basco - landais a écrit:C'était la folie des années 60 - 70 ou le tout autoroutier ou routier était la soi disant panacée et que vu le retard que nous avions en France, il fallait mettre les bouchées doubles.
Rien que dans le 94, j'ai connu nombre de projets routiers qui étaient dans les rails et qui n'ont jamais vu le jour, on été repoussés, ont été enterrés.
Combien de personnes on été expropriées, "spoliés" de leur bien, ont vu leur terrain se mettre en friche, pour etre revendu des années plus tard pour reconstruire au meme emplacement la "presque même maison".
Je voudrais atténuer un peu ce que tu dis...
Depuis que je me suis mis à fouiller dans les vieux dossiers des années 60, je peux t'assurer, au moins pour la région parisienne, que pour les planificateurs de l'époque la voiture était loin d'être la panacée universelle. Ils étaient même convaincus du contraire et les projets pour les transports en commun étaient au moins aussi faramineux que pour les voitures. Certains ont été réalisés (les RER A et B, les prolongements de métro comme la 8 à Créteil, la 5 à Bobigny et la 13 à Saint Denis), d'autre non (la 14 à Meudon la Forêt -Vélizy, la 5 à Orly, le RER B à Saclay). Mais je peux t'assurer que les projets étaient bien là .
C'est vrai que, maintenant, il est devenu de bon ton de dénoncer la politique dite du "tout-bagnole". Je note juste que ceux qui ont initié ce slogan sont plutôt des adeptes du "rien pour la bagnole", voire du "n'importe quoi, pourvu que ce soit contre la bagnole"... Mais, bon... Il faut s'y faire : c'est à la mode
En ce qui concerne les expropriations (ou "spoliations" comme tu dis), je voudrais aussi atténuer un peu tes propos. Si la plupart des trépa-projets figurant au PADOG 1960 ou au SDAURP 1965 ont laissé des traces visibles dans la banlieue d'aujourd'hui, c'est tout simplement que les emprises avaient été réservées immédiatement dans les plans d'urbanisme des communes concernées, à une époque où la moyenne banlieue était encore très peu construite*. Bien entendu certains se sont sentis "spoliés" de voir leur terrain devenir inconstructible alors que celui du voisin restait constructible (et valorisé par le projet de desserte routière) mais pour les projets qui ne se sont jamais concrétisés il n'y a pratiquement eu aucune expropriation judiciaire. L'état n'expropriait que pour les chantiers qui avaient fait l'objet d'une DUP (ex : l'A10 à Malakoff). Par contre, j'ai vu au contraire des dizaines de dossiers où ce sont les propriétaires concernés qui mettaient en demeure l'état de leur acheter leur bien même si le projet n'était pas encore déclaré d'utilité publique (B86, A87, B18,...) ! Il suffisait que le projet soit inscrit au POS pour qu'ils puissent contraindre l'état d'acheter.
J'ai même vu une note du Ministère des transports aux préfets des nouveaux départements d'IDF pour leur rappeler qu'il était de leur devoir de sommer les maires de retirer de leur POS les anciennes réserves foncières des années 30 prévues pour les élargissements des nationales radiales autour de Paris comme les RN301, 302, 303, etc. : ces projets étaient devenus caducs depuis les plans d'aménagement de 1956 et le PADOG 1960 mais dans beaucoup de communes ils figuraient encore dans les POS et l'état se retrouvait obligé d'acheter des immeubles vétustes à des endroits où il n'avait plus le moindre projet d'élargissement.
* Pour illustrer ça, voici une jolie photo qu'on m'a fait passer : la construction de l'A1 au niveau de La Courneuve. C'était encore la campagne !