. A noter la conclusion qui ne semble pas vraiment aller dans le sens actuel...
LibéMarseille a écrit:La ligne à grande vitesse (LGV) divise la région Paca
Par où passerait la future LGV (Ligne à Grande Vitesse), qui, si elle se fait, doit désenclaver Nice après 2020 ?
Pour l'instant, la ligne TGV venant de Paris s'arrête à Marseille.
Pour sa prolongation, Réseau Ferré de France (RFF) doit rendre le résultat de ses études complémentaires le 10 juillet, charge ensuite pour le gouvernement de trancher.
Et le suspens prévaut depuis que, fin avril, le Préfet de Région, Michel Sappin, a contredit le Président Sarkozy, en annonçant qu'il en pince pour le tracé le plus direct, entre la gare TGV de l'Arbois, à Aix-en-Provence, et Nice, via un itinéraire longeant l'autoroute A8 par le centre-Var.
Le représentant de l'Etat va ainsi à l'encontre du souhait des maires UMP concernés qui, à Marseille et Toulon, penchent pour une desserte en chapelet de leurs villes le long de la côte.
Mais ce tracé dit des métropoles allonge le temps de trajet et coûte beaucoup plus cher : autour de 7 milliards d'euros, contre 5,1 à 5,65 milliards pour le tracé direct. La différence peut atteindre 2,5 milliards, selon le Préfet.
Le scénario dit des métropoles était jusqu'ici baptisé « de référence » par RFF.
On avait même cru l'affaire pliée dès 2005 quand Christian Estrosi, alors ministre de l'Aménagement du Territoire (et devenu, en mars, maire de Nice), affirmait péremptoirement que ce tracé était quasiment retenu.
De son côté, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin (UMP) disposait d'un appui de poids avec Nicolas Sarkozy, qui lui écrivait, le 6 mars, avant les municipales :
« Cher Jean-Claude (...). Le scénario de référence est celui de "la ligne des grandes métropoles". Au-delà des questions techniques qui pourront se poser, ce tracé a ma préférence, parce qu'il serait impensable que l'"arc latin" appelé à relier Madrid à Rome laisse Marseille à l'écart. »
Mais le Préfet a depuis désavoué le Président et Jean-Claude Gaudin s'insurge :
« Sacrifier les populations des métropoles de Marseille et de Toulon à la rapidité du tracé de la LGV Paca serait une erreur lourde de conséquences, une nouvelle démonstration de la vision centralisatrice qui a fait tant de mal à la France. »
Il vivrait cela comme une défaite personnelle, surtout que son adversaire aux municipales, Jean-Noël Guérini (PS), le défiait dans Libération, le 9 février :
« Le candidat UMP doit donner la certitude, avant les municipales, que la ligne à grande vitesse (LGV) aura une gare à Marseille. Moi, je dis qu'elle sera contournée et que la LGV ira directement à Nice, ce qui sera une catastrophe pour la ville. »
Guérini était bien informé. Mais est-ce si catastrophique ? Pas sûr.
« Dire que ne pas faire le tracé des métropoles marginaliserait Marseille et Toulon, c'est idiot », affirme Jean-Marc Coppola, élu PC à la Région.
Son collègue PC Joël Canapa estime qu'il y a dans la préférence des maires surtout « des questions de pur ego, du type "moi, je veux ma gare"... »
Les élus communistes demandent au Préfet, dont ils supportent le choix, de créer une « commission indépendante d'experts » pour juger du bon tracé.
Le Préfet a expliqué son choix à l'Hebdo, le 4 juin : outre la question du coût, l'objectif primordial est de réduire le temps de trajet entre Paris et Nice, afin de concurrencer l'avion.
Avec l'option directe, on voyagerait en 3h30 environ, contre 4h si on dessert Marseille et Toulon, et 5h33 actuellement.
Le tracé dit des métropoles, qui rencontre une vive opposition dans le Var, impliquerait aussi de construire une nouvelle gare marseillaise dans le quartier de la Blancarde.
Coûteux et inutile, alors que les Marseillais peuvent se rendre à la gare TGV d'Aix-L'Arbois, selon le Préfet :
« Marseille a déjà deux gares TGV, Saint-Charles et l'Arbois... qui est moins éloignée du Vieux-Port que l'aéroport de Marignane. »
Il a raison, sauf sur un point : comment se rend-on à la gare de l'Arbois ? En voiture, uniquement. Il faudrait réaliser une liaison ferroviaire, à Marseille et Toulon, pour relier les gares TGV, afin que les deux métropoles ne se sentent pas délaissées.
Mais la région Paca a-t-elle besoin d'une LGV ?
Lors du débat public, en 2005, les habitants ont d'abord demandé un réseau régional ferroviaire digne de ce nom, car ils souffrent tous les jours des carences de la SNCF en matière de TER.
Autre interrogation : sachant que l'Etat se désengage du financement, la Région peut-elle se la payer ?
La LGV reviendrait à 60 euros par an et par habitant pendant trente ans, selon la commission de débat public.
Ou à rien du tout, si le gouvernement décide de ne pas la faire.
MICHEL HENRY