Le projet de TER entre Orléans et Châteauneuf-sur-Loire avancePublié le 04 mai 2010 - 00:53
Le terminus de la ligne, s'il est placé à Orléans et non aux Aubrais, nécessite de créer une sixième voie dans la gare d'Orléans. (Photo : Gérard Bézard)
La ligne ira d'emblée jusqu'à Orléans, ou peut-être Fleury-les-Aubrais, sans premier tronçon provisoire jusqu'à Saint-Jean-de-Braye. L'ouverture est prévue en 2016 ou 2017. Bien des questions restent à régler.
Le projet de créer un train express régional (TER) entre l'agglomération d'Orléans et Châteauneuf-sur-Loire, à l'horizon 2016-2017, se précise.
Le tracé définitif est encore loin d'être arrêté, mais deux choses semblent d'ores et déjà acquises, selon les conclusions de l'étude préliminaire menée par Inexia, une filiale de l'entreprise Réseau ferré de France (RFF), qui ont été présentées aux élus concernés en janvier.
Un : la ligne ne fera pas l'objet d'un premier tronçon provisoire jusqu'à Saint-Jean-de-Braye ; elle ira d'emblée jusqu'à la gare d'Orléans, ou peut-être jusqu'à la gare de Fleury-les-Aubrais. Deux : une partie seulement des passages à niveau sera supprimée. L'État souhaitait les éliminer tous, pour des raisons de sécurité, mais cela nécessitait des travaux très onéreux qui risquaient de compromettre la faisabilité financière du projet.
Bien des questions, pour autant, restent à régler, en concertation avec les élus.
Le lieu du terminus, en premier lieu, n'est pas encore tranché, entre les gares d'Orléans et des Aubrais. « L'étude d'Inexia montre que 75 % des personnes intéressées par le train à l'est d'Orléans préfèrent un terminus à Orléans », indique Daniel Tournez, le président de l'association Star 45, qui milite depuis 2005 en faveur de la réouverture de la ligne.
Terminus à Orléans : pas de pont Le choix d'Orléans semble tenir la corde dans cette perspective. Et, bonne nouvelle, il soulève moins de difficultés que prévu, selon l'étude d'Inexia : il ne serait pas nécessaire de construire un pont, comme cela avait été envisagé pendant un temps, pour permettre au TER de couper la ligne Paris-Vierzon. Mais cette solution suppose quand même de créer une sixième voie, dite « H », à l'intérieur de la gare d'Orléans. Le terminus aux Aubrais, pour sa part, poserait moins de problèmes techniques. « Aucune hypothèse n'est écartée », indique Loïs Lamoine, le maire (PS) de Châteauneuf-sur-Loire.
La localisation précise des gares et des points d'arrêts intermédiaires, en deuxième lieu, n'est pas finalisée. « L'étude a défini un périmètre d'implantation autour des gares existantes, précise Loïs Lamoine. Nous ne savons pas si la gare de Châteauneuf-sur-Loire sera au sud ou au nord de la ligne. La gare, de toute façon, ne restera pas telle qu'elle est aujourd'hui. Il faudra très probablement la refaire. » Le TER desservirait par ailleurs les villes de Saint-Denis-de-l'Hôtel, Mardié, Chécy et Saint-Jean-de-Braye. Le maire de Saint-Denis-de-l'Hôtel ne souhaite pas changer l'implantation de la gare actuelle. Mais il n'en va pas de même partout.
Une correspondance quai à quai Deux stations sont envisagées, notamment à Saint-Jean-de-Braye, à la demande de la ville et de la communauté d'agglomération d'Orléans (AgglO). Un simple arrêt serait créé au niveau de la station de tramway située rue d'Ambert, à la limite d'Orléans, avec un quai central, pour permettre une correspondance quai à quai entre le train et le tram. Une gare verrait également le jour devant la halle des sports, à côté du lycée Jacques-Monod et à proximité du pôle d'échanges entre le bus, le tram et le réseau interurbain de cars situé à une centaine de mètres. Ce choix implique toutefois de doter la gare d'installations en faveur des personnes à mobilité réduite (ascenseurs, escalators), car la voie est surélevée. « Nous l'avons proposé parce que le lycée accueille 1.400 élèves aujourd'hui. Mais 80 % des lycéens ne sont pas de Saint-Jean-de-Braye. Ils viennent en particulier de l'est orléanais », explique David Thiberge, le maire (PS) de la ville.
Les modalités de complémentarité entre le tram et le TER, en troisième lieu, donnent encore lieu à discussion. La ville de Saint-Jean-de-Braye a relancé l'hypothèse d'un tram-train, mais cette solution est controversée (lire ci-dessous).
Le conseil régional, porteur du projet, a constitué un groupe de pilotage avec toutes les parties concernées pour résoudre ces questions. Et il a demandé à Inexia de réaliser des investigations complémentaires, dont les résultats seront connus d'ici à l'été.
« Vingt-neuf minutes, c'est bien, mais limite »« Nous avons deux priorités : que la ligne rouvre, et qu'on puisse la faire rapidement et à un coût raisonnable », explique Daniel Tournez, le président de l'association Star 45, qui a été créée en 2005 pour défendre la création d'un train express régional (TER) entre Orléans et Châteauneuf-sur-Loire, puis, au-delà, jusqu'à Montargis et Gien. « Tout ce qui est coûteux ne fait que retarder le projet », souligne-t-il.
L'association est soulagée, de ce point de vue, de la décision de l'État de ne pas supprimer tous les passages à niveau, car cela risquait de compromettre la faisabilité financière du projet. Mais elle s'inquiète des conséquences financières de la création d'une voie supplémentaire dans la gare d'Orléans, et surtout, de la création d'une gare en centre-ville de Saint-Jean-de-Braye, où la voie est surélevée. Cette demande de la ville et de l'AgglO nécessite, en effet, de prévoir des ascenseurs et des escalators pour permettre aux personnes à mobilité réduite d'accéder à la station. « Si cela ne pénalise pas le projet ou si l'AgglO prend en charge la gare, pourquoi pas ? Mais il ne faut pas pénaliser non plus le projet en terme de temps de trajet, ajoute Daniel Tournez. Vingt-neuf minutes pour aller d'Orléans à Châteauneuf-sur-Loire, c'est bien, mais c'est limite. Il ne faut pas aller au-delà. Sinon, les gens préféreront prendre leur voiture. Notre objectif, derrière, est l'évolution vers Montargis et Gien. Si on se plante en terme de temps dans la première tranche, ce n'est même pas la peine d'envisager la suite. »
L'hypothèse d'un tram-train relancée ?David Thiberge, le maire (PS) de Saint-Jean-de-Braye, a demandé au conseil régional d'étudier la faisabilité d'un tram-train sur la ligne Orléans-Châteauneuf-sur-Loire. Celui-ci roulerait sur les voies du tram entre Orléans et Saint-Jean-de-Braye aux heures voulues par la région, sans s'arrêter nécessairement dans toutes les stations, et rejoindrait ensuite, à grande vitesse, les villes de Chécy, Mardié, Saint-Denis-de-l'Hôtel et Châteauneuf-sur-Loire.
« Cela permettrait de relier plus facilement le réseau de l'est orléanais au réseau de l'AgglO et d'utiliser les infrastructures existantes », explique David Thiberge.
Cette solution, toutefois, n'est pas sans inconvénients. Elle ne desservirait pas la gare d'Orléans, dans la mesure où le tram passe en centre-ville et s'arrête à quelques centaines de mètres de la gare (place Halmagrand).
Cette hypothèse éviterait de rénover la voie SNCF entre Orléans et Saint-Jean-de-Braye, mais ne serait pas nécessairement moins onéreuse. Elle suppose en effet que la ligne soit électrifiée jusqu'à Châteauneuf-sur-Loire.
« Je suis très surpris », déclare Loïs Lamoine, le maire (PS) de Châteauneuf-sur-Loire, qui n'est pas contre le tram-train en soi, mais considère qu'il est « trop tard » : « L'idée du tram-train a été évacuée par l'AgglO elle-même il y a longtemps. Il aurait fallu anticiper. » Même son de cloche auprès de Daniel Tournez, le président de l'association Star 45 : « On a évoqué l'hypothèse du tram-train, on l'a proposée, mais l'agglomération ne l'a pas retenue. Elle a voulu son tram. C'est trop tard maintenant. Et cela ne ferait aucune économie supplémentaire, au contraire. »
RepèresUn temps de trajet de 29 minutes
Le train mettrait 29 minutes pour relier Orléans et Châteauneuf-sur-Loire, selon l'étude d'Inexia. La fréquence envisagée est d'un train toutes les demi-heures aux heures de pointe, et d'un train toutes les heures aux heures creuses.
Un coût de 80 millions d'euros
Le coût de la réouverture de la liaison ferroviaire entre Orléans et Châteauneuf-sur-Loire coûterait 80 millions d'euros, selon l'étude préliminaire d'Inexia, en incluant la rénovation de la voie pour permettre aux trains d'atteindre la vitesse de 100 km/h, la création des gares et l'achat du matériel roulant, mais hors suppression ou transformation des passages à niveau. Le déficit d'exploitation de la ligne atteindrait 3,5 millions d'euros par an les premières années.
Comité de pilotage du projet
Le conseil régional, porteur du projet, a constitué un comité de pilotage chargé d'examiner les modalités de la complémentarité entre le TER et la deuxième ligne de tram de l'agglomération d'Orléans, la localisation des gares et les dessertes à envisager. Il associe les communes de Châteauneuf-sur-Loire, Chécy, Mardié, Saint-Jean-de-Braye, la communauté d'agglomération Orléans-Val de Loire (AgglO), le conseil général et l'association Star 45.
Jacques Chavanes