Les Echos a écrit:Fret : la SNCF attendue après le regain d'ambition affiché par l'Etat
[ 17/09/09 ] 1 commentaire(s)
Le gouvernement a dévoilé hier son plan de relance du fret ferroviaire, avec à la clef 7 milliards d'euros d'investissements. Pas suffisant pour rassurer les syndicats de la SNCF, en passe de restructurer son pôle fret.
Des plans pour sauver le fret, la SNCF en a déjà fait trois en moins de dix ans, avec un succès pour le moins limité. Visiblement soucieux de se démarquer sémantiquement, le gouvernement a vanté, hier, l'importance de son « engagement national pour le fret ferroviaire », perçu comme une des dernières chances afin de stopper le déclin des trains de marchandises en France. « Il est vital de développer le fret si on veut pouvoir remplir les objectifs du Grenelle de l'environnement » et réduire l'émission des gaz à effet de serre « qui sont une catastrophe », a martelé hier Jean-Louis Borloo.
Cette ambition a un coût : 7 milliards d'euros d'investissements, que l'Etat entend engager d'ici à 2020. « Le président et le Premier ministre m'ont dit banco ! », assure le ministre. Ces sommes iront vers des projets, pour la plupart dans les tuyaux depuis déjà quelques années et qui doivent permettre de faire émerger le « fret de l'avenir ». Parmi les mesures les plus emblématiques figurent notamment les autoroutes ferroviaires, le TGV fret ou bien encore le contournement ferroviaire de grandes métropoles (lire ci-dessous). « Nous voulons ainsi faire passer la part des transports de marchandises alternatifs à la route de 14 % aujourd'hui à 25 % en 2022 », souligne Jean-Louis Borloo. Le ministre se montre moins précis quand il s'agit de confirmer si ces sommes seront financées ou non par le grand emprunt national. « C'est une autre question », s'est-il borné à répondre.
Efforts de compétitivité
Cet « engagement » étatique intervient un peu moins d'une semaine avant l'annonce par la SNCF, le 23 septembre, de son propre plan destiné à redonner de la compétitivité à son pôle fret, lourdement déficitaire. « C'est de l'habillage gouvernemental, cela sert à masquer le véritable sujet qui reste la restructuration lourde qui se prépare », juge un expert ferroviaire. La compagnie ferroviaire veut en effet réduire de 60 % environ son offre de wagons isolés (des trains transportant des lots de plusieurs clients), qui occasionne chaque année de lourdes pertes. Ce projet pourrait entraîner la suppression de 4.000 à 6.000 postes dans le pôle fret, avec des reclassements en interne à la clef. La SNCF - qui devrait par ailleurs investir 1 milliard d'euros dans des projets innovants dans les cinq années à venir - songe également à créer des filiales de droit privé pour certains segments de marché spécifiques.
« Les projets gouvernementaux ont un intérêt, mais ils ne peuvent justifier la casse de l'existant », a réagi Didier Le Reste, le secrétaire général de la CGT-cheminots, qui avait réuni hier plusieurs centaines de cheminots dans un établissement SNCF de Drancy (Seine-Saint-Denis). Les syndicats ont commencé à faire monter la pression, avec le dépôt la semaine dernière de deux « alarmes sociales » (l'une par le trio CGT, Unsa, CFDT-FGAAC, l'autre par SUD-rail), qui peuvent potentiellement déboucher sur une grève. « Vu l'importance de la réforme voulue par la direction, je ne vois pas comment on pourrait éviter un mouvement social », estime un syndicaliste. D'avance, Jean-Louis Borloo a placé la compagnie ferroviaire devant ses responsabilités. « Le plan du gouvernement, ça ne doit pas être un faux-fuyant pour la SNCF, qui doit faire des efforts de compétitivité », a assuré le ministre.