Sud Ouest a écrit:
Mardi 19 Mai 2009
LGV SUD ATLANTIQUE. Vice-président de la Région, Jean-Louis Carrère maintient que la Ligne à Grande Vitesse est d'« intérêt général ». En Euskadi, Madrid a décidé d'aller vite
En panne côté français, en accéléré côté espagnol
Jean-Louis Carrère : « Je suis conscient des difficultés, mais... »()
A la veille du sommet franco espagnol de Madrid (27 et 28 avril) le Landais Jean-Louis Carrère, vice-président PS de la Région Aquitaine, chargé des infrastructures vilipendait Michèle Alliot-Marie, opposée à la construction d'une LGV (Ligne à Grande Vitesse) en Pays Basque. « Si j'étais à Madrid disait-il, je veillerais au grain... » La Ministre de l'intérieur qui elle, participait au sommet de Madrid (où l'accent fut mis non pas sur la LGV Atlantique mais sur la LGV Méditerranée Perpignan-Barcelone) a effectivement pris position en faveur de l'aménagement de la ligne ferroviaire existante entre Bayonne et la frontière, option défendue par le cade (Collectif d'associations de défense de l'environnement). Ses réticences déplaisent souverainement au vice-président de la Région et à son président, Alain Rousset, qui déplorent l'« attitude négative » de l'élue basque sur le dossier LGV Bordeaux-Hendaye qui les prive d'un soutien ministériel au gouvernement.
« L'intérêt général »
« Je suis bien entendu conscient des difficultés indique Jean-Louis Carrère mais je ne voudrais pas voir des années d'efforts réduites à néant du fait du Ministre de l'intérieur. Je pense que si toutes les précautions nécessaires sont prises au niveau environnemental la liaison TGV Sud Europe Atlantique dans sa traversée du Pays Basque, nous permettra de nous projeter réellement dans l'avenir et de répondre à l'intérêt général que nous ne devons pas abandonner pour d'autres raisons plus immédiates ». En d'autres termes, Jean-Louis Carrère redoute que le projet d'ensemble subisse un coup d'arrêt mortel.
« Je ne voudrais pas que le débat actuel aboutisse à un non-projet du trafic voyageur sur la place de Bayonne lance pour sa part Jean-Jacques Lasserre, président du Conseil des élus. Le Pays Basque ajoute-t-il, a l'urgente nécessité de disposer d'un système mettant les voyageurs à 3 heures de Paris... Puisqu'on s'oriente sur un grand débat autour de la LGV dans sa traversée du Pays Basque, battons-nous sur l'arrivée de la Grande Vitesse à Bayonne qui ne doit en aucun cas nous échapper. N'oublions pas que nous sommes en concurrence avec d'autres régions ! »
250 km/en Euskadi
Situation contrastée de part et d'autre de la frontière. Côté français, incertitude totale sur l'avancée possible de la LGVSud Atlantique dont le financement n'est pas assuré. Outre Bidassoa, en dépit de la crise économique, la cadence s'accélère. L'arrivée du TGV Basque à la frontière est prévue pour 2012-2013. Vendredi dernier José Blanco, nouveau ministre espagnol des Travaux publics a apporté un coup de pouce au nouveau président du gouvernement d'Euskadi, Patxi Lopez, confronté aux mêmes difficultés que son prédécesseur : opposition d'un front écologiste très actif (le collectif AHT Gelditu) soutenu par les municipalités dirigées par la gauche abertzale interdite (Action Nationaliste Basque).
À cela s'ajoutent les menaces d'ETA (attentat mortel, attaques de chantiers) sur la ligne Vitoria-Saint-Sébastien-Bilbao (190 km, 60 % en viaducs et tunnels). Ce sera une ligne mixte (voyageurs - fret) avec vitesse maximale de 250 km/heure. Ce sera la plus « lente » d'Espagne.
Le ministre espagnol s'est aussi rendu à Pampelune où il a conclu l'accord que le président navarrais Miguel Sanz attendait depuis deux ans. La première pierre de la liaison Saragosse-Pampelune sera posée en 2010. La capitale de la Navarre sera reliée à Madrid et Barcelone et plus tard sans doute avec Euskadi.
Auteur : A.-M. B
G.E. a écrit:Dans le cas de la Suisse et du Luxembourg, ces 2 pays bénéficient à plein des LGV sans en construire chez eux. Leur contribution semble légitime, notamment au regard des villes frontières de Luxembourg, Bâle ou Genève.
L'Espagne mène un programme beaucoup plus ambitieux de LGV que la France, avec en tout cas une bien meilleure volonté. S'il devait y avoir un transfert financier, il devrait probablement aller de la France vers l'Espagne !
paul a écrit:Est-il prévu que les Espagnols participent (même symboliquement) au financement du SEA (a minima, au titre de Bordeaux Espagne, voire Bordeaux Tours)? Les Suisses financent bien le Rhin Rhône et les Luxembourgeois le TGV Est.
Paul
gavatx76 a écrit:d'un pays voisin et plus riche !
JMB a écrit:+1 Pas plus de raison pour les Espagnols de payer la LGV française, que pour les Français de payer la LGV espagnole.
eomer a écrit:N'oublions tout de même pas que les Français payent indirectement les LGV espagnoles via le FEDER. L'Espagne est, aujourd'hui encore, le premier bénéficiaire net de l'Europe alors que la France est le second net contributeur global (note: par habitant, on est encore très loin du Luxembourg et des Pays Bas): dans ces conditions, c'est facile de donner des leçons de maitrise des déficits et d'investissements dans les infrastructures.
Les seuls pays qui ont le droit de donner des leçons sont l'Allemagne et les Pays Bas dont on ferait bien de s'inspirer.
Enver a écrit:( n'oublions pas quand même que les pays sont libres d'utiliser les fonds européens comme ils l'entendent, et que la France a (eu) une fâcheuse tendance à ne pas utiliser toutes les sommes auxquelles elle a droit ! ... et que, comme il a été dit plus haut, nous avons la PAC ... )
LE JOURNAL DU PAYS BASQUE du 30/05/2009
Goizeder TABERNA
Le projet de Ligne à grande vitesse (LGV) déraille. Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, et Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports, ont co-signé une lettre destinée au préfet des Pyrénées-Atlantiques et au préfet de Région, leur ordonnant l'arrêt de toute réunion de concertation «au sud de Bayonne». L'existence de cette lettre a été révélée cette semaine.
Pas encore officiellement annoncée, cette décision a été accompagnée de l'abandon des études sur la création d'une nouvelle ligne à grande vitesse de Bayonne à la frontière avec le Gipuzkoa, la priorité pour Réseau Ferré de France de travailler sur celle existante et la recherche d'une autre traversée pour le fret.
«Depuis un mois, nous savions que Mme Alliot-Marie préparait une action contre ce projet», raconte Jean-Louis Carrère, premier vice-président du Conseil Régional d'Aquitaine chargé des Infrastructures, des Transports et de l'Intermodalité.
Arrêt du financement européen
«Et c'est un coup mortel pour la LGV», poursuit-il. «Tout le monde sait que quand on reporte quelque chose, c'est fichu. L'Etat français n'a pas d'argent pour dix LGV ; les Bretons vont passer avant nous», explique J.L. Carrère. Mais, ce qui l'inquiète le plus, c'est l'interruption du financement européen. Effectivement, le gel du projet de nouvelle voie «fait que nous n'allons pas assurer les délais et les fonds européens vont nous échapper».
Réseau Ferré de France (RFF) confirme cette crainte. «C'est sûr, les risques de perdre ce financement existent», assure Christian Maudet, chef de projet de RFF pour le tronçon Bordeaux-Hendaye de la LGV Sud-Europe-Atlantique. Cependant, il est plus nuancé que Jean-Louis Carrère, il ne s'agit pas de «l'enterrement complet du projet», selon lui.
En effet, les études sur la voie de chemin de fer existante sont poursuivies. L'avenir de ce projet dépend donc des résultats de ces études, et «des discussions entre l'Espagne et la France», précise Christian Maudet. Car, par cette décision, ce projet à dimension européenne est amputé. La LGV qui part du Portugal vers le nord de l'Europe serait interrompue une fois arrivée à Hendaye. Situation «invraisemblable» pour Jean-Louis Carrère qui compare l'action de Michèle Alliot-Marie avec de l'abus de pouvoir.
Périmètre d'étude déjà suspendu
Quoi qu'il en soit, les démarches pour définir le périmètre d'étude entre Bayonne et Hendaye étaient déjà au ralenti. Elles étaient suspendues depuis le mois d'avril, d'après Christian Maudet. «Le comité de pilotage avait arrêté tous les périmètres d'étude sauf au sud de Bayonne», explique-t-il, «car nous ne possédions pas tous les éléments pour le faire». Ainsi, il manquait de définir la desserte du Labourd.
Sujet polémique aussi bien parmi les élus que parmi les opposants à la LGV. L'élément déclencheur de ce revirement de situation est l'initiative de M. Alliot-Marie, selon le responsable de RFF, mais il n'exclut pas que l'opposition au projet ait influencé la ministre luzienne.
Risque des nationalistes
Jean-Louis Carrère voit les choses autrement : «N'est-ce pas l'opposition de Mme Alliot-Marie qui a encouragé les associations à s'opposer ?». Il explique, cependant, les arguments utilisés par les proches de la ministre de l'Intérieur : «ils soutiennent qu'il ne faut engager l'étude sur une nouvelle voie que si l'étude sur la voie existante démontre qu'elle est saturée. Mais cela revient à dix ans d'instruction ! Autant de retard cumulé !».
D'autre part, «sous le manteau, on parle de risque que l'on attribue aux nationalistes basques. Pourtant, nous avons porté ce projet avec les nationalistes modérés du PNV !», poursuit-il. «Personne ne le dit, mais l'ETA est l'argument utilisé en privé».
SUD OUEST du 03/06/2009
LIGNE À GRANDE VITESSE. La demande de la ministre de l'Intérieur d'arrêter les études de la LGV au Pays basque a provoqué la colère de nombreux élus, dont Alain Lamassoure
Alliot-Marie met la LGV sous tension
La ligne à grande vitesse confrontée à un Pays basque très urbanisé. (photo bertrand lapègue)
La ligne à grande vitesse confrontée à un Pays basque très urbanisé. (photo bertrand lapègue)
Lire aussi :
- Michèle Alliot-Marie : "Trouver un point d'équilibre"
- Dominique Bussereau/ /: "Procédure interrompue"
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C'est une véritable bombe que Michèle Alliot-Marie a lâchée ce week-end sur le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) entre Tours et l'Espagne. Une bombe de campagne électorale européenne, qui a aussi pris la forme d'un communiqué cosigné par le secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau. La ministre de l'Intérieur a invoqué des préoccupations environnementales et de préservation des paysages du Pays basque pour demander l'arrêt des études de la ligne ferroviaire à grande vitesse au sud de Bayonne. Ni plus ni moins.
« Incompréhensible »
Ce communiqué de la ministre doit être soumis à l'arbitrage du Premier ministre, François Fillon, qui ne semble pas, selon les premiers échos venus de Matignon, y trouver ombrage. Ce n'est évidemment pas le cas du président de la Région Aquitaine, Alain Rousset. Ce dernier a tenu des propos très durs envers Michèle Alliot-Marie, hier dans nos colonnes. Mais le député européen UMP Alain Lamassoure, lui aussi des Pyrénées-Atlantiques, est à peine moins fâché. « Je suis en colère, admet-il. Cette attitude est incompréhensible sur le fond et la forme. Cela fait quinze ans que l'on discute de ce dossier. Les élus du Pays basque se sont déjà exprimés lors d'un débat public en faveur d'une nouvelle ligne. »
Comme d'autres, Alain Lamassoure craint aussi que cette prise de position d'un ministre en exercice remette en cause ou retarde le projet. « Jamais le gouvernement et l'Europe ne se lanceront dans cette aventure si l'on ampute un morceau d'une ligne qui a une cohérence d'ensemble, notamment pour sa partie transfrontalière vers l'Espagne. La position de Michèle Alliot-Marie n'est d'ailleurs pas celle de l'UMP, ni, jusqu'à présent, celle du gouvernement qui a toujours soutenu ce projet. Aujourd'hui, il faut justement demander des études approfondies pour éviter d'abîmer le paysage du Pays basque au sud de Bayonne. »
Défigurer le paysage ?
Pour bien comprendre, il faut rappeler que cette future ligne grande vitesse concerne d'abord un tronçon entre Tours et Bordeaux pour relier Paris à Bordeaux en deux heures (lire calendrier par ailleurs). Puis, la ligne en question se couperait en deux. Une partie irait vers Toulouse. Et l'autre se dirigerait plein sud, en passant par Dax et Bayonne, jusqu'à Vitoria en Espagne. Pour les voyageurs comme pour les marchandises (fret). Michèle Alliot-Marie a donc pris soin de préciser qu'elle ne remettait pas en cause l'ensemble du projet mais réclamait un moratoire pour la création de cette ligne au Pays basque en attendant de démontrer sa nécessité.
« Il faut quand même d'abord être certain qu'une ligne à ciel ouvert, qui défigurerait le Pays basque, soit vraiment utile. Ce serait une folie de la faire passer à Urrugne ou Guéthary. Je ne vois pas comment c'est possible. La priorité est déjà d'aller jusqu'à Bordeaux et Bayonne. Pour le reste, cela peut attendre », explique le député UMP du Pays basque, Daniel Poulou, qui était le suppléant de Michèle Alliot-Marie.
672 millions de l'Europe
Le député européen de Bordeaux, Gilles Savary, considère, au contraire, comme Alain Lamassoure, que cette ligne correspond à une stratégie ferroviaire européenne pour limiter le trafic des camions. Le financement de l'Union porte d'ailleurs essentiellement sur la partie transfrontalière entre Dax et Vitoria, visée par Michèle Alliot-Marie. « Elle risque de voir les 672 millions d'euros débloqués à cet effet profiter exclusivement à la section espagnole et être réaffectés à d'autres projets. Elle veut condamner durablement les cols basques, ainsi que l'Aquitaine, au règne du tout camion », résume le député.
Le Parti socialiste girondin, par la voix de son premier secrétaire fédéral, Ludovic Freygefond, a évidemment critiqué « le caractère improvisé et irresponsable de cette décision », qui « a mis au grand jour les divisions de l'UMP ». Quant à Jean-Louis Carrère, vice-président du Conseil régional en charge des transports, il affirme que « Michèle Alliot-Marie n'est pas favorable depuis le début à une ligne à grande vitesse en site propre ». « Lorsqu'elle tient ces propos en étant ministre de l'Intérieur, c'est un abus de pouvoir. On sait très bien que cet axe sera saturé et que l'on a besoin d'une ouverture vers l'Espagne. La traversée du Pays basque est complexe. On doit justement étudier des passages enterrés et semi-enterrés. » Des propos sensiblement identiques à ceux d'Alain Lamassoure. La ministre de l'Intérieur aura, au moins, fait tomber des barrières politiques avec ses déclarations.
Auteur : Bruno béziat
b.beziat@sudouest.com
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