Pour continuer sur la naissance de la Francilienne dans le Sud-Est, quelques mots sur la déviation de Combs-la-Ville sur le CD50, tronçon qui a permis de faire la jonction entre la RN105 à Brie-Comte-Robert et la F6 qui, dans les schémas précédents, se terminait sur la RN6 à Lieusaint.
Un premier projet avait été étudié à la fin des années 60, sous maîtrise d’ouvrage départementale, pour faire face à l’augmentation du trafic (4800 véhicules/jour) sur un chemin départemental qui avait des caractéristiques très médiocres, notamment plusieurs virages sans visibilité et une largeur très insuffisante dans la traversée du village. L’augmentation du trafic était due surtout des nouveaux logements créés dans le secteur et elle devait s’amplifier considérablement dans un proche futur avec toute l’urbanisation de la ville nouvelle. Un trafic de transit non négligeable était attendu, vu qu’il n’y avait pas beaucoup d’autres possibilités de liaison entre la RN6 et Brie-Comte-Robert.
La déviation partait juste après le pont sur l’Yerres au Nord du village (le Pont du Diable), passait entre le bourg et le quartier du Bois l’Evêque et rejoignait le CD50 juste avant la voie ferrée, au Sud du Hameau de la Sansonne (en jaune sur le plan ci-dessous). Le profil en travers comportait deux chaussées de 7 mètres séparées par un terre-plein de 5 mètres mais, dans une première phase, une seule chaussée devait être réalisée. Ce projet avait été déclaré d’utilité publique par le Préfet le 10 mars 1971.
Toutes les acquisitions foncières n’ayant pas été réalisées avant l’échéance de la DUP en 1976, celle-ci fut prorogée par un arrêté préfectoral du 23 août 1976 qui déclarait d’utilité publique la construction d’une voirie primaire de la ville nouvelle de Melun-Sénart suivant le même tracé et avec les mêmes caractéristiques.
Ce tracé a été remis en cause en 1977 par la municipalité de Combs-la-Ville (délibération du 20 juin) et par le Conseil Syndical Communautaire de Sénart-Villeneuve (séance du 29 juin) qui considéraient que la nouvelle route allait engendrer des nuisances pour les « urbanisations nouvelles riveraines » (quelle idée d’accorder des permis de construire au ras des futurs axes à grand trafic ??? ) et qui demandaient l’étude d’un nouveau tracé passant plus au Sud et à l’Est de l’urbanisation existante ou projetée. La DDE a alors étudié 3 variantes (en tireté rouge sur le plan) qui aboutissaient toutes environ 1 km plus au Sud que le projet précédent, dans le prolongement de la voie T2 de la ville nouvelle de Melun-Sénart.
La première variante partait de l’intersection du CD50 avec la déviation de Brie-Comte-Robert. Elle apportait la meilleure réponse au problème posé mais elle nécessitait 6 km de voie nouvelle et, surtout, de construire un viaduc sur l’Yerres. La seconde, longue de près de 5 km, se détachait de la RN105 immédiatement au Sud du pont franchissant l’Yerres, non loin du Château de Grégy-sur-Yerres. La troisième, de 4350 mètres seulement, se détachait de la RN105 par un échangeur implanté au niveau du carrefour avec le CD48 Est, sur le plateau à environ 700 mètres du château d’Evry-les-Châteaux. Après consultation des collectivités locales, la troisième variante, la plus économique, est finalement retenue et une enquête d’utilité publique lancée en juin 1981.
Au cours de l’enquête, de nombreuses observations furent recueillies, notamment de la part des milieux agricoles, qui visaient toutes à rejeter le tracé ou à proposer de le modifier en se rapprochant du ru de Ganisse, afin de préserver les structures agricoles. Le Commissaire-Enquêteur émit finalement un avis favorable mais « en proposant que des dispositions soient prises pour limiter les dommages aux exploitations agricoles et d’envisager une modification du projet soumis à l’enquête par un détournement vers le Nord du tracé de ce projet en partant du Sud de la ferme d’Egrenay pour aboutir à mi-chemin environ sur la RN105 entre la variante n°2 et le projet soumis à l’enquête ». Bref, il proposait un nouveau tracé… La DDE a alors étudié un projet modificatif (tracé en rouge continu sur le plan) conforme aux attentes des milieux agricoles et se rattachant à la RN105 par un échangeur dit « du Val de Ganisse ». Le Conseil Général de la Seine-et-Marne l’a pris en considération le 16 décembre 1981 et une nouvelle enquête d’utilité publique a été organisée en juillet 1982.
Je n’ai pas retrouvé (j’ai sans doute mal cherché…) l’arrêté préfectoral déclarant l’utilité publique. Il date sans doute de fin 1982 et je ne sais pas s'il porte sur une voie départementale ou sur une voie classée dans le réseau national au titre de la voirie des villes nouvelles. Par contre, je suis tombé, un peu par hasard, sur un rapport de la DDE77 du 18 mars 1986 qui évoque ce projet parmi les opérations à financer au titre du Xème plan. Il fait clairement partie des routes nationales à construire et est désigné sous le terme « Liaison N6 – N105 ». Le rapport signale que le coût de la première phase est de 233 MF (valeur janvier 1985) dont 153 millions sont déjà inscrits au IXème plan. Il restera donc à financer 80 MF, essentiellement pour déniveler l’échangeur de Val Ganisse et réaliser les finitions. Par ailleurs, 63 MF seront nécessaires ultérieurement pour financer la 2ème phase (mise à 2x2 voies) et il faudra 21 MF pour la mise à 2x2 voies et le classement en voie express de la RN105 entre Brie-Comte-Robert et le Val de Ganisse.
Pour l’instant mes informations sont encore un peu parcellaires et il me manque plein de détails jusqu’à la mise en service, apparemment directement à 2x2 voies, en mars 1990.