La Vie du Rail a écrit:La grande vitesse va financer les Corail
Le gouvernement va mettre en place un fonds de péréquation similaire à celui qui existe dans
l’aérien pour financer les liaisons ferrées Corail Intercités et les trains de nuit déficitaires. Ces
liaisons seront considérées comme des lignes d’aménagement du territoire. Un scénario qui convient
parfaitement à la SNCF. Aujourd’hui, celle-ci organise déjà une péréquation entre ses lignes
rentables et celles qui sont déficitaires. « Mais cette péréquation est interne à ses comptes. Le déficit
des Corail et des trains de nuit est tel (une centaine de millions d’euros par an environ) qu’un conseil
d’administration ne peut pas autoriser la SNCF à investir dans cette activité », explique un proche du
dossier. L’Etat va donc externaliser ce fonds de péréquation, qui sera géré par l’Agence de
financement des infrastructures de transport de France (Afitf). Il sera alimenté par une contribution
sur les billets de train Grandes Lignes. « Sans hausse de prix des billets », assure le secrétariat
d’Etat aux Transports. Avec l’ouverture du marché ferroviaire international de voyageurs, le
13 décembre, d’autres opérateurs pourront acheminer des passagers sur le territoire français. Ils
seront donc taxés au même titre que la SNCF pour participer au fonds de péréquation. Un audit va
être mené pour déterminer les liaisons Corail Intercités et les trains de nuit éligibles à ce fonds ainsi
que le montant de la contribution. L’Etat et la SNCF signeront, au plus tard le 30 juin 2010, une
convention pour l’exploitation de ces lignes. Selon Jean-Pierre Farandou, le patron de SNCF
Proximités, une quinzaine de lignes pourraient être concernées. Elles nécessiteraient quelque
170 millions d’euros annuels, en prenant en compte les investissements nécessaires au
renouvellement du matériel roulant. Ce matériel arrive en effet en bout de course. On estime qu’il
faudrait entre 1,5 et 2 milliards d’euros pour assurer son renouvellement. Pour le financer, une
société du type « rosco » (Rolling stock operating company, location de matériel à des exploitants)
devrait être mise en place. Elle achètera le matériel roulant, puis le louera à la SNCF et peut-être
plus tard à d’autres opérateurs. « Peut-être louera-t-elle aussi un jour les TER », ajoute-t-on au
secrétariat d’Etat, qui précise : « Il faudra certainement un petit texte de loi pour créer cette rosco ».
Pour trouver de l’argent, plusieurs pistes sont envisagées : soit une contribution sur les billets de
TGV, dont le prix, dans ce cas, pourrait augmenter. Soit, ce qui paraît moins probable, une dotation
budgétaire. Les opérateurs concurrents de la SNCF, Veolia Transports en tête, ont déjà fait savoir
qu’ils souhaiteraient se porter candidats à l’exploitation de ces lignes Corail. « Pour l’heure, la Loti
donne un monopole à la SNCF sur les liaisons domestiques », rétorque-t-on au secrétariat d’Etat aux
Transports, tout en reconnaissant qu’à long terme tout est possible : « Le comité du sénateur
Grignon rendra ses conclusions en avril sur l’ouverture à la concurrence dans le TER. Peut-être
pourront-elles un jour être transposées aux Corail. »
Marie-Hélène POINGT
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