Le contournement ferroviaire de Lille passera par Aulnoye-Aymeries et Fourmies
On nous avait prévenus que le casque de chantier serait prêté mais qu’il faudrait apporter bottes et carte de presse : les responsables de la SNCF et de Réseaux ferrés de France (RFF) sont venus à Busigny pour évoquer le lancement des travaux d’un nouvel itinéraire pour les convois de fret, qui permettra de désengorger Lille.
1. Un contournement pour faire quoi ? Pour l’instant, les trains qui transportent voyageurs et marchandises passent quasiment tous par Lille. « C’est source de conflits », relève Yann Baron, directeur d’opération RFF. D’où l’idée de créer un circuit alternatif qu’utiliseront les convois de fret aux heures de pointe, c’est-à-dire entre 6 h et 9 h ainsi qu’entre 16 et 19 h, pour fluidifier la circulation dans la métropole. « On s’est rendu compte que dix trains en moins pouvaient suffire à changer les choses », explique encore Yann Baron. Une dizaine de trains, c’est justement le nombre de passages par jour sur lequel tablent RFF et la SNCF pour ce nouvel itinéraire.
Il partira de Dunkerque et de Calais, passera par Bergues, Hazebrouck, Béthune, Lens, Arras, Somain, Cambrai avant de faire une boucle entre Maurois et Honnechy, de rejoindre Le Cateau, Aulnoye-Aymeries et Fourmies.
Bien sûr, cela obligera les trains à faire un détour de quelques kilomètres, mais ce sera finalement un gain de temps puisque les convois sont assurés de pouvoir circuler à 60 km/h sur tout le trajet.
2. Un contournement, comment ? Cette nouvelle ligne devrait être opérationnelle en 2015. « Notre idée, c’est de réutiliser au maximum les infrastructures existantes », souligne Jean-Yves Dareaud, responsable communication de RFF. C’est pourquoi, le nouvel itinéraire du fret de transit utilise des voies ferrées déjà construites. Il y aura seulement quelques raccordements à faire pour assurer la continuité du tracé. Celui de Blangy, près d’Arras, a été réalisé en 2010 pour un autre projet, mais sera finalement utilisé pour le contournement. Reste encore à faire ceux d’Honnechy et d’Aulnoye-Aymeries, ainsi que le renforcement de la sous-station des Terres Noires à Dechy, dans le Douaisis. « On en a besoin pour permettre l’alimentation des trains », précise Yann Baron. L’ensemble des travaux devrait coûter 66,8 millions d’euros. L’ État va en financer 55 %, la Région se charge du reste.
3. Un raccordement entre Honnechy et Maurois. Il fera un kilomètre de long. Il va permettre de relier les lignes Busigny-Somain et Creil-Jeumont et éviter aux trains de fret de venir jusqu’en gare de Busigny.
Ce raccordement a nécessité la création d’une bifurcation à Honnechy le 8 mai. Une autre, à Maurois, est en cours de réalisation. Les travaux de terrassement devraient s’achever à la fin de l’année. « Ensuite, nous poserons les voies, commente Christophe Martinache, maître d’œuvre SNCF. Ça nous prendra environ trois mois. Et, dernière étape, l’installation d’une signalisation. »
4. Un nouveau quai de gare à Busigny. Les travaux ont commencé en « avril ou en mai ». et devraient s’achever fin septembre. « On l’aménage pour que les TER puissent se garer sans entraver le passage des trains de fret », commente Yann Baron.
La SNCF en a profité pour refaire l’enrobée et installer des bandes d’éveil sur l’un des quais des voyageurs afin qu’il devienne accessible aux personnes à mobilité réduite.
5. Un pont-route, au bout du chemin de la Jouisse. Le raccordement entre Honnechy et Maurois suit le tracé de l’ancienne « voie des Boches ». Une ligne construite par les Allemands pendant la Seconde Guerre, abandonnée ensuite. RFF est propriétaire de ces voies ferrées mais s’est rapidement aperçue qu’elle aurait besoin d’entrer en possession de quelques mètres des terrains avoisinants pour rendre le projet de contournement viable. Une expropriation a été réalisée pour ces terrains, mais a dû être abandonnée pour le triangle de terre, au bout du chemin de la Jouisse. « Cette parcelle sert à l’élevage, souligne Yann Baron. On avait envisagé de la racheter et d’y planter un bois mais, comme des espèces rares y ont été trouvées (voir le zoom ci-dessous), on a dû abandonner le projet. » RFF prévoit, à la place, de créer un point-route qui passera au-dessus du raccordement et permettra aux propriétaires de rejoindre leurs bêtes.
6. Un bassin de rétention. « On va collecter toutes les eaux de pluie de toute la plateforme ferroviaire dans un bassin situé à quelques dizaines de mètres du chemin de la Jouisse, explique Christophe Martinache. Ce bassin servira de zone tampon. Il limitera le débit de l’eau qui sera évacuée vers l’Erclin. » « Il fait 112 m de long, 26 m de large, ajoute Denis Gaïnetdinoff, directeur d’opération délégué SNCF. Il peut contenir 2 375m3 . » « Il sera étanchéifié », poursuit Christophe Martinache. Et ce, parce que le contournement de Lille se veut « vert ». « Eh oui, on ne construit plus nos projets comme il y a vingt ans », souligne Yann Baron, fièrement.