Un article de Midi Libre qui flatte la région, un de ses principaux annonceurs.
Rendons à chacun ce qui lui revient :
- La ligne Nîmes - Montpellier est saturée. Le cadencement a provoqué la suppression de plusieurs semi-directs et leur remplacement partiel par des omnibus. Moins de trains en pointes (contrairement à ce que dit l'article, cf. Nîmes - Montpellier le matin) et plus d'arrêts provoque mécaniquement un meilleur remplissage dans des trains déjà bien pleins. Il y a une erreur grave de conception à ce niveau là car sur l'ensemble de la région, le Conseil Régional a décrété que le cadencement ne s'accompagnerait pas de création de trains. On a donc assisté à un redéploiement plus ou moins heureux.
- La SNCF freine des quatre fers pour que la mesure à 1 € ne soit pas généralisée sur l'axe littoral. On peut la comprendre car déjà des voyageurs sont debout entre Sète, Montpellier et Lunel... Les relations avec la région sont très très tendues. Si on regarde dans le détail ce qu'il se passe sur la ligne pionnière Nîmes - Grau-du-Roi : il y a bien des trains aux heures de pointes mais ceux qui existaient le dimanche et en heures creuses sont devenus systématiquement des bus. Il est donc impossible d'aller à la mer depuis Nîmes un dimanche avec la SNCF dans des temps raisonnables. Magie des économies et détérioration du service !
- La Région Languedoc-Roussillon avait fait un achat de rames quand Frêche est arrivé au pouvoir. Pour avoir connu la situation il y a quelques années, on revenait de loin. Hélas, la commande de matériel a porté sur des AGC sous-capacitaires pour l'axe littoral. De fait, ces trains circulent systématiquement en unités doubles ou triples... Si une commande doit être lancée, il faut prévoir des automoteurs à 2 étages comme en PACA ou se rapprocher de l'éventuel appel d'offres pour des trains intercités à un niveau mais plus longs que des automoteurs.
Dans tous les cas, avant de généraliser la mesure à 1 € sur le littoral, il faut que la ligne nouvelle soit construite et que du matériel capacitaire et adapté aux missions soit commandé. La région a donc 5 ans devant elle, ce qui est court !
La ligne libérée accueillera 3 types de trafic voyageurs.
- Desserte périurbaine autour de Montpellier.
- Desserte urbaine entre Nîmes et Narbonne.
- Desserte longue distance entre Avignon / Marseille et Perpignan / Toulouse.
A l'heure actuelle, la saturation amène de nombreux désagréments. Pour prendre un exemple, les voyageurs faisant Lunel - Montpellier voyagent debout. On se doute que certains (beaucoup ?) ne payent pas mais comment les blâmer ? Même les contrôleurs ont démissionné sur ce segment (aucun contrôle vu en 5 ans dans le sens Lunel - Montpellier !). De fait, il y a des problèmes d'inconfort voire d'insécurité. Pour s'en rendre compte, il faut prendre le train mais ceux qui écrivent les articles ou prennent des décisions ne le font vraisemblablement pas, sans quoi l'analyse serait plus réaliste.
Midi Libre a écrit:Languedoc-Roussillon Les trains régionaux victimes de leur succès
Depuis les nouveaux horaires, "les trains sont davantage remplis, voire saturés", déplore la Fnaut, fédération d’usagers. (FRANCK VALENTIN)
Fréquentation en hausse, lignes surchargées. C’est dans ce contexte que s’élabore la généralisation du train à 1 €.
Dans le local à vélos, pour respirer, il faut mettre la tête dans le guidon... N’était le soleil, c’est ambiance métro parisien. On quitte la gare de Montpellier. 16 h 50, vendredi 20 janvier. Le TER file vers Port-Bou. À ceux qui voyagent comme des sardines, un agent susurre : "On est les premiers embêtés. Dans le TGV, la règle c’est maximum 40 clients de plus par rame. En TER, c’est tant qu’il en rentre. Chaque vendredi, c’est galère."
"Depuis les nouveaux horaires, le 11 décembre, les trains sont davantage remplis, voire saturés, surtout aux heures de pointe, confirme Éric Boisseau de la Fnaut (Fédération nationale des usagers du transport). Le tronçon Nîmes-Béziers est par exemple surchargé. Même à la mi-journée, les trains sont désormais remplis." Alors même qu’il y a trois rames de plus par heure (+16 %) matin et soir en semaine, sur ce tronçon.
La raison de cet engorgement : avant le big bang des horaires, les TER offraient aux heures de pointe jusqu’à "700 places assises contre 440 aujourd’hui", maugrée Éric Boisseau. "La Région a préféré mettre 400 M€ dans le projet de contournement de Nîmes-Montpellier que d’acheter des trains. Or, il faut quatre ou cinq ans pour être livré d’une automotrice. Entre Nîmes et Montpellier, ce sont 5 000 voyageurs aux heures de pointe. Contre 50 000 entre Genève et Lausanne, deux villes suisses comparables. On en est loin."
Christian Bourquin, président de la Région : "On achètera tous les matériels qu’il faut"
Dans ces conditions, comment généraliser le train à 1 € aux 1 600 km de voies régionales d’ici 2015, comme le veut le président Bourquin ? En moyenne, chaque jour, 21 500 clients montent dans un train, contre 14 000 en 2004. "On peut aller jusqu’à 100 000 !, estime le président de la Région. Un Perpignan-Montpellier à 48 € l’aller-retour, c’est cher.
Les hauts responsables de la SNCF traînent des pieds, en disant : “Il ne faut pas le faire car on va être débordés.” Moi, je dis : “Ça va être un succès.” On achètera tous les nouveaux matériels qu’il faut. En plus des 400 M€ pour Nîmes-Montpellier, ce qui d’ailleurs libérera des sillons." Il ajoute : "Avec 1 €, on ne peut pas avoir les mêmes conditions de confort..." Jean Ghedira, directeur régional de la SNCF, confie : "Sur certains tronçons, cela pourra être une sorte de tramway, de RER. On fera peut-être sauter des places assises sur un Frontignan-Montpellier ou un Baillargues-Montpellier, trajets d’à peine 15 minutes."
Jean Ghedira confirme "la hausse ressentie" de la fréquentation (à confirmer par les statistiques mi-février), hausse qui devrait être dopée par l’amélioration "historique" de la ponctualité, au-dessus de 90 %. Reste qu’à 1 € le trajet, la SNCF réclame à la Région une compensation financière à hauteur de ce cher succès. La Région, elle, s’arc-boute sur les 105 M€ versés chaque année au titre de la convention d’exploitation...