Effectivement, le scénario médian est privilégié. Au rythme actuel, on peut espérer un début des travaux après 2035, si tout suit.
J'ai quelques doutes sur les gains de temps de parcours sur Paris - Lyon et au-delà dans la mesure où le branchement de la ligne nouvelle sur Lyon n'est pas défini. Or, c'est à cet endroit que pourront être gagnées ou perdues de précieuses minutes, et gagnées ou perdus de précieux milliards. Comment définir un coût crédible dans ces conditions ?
Sur les aspects financiers de la page 9, il y a des imprécisions, sans doute dues au format de la présentation et au mode de travail de RFF peu axé sur la transparence. Il y a certes des experts qui travaillent sur le dossier, mais uniquement sur des aspects bien défrichés méthodologiquement comme les relations ville à ville et l'estimation socio-économique (laquelle fait l'objet d'un cadrage). Si la méthodologie pose peu de problèmes dans ses principes s'agissant des LGV, elle ne peut fonctionner avec des informations fausses ou non suffisamment justifiées.
Par exemple :
- Les coûts sont donnés aux conditions de 2010 (4 ans de différence !), ce qui implique une nette sous-évaluation étant donnée la dérive actuelle en la matière. Une comparaison avec le coût actuel de la LGV SEA avec un parcours bien moins vallonné achève de convaincre sur le caractère fantaisiste des coûts donnés.
- La différence estimée à 1 milliard entre les 2 variantes, déjà faible, est non significative à ce stade du projet compte-tenu de toutes les incertitudes. Elle ne peut donc servir de critère sérieux pour choisir une des deux variantes. D'ailleurs, les valeurs données pour le coût total sont-elles une moyenne des sous-variantes ou, comme il est d'usage en comptabilité, des valeurs plutôt prudentes afin d'éviter des mauvaises surprises ?
- Le TRI est à peine supérieur à 3,6 % (4,4 % ou 5,1 %) compte-tenu des incertitudes. Dans la mesure où la LGV se retrouvera en concurrence avec d'autres projets plus rentables pour la collectivité, cette valeur apparaît très faible pour envisager sa réalisation de façon crédible. Il faudra assurément un fort soutien politique si le projet survit d'ici là.
Plutôt que de sortir des bribes d'études sur d'hypothétiques jumelages d'infras, RFF ferait mieux de creuser son dossier avec des variantes plus poussées assorties d'estimations financières réalistes, ce qui manque terriblement à ce stade. La stratégie actuelle est clairement de faire patienter alors qu'il y a une décision de fond à prendre. Si le projet se fait, autant l'appuyer par des études crédibles qui prennent en compte des coûts et un financement réalistes. S'il ne se fait pas, autant éviter de gaspiller les crédits publics en études stériles et éviter la folle dérive actuelle.
Pour mémoire, le rapport LOTI sur la LGV Méditerranée montre à quel point il faut être prudent avec la méthodologie :
http://www.rff.fr/public/force_download ... 072008.pdf