Les "environs de Paris" en 1981

Avant, la route, c'était...

Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar dark_green67 » Ven 21 Oct 2011 19:26

super5 a écrit:
basco - landais a écrit:La Francilienne dans ce coin a eu une tres forte opposition de la part de la Mairie de Servon et surtout de Lesigny (demission complete du Conseil Municipal en opposition au projet) et n'a ete ouverte que sur une voie pendant quelques années

http://www.ina.fr/economie-et-societe/e ... ny.fr.html


Attention aux dates ! Le projet dont il est question dans cette émission télévisée de 1973 n’est qu’un lointain ancêtre de la Francilienne dont le concept, à l’époque, n’existait pas encore. Si vous avez un peu de temps pour lire ma prose, voici ce que j'ai appris petit à petit à force de fouiner dans les vieux cartons d'archives (dont le contenu, pour ce secteur, est malheureusement très incomplet :( )

Il s’agissait juste de l’aménagement du CD51, un projet « pirate » du Conseil Général de Seine-et-Marne destiné, officiellement, à desservir les milliers de logements (construits, en cours de construction ou prévus) dans les ZAC qui fleurissaient discrètement depuis 1969 du côté de Pontault-Combault (2000 logements), Lésigny (4400 logements) et Roissy-en-Brie (8000 logements). Essentiellement des lotissements de maisons individuelles.

J’utilise le terme « pirate » car l’urbanisation de ce secteur se faisait en totale contradiction avec les prescriptions du SDAURP, dont la version initiale de 1965 et la version révisée de 1969 classaient le secteur en « zone d’espace vert et de loisirs en secteur rural », et aucun aménagement d’axe routier à grande capacité n’y était autorisé car cela aurait constitué un support d’urbanisation incontrôlée. Les élus locaux (et les promoteurs…) exploitaient simplement le fait que le schéma directeur n’avait jamais été approuvé officiellement et qu’il n’avait donc pas force de loi. Pour mémoire, Paul Delouvrier qui avait publié et fait appliquer son SDAU au forceps du temps où il était à la tête du District puis de la région, s’était fait beaucoup d’ennemis en imposant ses vues aux élus locaux et aux gros promoteurs (notamment dans l’épisode du rachat de la forêt de Notre-Dame par la région) mais au moins il faisait respecter ses grands principes. Après que ses opposants ont obtenu sa promotion à la tête d’EDF, début 1969, ses successeurs se sont montrés, semble-t-il, beaucoup moins attentifs ou intransigeants que lui et les aménagements en dehors des préceptes de base du SDAU ont été, d'un coup, nombreux.

Pour en revenir au CD51, son aménagement s’inscrivait dans le cadre d’un vieux projet d’axe Nord-Sud que le Département envisageait depuis la fin des années 50. Il s’agissait à l’époque d’aménager les CD51, 34 et 212 et de dévier tous les secteurs urbanisés pour créer une liaison homogène, si possible classée nationale, entre la préfecture de Melun et l’Autoroute dite alors ‘du Nord de la France’ au Mesnil-Amelot, via Brie-Comte-Robert, Champs-sur-Marne, Chelles et Claye-Souilly. Dans le « programme duodécennal 1964-1975 d’équipement de la Région de Paris » puis dans le SDAURP de 1965, seule la partie Nord de cet axe avait été retenue, sous la forme du projet de voie rapide G4, mais Delouvrier avait fermement refusé que la partie Sud entre A4 et RN19 le soit. Après son départ, le Département profitait discrètement du besoin d’améliorer la desserte des nouveaux lotissements (et, accessoirement, des financements d’Etat disponibles pour financer la desserte des principales ZAC) pour relancer son projet.

Du Sud vers le Nord, celui-ci comportait :

- une déviation Est de Servon, depuis la N19 jusqu’au CD51 au Sud de Lésigny,
- un aménagement sur place avec élargissement de l’emprise à Lésigny où le CD passait un peu à l’écart du bourg,
- un aménagement avec rectifications de tracé à travers la forêt de Notre-Dame, entre le Nord de Lésigny et la RN4 à Pontault-Combault,
- une déviation en tracé neuf par l’Est de Pontault-Combault et Émerainville,
- un raccordement à la VPO de Marne-la-Vallée, par prolongement de la déviation au Nord d’Émerainville.

En s’appuyant sur la future autoroute G4 au Nord et la RN5bis (future RN105) ou l’éventuelle autoroute A5 au Sud, entre Brie-Comte-Robert et Melun, on avait bien l’axe Nord-Sud souhaité.

L’aménagement était prévu à 2 voies, sur une seule chaussée de 7 mètres, mais les acquisitions foncières devaient être faites pour permettre un élargissement ultérieur à 2 fois 2 voies. Entre la RN19 et la RN4, les quelques carrefours étaient prévus à niveau, notamment celui avec la RN19 (une sorte de demi rond-point) et celui la route communale de Servon à Férolles ; entre la RN4 et l’A4 ils devaient être dénivelés d’emblée. Pour la DDE, le tracé ne posait pas de difficulté majeure, la plus grande partie se déroulant dans des secteurs encore non construits sauf au Sud du bourg de Lésigny, où plus d’une cinquantaine de maisons des deux principaux lotissements avaient été construites en bordure immédiate du CD51, à un endroit où aucune déviation n’était prévue à court terme.

Le tronçon compris entre Lésigny et Émerainville, soit les deux tiers du parcours, avait été classé comme voirie primaire de ZOH (Zone Opérationnelle d’Habitat) et, à ce titre, les travaux (18,75 MF) étaient financés à 100 % par le Ministère de l’Intérieur. La participation financière du Département se limitait donc à l’aménagement au droit de Lésigny et à la déviation de Servon.

Pour expliquer la réaction des habitants de Lésigny au moment du reportage de la télé en 1973, il faut revenir sur la façon dont ce projet « pirate » a été présenté et rappeler la chronologie des annonces. En effet, le projet a été découpé en sections qui ont fait l’objet d’enquêtes séparées, vraisemblablement au fur et à mesure de l’achèvement des études par le service des Ponts-et-Chaussées de Seine-et-Marne, et ce n’est qu’au bout de 3 ans que les habitants concernés ont pu réaliser que la départementale qui passait le long de leur lotissement risquait de devenir un jour une voie rapide à 2x2 voies à laquelle ils ne pourraient peut-être plus accéder et qui les séparerait du bourg ! Voici la chronologie :

En 1970, un premier projet est présenté, ne concernant que de la rectification du CD51 à travers la forêt de Notre-Dame :
- 17 janvier 1970 : prise en considération par le Conseil Général du projet d’aménagement et de rectification du CD51 entre Lésigny et la RN4 et déviation partielle de Pontault-Combault par l’Est (jusqu’à la rue des Prés Saint-Martin),
- 8 septembre 1970 : ouverture d’une enquête d’utilité publique sur ce premier projet,
- 5 mars 1971 : déclaration d’utilité publique de ce premier projet.

En 1971, nouvelle enquête portant cette fois sur le prolongement vers Marne-la-Vallée :
- 5 et 7 juin 1971 : prise en considération par le Conseil Général du projet de déviation par l’Est du CD51 à Pontault-Combault (2ème section) et Émerainville,
- 6 octobre 1971 : ouverture d’une enquête publique sur ce second projet.

Ce n’est qu’au cours de nouvelles enquêtes publiques lancées en 1972 et 1973 que sont apparues les notions de liaison entre Melun et Marne-la-Vallée, prolongée par l’autoroute G4 de Marne-la-Vallée à Roissy, et de classement de l’axe en voie express :
- 22 janvier 1972 : prise en considération par le Conseil Général des projets de déviation du CD51 par l’Est de Servon, entre la RN19 et Lésigny, et de prolongement de la déviation d’Emerainville jusqu’à l’A4
- 29 mai 1972 : ouverture d’une enquête publique préalable à l’attribution du caractère de route express à l’ensemble des sections du CD51 entre RN19 et A4
- 12 mars 1973 : ouverture d’une enquête d’utilité publique pour les projets de déviation de Servon et de prolongement du CD51 dévié jusqu’à l’A4.

Avec le recul, les réactions locales semblent totalement compréhensibles. Je retiens d’ailleurs que les riverains protestaient surtout parce que le projet ne prévoyait pas de déviation de Lésigny : le seul aménagement qui semblait se dessiner à terme devant chez eux était un doublement sur place et, avec le statut de ‘voie express’ qui était envisagé, ils n’étaient même pas certains de pouvoir continuer à la traverser pour aller dans le bourg ! Si une déviation avait été prévue dès cette époque, il n’y aurait sûrement pas eu autant de bruit médiatique… Pour l’anecdote, on remarquera que, parmi les riverains impactés, il devait y avoir quelqu’un qui avait de hautes relations puisque cette affaire de la non-déviation de Lésigny a fait l’objet non seulement d’une émission télévisée en 1973 mais aussi d’une question officielle à l’Assemblée Nationale, honneur que n’ont pas eu nombre d’autres aménagements pourtant plus importants…

Ce remue-ménage à très haut niveau a eu le mérite de faire dégager des moyens pour trouver une solution rapidement. A court terme, l’avis favorable du commissaire-enquêteur a été suivi par un décret d’utilité publique le 5 septembre 1973 qui concernait la totalité des aménagements entre la RN19 et l’A4 (y compris donc ceux déjà déclarés d’utilité publique en 1971), à l’exception de la traversée de Lésigny, du PK 2,760 (extrémité Nord de la déviation de Servon) au PK 5,750 (carrefour de Maison-Blanche au Nord du bourg), qui gardait son statut de route « normale ». La DDE a été priée d’engager immédiatement des études pour trouver un tracé acceptable pour une déviation de ce tronçon. Un premier projet, déjà dans les cartons, est présenté rapidement : il partait du carrefour de Maison-Blanche, contournait le bourg de Lésigny et le futur collège par le Nord, traversait le Réveillon et le longeait sur sa rive Est, sur le territoire des communes de Férolles-Attilly, où de nombreux aménagements urbains étaient envisagés (des lotissements !), et de Servon. Ce projet fut abandonné aussi rapidement qu’il avait été présenté car apparemment la majorité des habitants de Férolles-Attilly refusait l’ensemble des aménagements (lotissements et voie rapide). La commune de Servon refusant elle aussi qu’on touche à son territoire pour régler un problème qui ne concernait que Lésigny, la DDE a dû se replier en catastrophe sur le seul autre tracé possible, celui que nous connaissons aujourd’hui, car toute déviation par l’Ouest à travers la forêt de Notre-Dame était totalement inenvisageable (c’était pourtant ce que proposaient jusqu’à l’Assemblée Nationale certains des riverains opposés à la voie express devant chez eux…). Le tracé proposé restait sur le territoire de la commune de Lésigny au prix d’une géométrie un peu défavorable (virage de presque 90° pour rattraper la déviation de Servon) et le problème du passage au droit du Vieux Bourg était réglé par un enfoncement du tracé de quelques mètres, ce qui permettait de couvrir la voie nouvelle sur quelques dizaines de mètres entre le bourg et les nouveaux lotissements. Ce projet un peu bancal, mais acceptable pour une voie départementale, est pris en considération, faute de mieux, par le Conseil Général le 23 janvier 1976 (avec cette fois l'approbation du conseil municipal), soumis à enquête publique le 21 avril suivant et déclaré d’utilité publique le 8 mars 1977.

L’idée d’utiliser le CD51 dans le cadre d’une grande rocade de l’Ile de France qui remplacerait l’A87 n’est apparue que plusieurs années plus tard. Dans le SDAURIF de 1976, par exemple, son aménagement n’est pas évoqué du tout ; il restait un projet purement départemental et l’A87 conservait son rôle de rocade principale de la région. De même, en 1981 et 1982 le tronçon de la Francilienne actuelle compris entre Evry-Grégy-sur-Yerres et Combs-la-Ville a fait l’objet de 2 enquêtes d’utilité publique successives mais il ne s’agissait que… de la déviation locale du CD50 de Seine-et-Marne !!!

En fait, j’ai l’impression que ce sont les grosses difficultés financières de l’Etat dans les années 1982-1983 qui ont enclenché le processus de façon indirecte, alors qu’étaient engagées des réflexions pour une révision du projet d’infrastructures routières du SDAURIF. Depuis plus d’une dizaine d’années (comité interministériel du 15 octobre 1970), la priorité avait été donnée à la réalisation des 2 rocades A86 et A87 mais leur construction se heurtait à des obstacles de plus en plus nombreux et, année après année, chaque kilomètre nouveau à engager coûtait de plus en plus cher. Petit à petit la construction de la rocade principale A87 était passée en priorité 2 et tous les moyens financiers avaient été concentrés sur la « petite » rocade A86 pour réaliser au moins une liaison entre l’A1 et l’A6 évitant le Boulevard Périphérique. La réduction drastique du budget des routes imposée dans le cadre du plan de rigueur de mars 1983 semble avoir été le déclic qui a fait émerger au sein de la Direction des Routes l’idée qu’il fallait être réaliste et qu’on ne pourrait jamais construire l’A87 telle qu’elle était envisagée (2 fois 4 voies). Déjà, pour le tronçon Nord-Est entre F2 et A4, plusieurs voix proposaient de décaler sa construction de 2 ou 3 décennies, vu que celle de G4 avait démarré quelques kilomètres plus à l’Est. De même, pour le tronçon Sud-Est entre A4 et la future A5 la mise au point de l’APS piétinait depuis des années à cause de l’opposition systématique des maires locaux et on se disait qu’avec A86 à l’Ouest et le doublement du CD51 à l’Est on pourrait sans doute tenir de longues années.

C’est ainsi que le 16 mai 1984 on a pu découvrir le nouveau projet d’infrastructures routières du SDAU, approuvé par le décret n° 84-370, dans lequel l’A87 abandonnait son statut de « support du parti d’aménagement régional » pour devenir une simple « autre liaison » dont de nombreuses sections en pointillés indiquaient qu’il s’agissait d’un axe dont le tracé « doit faire l’objet d’études complémentaires », c'est-à-dire reporté aux calendes grecques... En parallèle apparaissait un axe à peu près continu de Charles-De-Gaule jusqu’à l’A10 à La Folie-Bessin, classé également parmi les « autres liaisons ». Il ne portait pas d’appellation particulière et on s’était contenté de faire figurer la numérotation de quelques uns des petits bouts de sections qui avaient été juxtaposés pour le constituer : A104, RN105, RN447 (F6), RN446 et F6.

L’appellation « Liaison Interdépartementale des Villes Nouvelles » n’est apparue que plus tard, sans doute en 1985 ou 86 et elle n’a pratiquement jamais été utilisée au niveau du grand public. Jusqu’à présent j’ai rarement fouillé dans des archives aussi « récentes » mais il va falloir que je m’y mette pour essayer de retrouver le compte-rendu de la réunion où cette appellation a été utilisée pour la première fois. Quant à la date d’apparition du terme « Francilienne », elle est mieux connue, vu que l’évènement a été médiatisé : c’est juin 1987, comme l’indique la fiche du Wiki.

Dernières petites précisions :

- A sa naissance, la RIVN ne constituait qu’un grand contournement Est de la région parisienne, de l'A1 à l'A6. Ce n’est qu’avec le concept de « Francilienne » qu’on a cherché à lui faire faire le tour complet en lui rajoutant des morceaux de RN118, B12, A12, A13 et A88. A noter que cette Francilienne d’origine ne comportait pas de barreau Nord entre A16 et A1 : le bouclage était prévu par le BIP.

- le numéro N104 a été proposé pour la section A4 – A10 après la réunion d’un groupe de travail à la Direction des Routes (sous-direction des investissements routiers / bureau des opérations urbaines) en avril 1988. Le compte-rendu précise :

Numérotation Francilienne 13 avril 1988.JPG
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar djakk » Ven 21 Oct 2011 21:09

clap clap clap
bravo pour cet article ! :D
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar guy21 » Ven 21 Oct 2011 23:22

Un vrai travail d'historien! Chapeau dark_green67... Le voisin du secteur que je suis te remercie pour autant d'éclairages.
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar G.E. » Sam 22 Oct 2011 07:56

Oui, superbe ! :D

L'A102 a été renumérotée en 1990 comme un grand nombre d'autoroutes. Malheureusement, nous n'avons pas accès aux textes de décisions ministérielles qui nous en apprendraient beaucoup...
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar basco - landais » Sam 22 Oct 2011 09:29

Pour avoir vécu ces episodes en tant que voisin et entrepeneur dans ce secteur, je te tire mon chapeau devant la précision .... et le fidèle rendu de cette époque

A titre informatif, pour peut etre expliqué ceci :
Pour l’anecdote, on remarquera que, parmi les riverains impactés, il devait y avoir quelqu’un qui avait de hautes relations puisque cette affaire de la non-déviation de Lésigny a fait l’objet non seulement d’une émission télévisée en 1973 mais aussi d’une question officielle à l’Assemblée Nationale, honneur que n’ont pas eu nombre d’autres aménagements pourtant plus importants…

l'association de riverains contre le projet était constituée par la majorité des propriétaires des deux zones pavillonaires (le Reveillon,le Parc de Lésigny) qui étaient pour une bonne majorité des personnels d'Air France ayant acheté leur pavillon (a cheval entre Orly et Roissy) et de quelques personalités du monde sportif et televisuel
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar dark_green67 » Sam 22 Oct 2011 09:41

basco - landais a écrit:Pour avoir vécu ces episodes en tant que voisin et entrepeneur dans ce secteur, je te tire mon chapeau devant la précision .... et le fidèle rendu de cette époque

A titre informatif, pour peut etre expliqué ceci :
Pour l’anecdote, on remarquera que, parmi les riverains impactés, il devait y avoir quelqu’un qui avait de hautes relations puisque cette affaire de la non-déviation de Lésigny a fait l’objet non seulement d’une émission télévisée en 1973 mais aussi d’une question officielle à l’Assemblée Nationale, honneur que n’ont pas eu nombre d’autres aménagements pourtant plus importants…

l'association de riverains contre le projet était constituée par la majorité des propriétaires des deux zones pavillonaires (le Reveillon,le Parc de Lésigny) qui étaient pour une bonne majorité des personnels d'Air France ayant acheté leur pavillon (a cheval entre Orly et Roissy) et de quelques personalités du monde sportif et televisuel

Je ne sais pas s'il y a un rapport mais Wikipedia signale que
Wikipedia a écrit:Ville résidentielle, Lésigny est la 42e commune la plus riche de France par ménage (sur 36 783 communes françaises): le revenu moyen par habitant s'élève à 39 034 € , d'après une enquête de l'INSEE pour lexpress.fr, en juin 2007[

... :)
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar vivelescartes » Sam 22 Oct 2011 10:14

Merci dark_green67 pour cet historique très complet.
Ayant participé aux travaux du SDAU 76 et au projet de 81, je peut préciser que le transfert de rocade A87 vers cd51 provient du blocage du projet A87 en particulier à Chennevières. Il fallait trouver une solution alternative car la déviation de la N36 (C5 si je me souviens bien) était trop éloignée. Nous savions aussi que les fonctions assurées n'étaient pas les mêmes que celles d'A87 mais la bataille de A87 était perdue puisque l'urbanisation s'était développée le long de cet axe rendant sa réalisation inacceptable.
Cette impossibilité est toujours la même, que ce soit pour les routes ou les transports en commun : il faut réaliser les infrastructures avant l'habitat. Les exemples sont trop nombreux partout en France et en particulier en Ile de France.
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar basco - landais » Sam 22 Oct 2011 10:19

A ton avis .... :wink:
Certaines communes de l''est parisien ont cette particularité : pour vivre heureux, vivons caché ....

Saint Maur des Fossés, Chennevieres, Ormesson, Lesigny, Santeny, Varennes Jarcy pour n'en citer que quelques unes .....
[/digression]
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar guy21 » Sam 22 Oct 2011 13:44

Le Parc de Lésigny a toujours autant d'allure et est resté fidèle à la conception d'origine de ses fondateurs: un "estate" à l'américaine avec accès direct entre la rue et le jardin, des maisons spacieuses, sans étage, de grands garages souvent doubles, la forêt Notre-Dame accessible à pied, de larges allées pour la promenade à pied ou à vélo. Habitant de l'autre côté de Notre-Dame, j'y passe souvent à VTT; c'est un endroit super agréable à traverser et qui a très bien vieilli. Au final la N104 n'est plus tellement une gêne sonore puisqu'elle est semi-enterrée au droit du village. La gêne sonore provient ici plus du cône de dégagement d'Orly. Ajoutons aussi la gêne visuelle de la ligne 225 kV toute proche, mais, oui... il y a bien pire comme banlieue!
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar hh35 » Sam 22 Oct 2011 14:10

J'y ai été "faire un tour" avec google maps, faut quand même aimer ce genre de lotissements ouvert à tous vents et surtout où rien n'est faisable sans voiture...
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar basco - landais » Sam 22 Oct 2011 14:23

hh35 a écrit:J'y ai été "faire un tour" avec google maps, faut quand même aimer ce genre de lotissements ouvert à tous vents et surtout où rien n'est faisable sans voiture...

Conception des années 70-80 très à l'américaine avec réglement de copropriété très "contraignants" pour des Français - Kaufman et Broad ont été les précurseurs .....
mais ça plaisait :wink:


:oops: merci RGS
Modifié en dernier par basco - landais le Dim 23 Oct 2011 08:12, modifié 1 fois.
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar hh35 » Sam 22 Oct 2011 14:32

Heureuseument on en est revenu, un peu comme les papiers peints oranges ou les pantalons pattes d'eph' démesurés, les années 70 regorgent finalement d'éléments pittoresques :mrgreen:
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar basco - landais » Sam 22 Oct 2011 15:01

hh35 a écrit:Heureuseument on en est revenu, un peu comme les papiers peints oranges ou les pantalons pattes d'eph' démesurés, les années 70 regorgent finalement d'éléments pittoresques :mrgreen:

C'est, ou c'était une autre façon de voir la vie ...
Ou l'instinct de propriété et l'individualisme de chacun (très franchouillard) :roll:
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar dark_green67 » Dim 23 Oct 2011 11:45

Pour continuer sur la naissance de la Francilienne dans le Sud-Est, quelques mots sur la déviation de Combs-la-Ville sur le CD50, tronçon qui a permis de faire la jonction entre la RN105 à Brie-Comte-Robert et la F6 qui, dans les schémas précédents, se terminait sur la RN6 à Lieusaint.

Un premier projet avait été étudié à la fin des années 60, sous maîtrise d’ouvrage départementale, pour faire face à l’augmentation du trafic (4800 véhicules/jour) sur un chemin départemental qui avait des caractéristiques très médiocres, notamment plusieurs virages sans visibilité et une largeur très insuffisante dans la traversée du village. L’augmentation du trafic était due surtout des nouveaux logements créés dans le secteur et elle devait s’amplifier considérablement dans un proche futur avec toute l’urbanisation de la ville nouvelle. Un trafic de transit non négligeable était attendu, vu qu’il n’y avait pas beaucoup d’autres possibilités de liaison entre la RN6 et Brie-Comte-Robert.

La déviation partait juste après le pont sur l’Yerres au Nord du village (le Pont du Diable), passait entre le bourg et le quartier du Bois l’Evêque et rejoignait le CD50 juste avant la voie ferrée, au Sud du Hameau de la Sansonne (en jaune sur le plan ci-dessous). Le profil en travers comportait deux chaussées de 7 mètres séparées par un terre-plein de 5 mètres mais, dans une première phase, une seule chaussée devait être réalisée. Ce projet avait été déclaré d’utilité publique par le Préfet le 10 mars 1971.

SDC14681b.JPG


Toutes les acquisitions foncières n’ayant pas été réalisées avant l’échéance de la DUP en 1976, celle-ci fut prorogée par un arrêté préfectoral du 23 août 1976 qui déclarait d’utilité publique la construction d’une voirie primaire de la ville nouvelle de Melun-Sénart suivant le même tracé et avec les mêmes caractéristiques.

Ce tracé a été remis en cause en 1977 par la municipalité de Combs-la-Ville (délibération du 20 juin) et par le Conseil Syndical Communautaire de Sénart-Villeneuve (séance du 29 juin) qui considéraient que la nouvelle route allait engendrer des nuisances pour les « urbanisations nouvelles riveraines » (quelle idée d’accorder des permis de construire au ras des futurs axes à grand trafic ??? :roll: ) et qui demandaient l’étude d’un nouveau tracé passant plus au Sud et à l’Est de l’urbanisation existante ou projetée. La DDE a alors étudié 3 variantes (en tireté rouge sur le plan) qui aboutissaient toutes environ 1 km plus au Sud que le projet précédent, dans le prolongement de la voie T2 de la ville nouvelle de Melun-Sénart.

La première variante partait de l’intersection du CD50 avec la déviation de Brie-Comte-Robert. Elle apportait la meilleure réponse au problème posé mais elle nécessitait 6 km de voie nouvelle et, surtout, de construire un viaduc sur l’Yerres. La seconde, longue de près de 5 km, se détachait de la RN105 immédiatement au Sud du pont franchissant l’Yerres, non loin du Château de Grégy-sur-Yerres. La troisième, de 4350 mètres seulement, se détachait de la RN105 par un échangeur implanté au niveau du carrefour avec le CD48 Est, sur le plateau à environ 700 mètres du château d’Evry-les-Châteaux. Après consultation des collectivités locales, la troisième variante, la plus économique, est finalement retenue et une enquête d’utilité publique lancée en juin 1981.

Au cours de l’enquête, de nombreuses observations furent recueillies, notamment de la part des milieux agricoles, qui visaient toutes à rejeter le tracé ou à proposer de le modifier en se rapprochant du ru de Ganisse, afin de préserver les structures agricoles. Le Commissaire-Enquêteur émit finalement un avis favorable mais « en proposant que des dispositions soient prises pour limiter les dommages aux exploitations agricoles et d’envisager une modification du projet soumis à l’enquête par un détournement vers le Nord du tracé de ce projet en partant du Sud de la ferme d’Egrenay pour aboutir à mi-chemin environ sur la RN105 entre la variante n°2 et le projet soumis à l’enquête ». Bref, il proposait un nouveau tracé… La DDE a alors étudié un projet modificatif (tracé en rouge continu sur le plan) conforme aux attentes des milieux agricoles et se rattachant à la RN105 par un échangeur dit « du Val de Ganisse ». Le Conseil Général de la Seine-et-Marne l’a pris en considération le 16 décembre 1981 et une nouvelle enquête d’utilité publique a été organisée en juillet 1982.

Je n’ai pas retrouvé (j’ai sans doute mal cherché…) l’arrêté préfectoral déclarant l’utilité publique. Il date sans doute de fin 1982 et je ne sais pas s'il porte sur une voie départementale ou sur une voie classée dans le réseau national au titre de la voirie des villes nouvelles. Par contre, je suis tombé, un peu par hasard, sur un rapport de la DDE77 du 18 mars 1986 qui évoque ce projet parmi les opérations à financer au titre du Xème plan. Il fait clairement partie des routes nationales à construire et est désigné sous le terme « Liaison N6 – N105 ». Le rapport signale que le coût de la première phase est de 233 MF (valeur janvier 1985) dont 153 millions sont déjà inscrits au IXème plan. Il restera donc à financer 80 MF, essentiellement pour déniveler l’échangeur de Val Ganisse et réaliser les finitions. Par ailleurs, 63 MF seront nécessaires ultérieurement pour financer la 2ème phase (mise à 2x2 voies) et il faudra 21 MF pour la mise à 2x2 voies et le classement en voie express de la RN105 entre Brie-Comte-Robert et le Val de Ganisse.

Pour l’instant mes informations sont encore un peu parcellaires et il me manque plein de détails jusqu’à la mise en service, apparemment directement à 2x2 voies, en mars 1990.
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar Coltrane » Dim 23 Oct 2011 14:04

Chapeau bas pour cet historique :bravo:
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar basco - landais » Dim 23 Oct 2011 15:41

Et en fait ce fut un tracé entre la variante 3 et celui soumis à l'enquete qui fut retenu et qui a permis l'implantation de nombreux entrepots logistiques de par et d'autre de cet axe, sans compter une enorme décharge remblai dans cette plaine de la Brie
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar Frédéric SAVIN » Dim 23 Oct 2011 16:38

Ce "centre de stockage" de terres de terrassement coté Sud entre Lieusaint et Moissy-Cramayel est d'ailleurs arrivé à saturation.
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Messagepar basco - landais » Dim 23 Oct 2011 17:54

Frédéric SAVIN a écrit:Ce "centre de stockage" de terres de terrassement coté Sud entre Lieusaint et Moissy-Cramayel est d'ailleurs arrivé à saturation.

Oui depuis environ deux a trois ans et depuis bien vegetalisé ...., mais c'est quand meme impressionnant de voir le changement de relief dans ce plat pays au fur et a mesure des années
On sait ainsi où sont passés les milliers de m3 de deblais des zones d'activités, du TGV et des voiries dans un rayon de 30 kilometres .....
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar dark_green67 » Dim 23 Oct 2011 18:21

dark_green67 a écrit: Je n’ai pas retrouvé (j’ai sans doute mal cherché…) l’arrêté préfectoral déclarant l’utilité publique. Il date sans doute de fin 1982 et je ne sais pas s'il porte sur une voie départementale ou sur une voie classée dans le réseau national au titre de la voirie des villes nouvelles. Par contre, je suis tombé, un peu par hasard, sur un rapport de la DDE77 du 18 mars 1986 qui évoque ce projet parmi les opérations à financer au titre du Xème plan. Il fait clairement partie des routes nationales à construire et est désigné sous le terme « Liaison N6 – N105 ». Le rapport signale que le coût de la première phase est de 233 MF (valeur janvier 1985) dont 153 millions sont déjà inscrits au IXème plan. Il restera donc à financer 80 MF, essentiellement pour déniveler l’échangeur de Val Ganisse et réaliser les finitions. Par ailleurs, 63 MF seront nécessaires ultérieurement pour financer la 2ème phase (mise à 2x2 voies) et il faudra 21 MF pour la mise à 2x2 voies et le classement en voie express de la RN105 entre Brie-Comte-Robert et le Val de Ganisse.

Pour l’instant mes informations sont encore un peu parcellaires et il me manque plein de détails jusqu’à la mise en service, apparemment directement à 2x2 voies, en mars 1990.

En fait, j'avais la réponse à mon problème... :oops: Ce tronçon a bien été construit et ouvert en tant que route départementale ! Ce n'est qu'au bout de 3 ans qu'il a été "nationalisé" :

J.O. du 17 juin 1993, page 8590, a écrit:Arrêté du 1er juin 1993 portant classement dans la voirie nationale de la voie nouvelle dite "Francilienne", section R.N. 105 (Seine-et-Marne) - R.N. 6 (Essonne)

Par arrêté du ministre de l'équipement, des transports et du tourisme en date du 1er juin 1993, sont classées dans la voirie nationale :

- la déviation de la R.D. 50, du PR 19+336 de la RN105 (noeud de Val Ganisse) à son intersection avec la voie M4 (diffuseur de Combs-la-Ville), d'une longueur de 5614 mètres environ, figurée en jaune sur le plan au 1/10.000 ème annexé audit arrêté ;

- la voie primaire T2, de son intersection avec la voie M4 (diffuseur de Combs-la-Ville) à son intersection avec la R.N. 6 (diffuseur du Clos-du-Roi), d'une longueur de 2203 mètres environ, figurée en bleu sur le même plan.

Le classement prendra effet à compter de la date de publication dudit arrêté.


De plus le caractère de route express a été conféré à ce tronçon par décret du 9 septembre 1996 seulement. :shock:
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Re: Les "environs de Paris" en 1981

Messagepar guy21 » Mer 26 Oct 2011 22:53

Frédéric SAVIN a écrit:Ce "centre de stockage" de terres de terrassement coté Sud entre Lieusaint et Moissy-Cramayel est d'ailleurs arrivé à saturation.

Ce site ferait un excellent terrain d'accueil pour une future ferme photo-voltaïque...
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