SNCF Réseau. En l'occurrence, 24,50 euros du kilomètre.
Pas de quoi ébranler Alain Claeys, le député-maire PS de Poitiers : « Le temps de la négociation est tout à fait normal. Mais comme je l'ai déjà déclaré à Centre Presse en octobre, après avoir rencontré Barbara Dalibard, la directrice de SNCF Voyage, je suis très confiant sur l'issue ; nous devrions arriver aux 33 trains par jour. » Donc à une offre identique à la desserte actuelle. Voilà qui pourrait être de nature à rassurer le président de la Région.
a lire sur :
http://www.lanouvellerepublique.fr/Vien ... il-2177527