Transport ferroviaire
L’urgence du désenclavement du Limousin
Limoges Transport
Publié le 12/04/2017 à 14h31
Michel Delebarre remettra son rapport sur l'accessibilité en Limousin au ministre des Transports avant le premier tour de la présidentielle. Selon des observateurs, il faut s’attendre à une savante synthèse…
En annulant la déclaration d’utilité publique de la ligne à grande vitesse Limoges-Poitiers, le Conseil d’Etat a rejeté trente ans en arrière le dossier d’accessibilité du Limousin et plus largement de tous les territoires situés au sud de Brive-la-Gaillarde. Car si nombre d’observateurs estiment que « tout le travail fourni ne l’a pas été en vain », il faut bien reconnaître que rarement les perspectives n’ont été si peu dégagées pour le désenclavement de la région… Et ce même si la ligne Polt va connaître pour un milliard d’euros de travaux dans les mois à venir.
LGV Limoges-Poitiers : vers de nouvelles hypothèses ? :
http://www.lepopulaire.fr/limoges/trans ... 23529.htmlEn reprenant à l’envi les propos volontaristes de François Hollande tenus lors d’une visite en Corrèze en octobre, les plus optimistes et ses fidèles, ont vu la volonté présidentielle de sortir de l’ornière ce dossier avant la fin du quinquennat.
Les autres craignent que cette nouvelle mission finisse dans un tiroir à l’aube d’un changement de gouvernement avec le sentiment d’un nouvel effet d’annonce sans lendemain.
Que faut-il donc attendre du rapport de Michel Delebarre, le sénateur du Nord ? Nombre de ceux qui l’ont rencontré et ont exprimé leur point de vue, estiment que ce rapport sera multimodal, mêlant rail, route et avion.
Michel Delebarre, lors d’un entretien qu’il nous a accordé l’avait précisé : « J’essaie de voir comment entre l’aérien, le routier et le ferroviaire on peut trouver des modalités de complémentarités qui soient astucieuses ».
Cette opération, pas loin d’être celle de la dernière chance, il faudra bien que le prochain gouvernement finisse par s’en emparer.
En Limousin et même au-delà, on s’est activé afin de faire passer des messages à celui qui fut ministre des Transports sous François Mitterrand. « J’ai l’impression que ce milieu a encore envie de s’exprimer mais en précisant bien que c’est la dernière fois qu’ils s’expriment. » A bon entendeur.
Relancer une déclaration d'utilité publique divise
Le débat a rejailli lors du deuxième comité de pilotage de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse. Faut-il relancer une déclaration d’utilité publique (DUP) sur le même principe que la précédente et que le Conseil d’Etat a annulé ?
Nombre d’observateurs et d’intervenants dans le dossier s’étonnent du travail effectué par les fonctionnaires qui ont monté le dossier. Certains parlent même de « faute professionnelle », de « dossier ni fait ni à faire » « voué à l’échec avant même d’être examiné ».
Désormais deux thèses s’affrontent : l’abandon pur et simple de ce tracé déjà retoqué pour des tracés alternatifs et ceux qui pensent qu’il est encore possible de relancer une DUP « bien ficelée ».
Avenir. La ligne LGV Paris-Orléans-Clermont-Lyon doit soutenir la ligne Paris-Lyon existante qui arrivera à saturation d’ici 2035.
Alain Rodet, député de la Haute-Vienne pour encore quelques jours et ancien maire de Limoges, avait déclaré « il ne faut pas considérer la décision du Conseil d’Etat comme une mise à mort. Il faut continuer à se battre pour le barreau ». Et de renvoyer les autres tracés avancés par ailleurs à de fumeuses théories. « Le Pocl ne se fera jamais ! » avions-nous relayé.
Jean-Claude Sandrier, président de l’association Urgence ligne Polt avait peu goûté cette idée. « Je trouve qu’on reste sur des arguments qui datent un peu et ne prennent pas en compte la réalité d’aujourd’hui », avait-il déclaré.
Quant à Frédéric Cueille, représentant CGT, il estime qu’« aujourd’hui, ce n’est pas le sujet. La décision a été prise d’abandonner ce projet, de rénover l’axe historique et de travailler à autre chose, qui pourrait irriguer l’Auvergne et le Limousin ».