Sud Ouest du 14/12/06 a écrit:800 opposants à Captieux
LGV BORDEAUX-ESPAGNE. La dernière réunion de débat public, hier soir à Captieux, a permis de réaffirmer l'hostilité d'une population au projet ferroviaire.Quatre mois de débat public n'y ont rien changé. C'est avec la même détermination que près de 800 personnes ont affirmé hier soir à Captieux, leur refus de voir passer un train à grande vitesse sur leur territoire.
Les habitants du Sud-Gironde ont entrecoupé les propos des techniciens de Réseau ferré de France, au son des sifflets, de cornes de brume et même de clochettes de troupeaux. Viviane Durantau, maire de Captieux, s'étonna du fait que « ce canton si souvent oublié pouvait être à ce point convoité ».
Un élu en colère. Jean-Luc Gleyze, le conseiller général PS, a joué à l'élu candide pour démonter un à un les arguments d'Alain Prat, directeur régional de RFF et de son chef de projet, Christian Maudet, voulant faire de Captieux un noeud ferroviaire reliant Toulouse, Agen, Bayonne et l'Espagne : « Pour vous, nous ne sommes que des chiffres, des statistiques, des fuseaux et des cartes, mais vous oubliez qu'il y a des hommes et des femmes qui vivent dans ce pays (...). Vous êtes des intrus. Plutôt que de nous considérer comme une réserve d'Indiens, nous serons des Gaulois qui ne veulent pas que les Romains annexent notre canton. »
Les techniciens de RFF, impuissants à contrer l'ire populaire, assistèrent à un défilé de chasseurs brandissant des pancartes : « LGV comme Le Grand Verrouillage, La Grande Vadrouille, Le Grand Vacarme ». Henri Sabarot, président de la Fédération départementale de la chasse, devait se rallier à la cause commune : « Pour les technocrates que vous êtes, nos palombes ne ressemblent pas aux pigeons du jardin du Luxembourg. » Un représentant des Verts renverra à une lettre ouverte du maire de Pessac, cette autre réplique cinglante : « Si vous ne voulez pas d'un fuseau dans votre ville, ce n'est pas une raison pour le repousser chez les autres. »
Anziani chahuté. Jusqu'à mettre en cause l'équité d'un débat qui ne permet pas d'accéder à tous les documents de synthèse, François Deluga, conseiller régional et Marie-Hélène des Esgaulx, députée, ont demandé une fois de plus à Pierre Chaussade, président de la commission particulière du débat public, un report d'un à deux mois de la clôture du débat public. Bernard Bouic, président de l'ACCA de Captieux pouvait bien chanter la complainte du « pauvre plouc », sur un air de gasconnade.
L'épilogue de l'assemblée vint certainement au moment où Alain Anziani, vice-président du Conseil régional, réclama la parole. Laissant entendre que l'on pouvait sans doute émettre un avis différent, la salle ne lui en laissa guère l'occasion. Captieux ne veut pas voir passer des trains qui ne s'arrêtent jamais. Les vaches finiraient par lui tourner le dos.
Pierre Lascourrèges