ARTICLE A51 PRESSE LOCALE "SISTERON-JOURNAL" 16/02/1980.Un compte-rendu des "avancées" du projet A51 en Février 1980, choix du concessionnaire, retards/reports divers, et déviation de Venelles toujours inachevée !
LA DESSERTE ROUTIERE DU VAL DE DURANCE OU L'HISTOIRE DE PROMESSES NON TENUES "Pour bien comprendre cette histoire, il convient de remonter aux années 60, au moment où la France s'efforçait de rattraper son retard en matière de circulation.
En
1968, le C.E.T.E. d' Aix-en-Provence était chargé officiellement d'une première étude qui concluait à la nécessité d'une autoroute entre Aix et Manosque prolongée jusqu'à Sisteron par une voie rapide. Ce tracé étant inscrit dans le schéma autoroutier Français.
En mai
1972, le Ministre des Transports, lors d'une réunion de la SOTULA (Société d'Etude pour le tunnel de l'Echelle), confirmait l'intérêt et la nécessité d'entreprendre rapidement les études.
Le 8 octobre
1973, le Directeur des routes présentait officiellement le projet de tracé devant le Conseil Général des Alpes de Haute-Provence et annonçait la
mise en service d'un tronçon Aix-la Brillanne (Nord de Manosque) pour fin 1979.
Enfin, lors d'une réunion, le 11 janvier
1974, à la Chambre de Commerce de Marseille, devant tous les élus et les responsables économiques et administratifs de la Région, le Directeur des routes s'engageait définitivement sur cette réalisation en ces termes :
« C'est maintenant à un avenir plus large qu'il faut penser ; plusieurs raisons militent pour donner à l'axe du Val de Durance une nouvelle dimension. Elles résident dans la logique de développement de Marseille-Fos que le Val de Durance relie d'une part au cœur des Alpes, d'autre part au Piémont Italien..
Au-delà, la section d'Aix à la Brillanne (après Manosque) doit être réalisée rapidement.
Le besoin s'en fait ardemment sentir.
Pour cela,
une seule solution, la mise à péage, qui permet de recourir aux ressources d'emprunt et de s'évader des contraintes budgétaires.
L'opération est à l'étude. L'avant-projet en cours d'établissement par l'Administration doit être complété et sera terminé dans les tous prochains mois.
Des contacts sont pris et largement engagés avec le
futur concessionnaire, la Société des Autoroutes du Sud de la France, la concession pourra être signée,
fin 1974 - début 1975, et la mise en service interviendra avant 1980. Le choix de ce concessionnaire est d'ailleurs en soi la meilleure garantie de rapidité d'exécution quand on connaît le dynamisme de la S.A.S.F. et particulièrement celui de son Président, M. Millier.
On ne pouvait être plus clair et précis. A l'issue de cette réunion les élus régionaux et départementaux étaient en droit d'être satisfaits.
C'est en effet à cette époque que, dès sa création, l'Assemblée régionale marquait son intérêt pour le développement de l'arrière-pays et plus particulièrement du Val de Durance.
Le projet du schéma routier régional faisait de l'axe du Val de Durance la colonne vertébrale du réseau régional.
Les élus régionaux s'engageaient à participer financièrement à l'amélioration des axes de raccordement Est-Ouest sur le Val de Durance R.N. 100, Route Napoléon, etc..
Cette proposition était cohérente avec la décision de l'Etat de financer l'autoroute de la Durance.
Mais, dès le
printemps 1974, les choses allaient se gâter : des contestations apparaissaient
Tout d'abord quant au choix du concessionnaire.
Par ailleurs, malgré la protestation des élus et, pour des raisons de rentabilité, le futur concessionnaire et l'administration refusaient dans un premier temps d'
exclure de la zone de péage la section Aix-Venelles.
Il faut noter à ce sujet que des
crédits d'Etat avaient été affectés à ce tronçon dès 1972, ce qui avait permis de réaliser des premiers ouvrages.
Toutefois, en cours de chantier, l'administration procéda à un « détournement de crédits » afin de finir l'autoroute vers Fos considérée comme plus urgente.
C'est ce qui explique que,
pendant près de 5 ans, on a pu voir, en pleine campagne, entre Aix et Venelles, des portions d'ouvrage d'art envahies par les herbes folles.
Il a fallu la pression conjuguée du Conseil Général des Bouches-du-Rhône et du Conseil Régional, et leur participation financière, pour que
les travaux soient repris en 1978 et qu'une partie de la déviation soit mise en service en 1979. Il convient de noter qu'une seule chaussée est en service et qu'il suffirait de peu de crédit pour mettre en service la 2ème voie.
Mais alors, ce tronçon ne pourrait plus être intégré dans la section à péage, c'est peut-être la raison qui explique ce retard...
Mais revenons au projet d'autoroute.
Chaque année, les promesses se succèdent mais ne remplacent ni les crédits, ni les travaux, pendant ce temps, le trafic s'accroît d'année en année.
Conformément aux prévisions, la circulation devient impossible en période de pointe, les bouchons s'accumulent et battent des records.
« Samedi 12 février 1977, il y avait sur les 100 km de l'itinéraire Aix-Sisteron :
— 9 km de ralentissement répartis en 3 points.
— 45 km de bouchons répartis en 5 points. » (Etude C.E.T.E., septembre 1978).
Poursuivant la mise en oeuvre du Schéma Routier Régional, l'Assemblée Régionale, lors de sa séance de
juin 1977 faisait part de son inquiétude.
Malgré l'optimisme apparent du Préfet de Région quant à la réalisation rapide de l'autoroute, les élus proposaient la réalisation immédiate de travaux entre Aix et Manosque (éventuellement intégrales à la future autoroute).
Malgré cette position, l'administration se refusait à entreprendre les moindres travaux sur ce tronçon prétextant qu'ils seraient inutiles et viendraient déséquilibrer la rentabilité de l'autoroute à péage.
En
1978, dans le cadre du Vllème plan, le programme d'action prioritaire d'intérêt régional (P.A.P.I.R.) négocié entre l'Etat et la Région ne prenait en compte que des travaux au Nord de Sisteron;
L'autoroute Aix-Manosque devait alors être mise en service en 1983.
Les procédures d'utilité publique étaient d'ailleurs amorcées sur ce tronçon. Parallèlement cependant le Conseil Régional faisait réaliser par le C.E.T.E. une étude intitulée « Val de Durance : en attendant l'autoroute Aix-Sisteron ».
Cette étude très complète définissait les aménagements rapidement réalisables et permettant d'améliorer sensiblement le trafic : aménagement de la rocade Nord d'Aix, déviation de Peyrolles, Sisteron, Château-Arnoux et Manosque, utilisation après aménagement de la rive gauche, opération de régulation du trafic aux heures de pointe.
Là encore ces propositions se heurtaient au refus de l'administration :
Lettre de la Direction des routes à M. le Directeur du C.E.T.E. du 3 mai 1979 :
« Néanmoins, après avis de toutes les parties concernées (1), nous avons cru devoir différer les opérations que vous préconisez pour 1979. Certains travaux d'infrastructures devant être achevés auparavant ».
Dans ce contexte, et devant les inquiétudes grandissantes de la population d'une grande partie de la région, le Conseil Régional, dans sa séance du 16 novembre dernier, prenait la délibération suivante :
"Le Conseil Régional demande que l'
autoroute Val de Durance soit réalisée dans les délais prévus initialement, c'est-à-dire pour la section allant jusqu'à la Brillanne, à la fin de 1983 ou dans la négative que la R.N. 96 fasse l'objet de travaux d'amélioration."
Or, à la fin de décembre dernier on affirmait que cette a
utoroute était à nouveau retardée sans qu'aucune date ne puisse être fixée.
Le prétexte invoqué étant la faible rentabilité de la section à péage, la remise en cause des concessions autoroutières et la réduction du schéma autoroutier national. Toutes ces explications ne peuvent satisfaire les élus régionaux qui ont acquis aujourd'hui la certitude d'avoir été dupés.
C'est dans ces conditions qu'ils ont décidé, par une manifestation et une campagne d'information d'alerter l'opinion publique afin que chacun sache où se situent les responsabilités.
Ils proposeront à la prochaine Assemblée Régionale de bloquer tous les crédits prévus sur le schéma régional (32 millions) tant qu'une décision précise et chiffrée n'aura pas été prise pour la réalisation immédiate des travaux sur l'axe Aix-Sisteron.
Quelles que soient les raisons qui justifient la décision de l'Etat de renoncer à la réalisation de l'Autoroute, celui-ci doit, dès 1980 et à partir des études déjà faites, engager, grâce à des crédits spéciaux, les travaux d'amélioration de la R.N. 96.
C'est l'avenir économique de deux départements Alpins qui est en jeu.
L'Axe Val de Durance, reconnu par tous comme essentiel à l'avenir de la région Provence Alpes-Côte d'Azur, ne doit plus être un goulot d'étranglement, où, chaque week-end, des milliers de visiteurs sont immobilisés et où, en semaine, les usagers et notamment les poids lourds perdent des heures précieuses.
Le dimanche 17 février se tiendra, à Voix, une manifestation en faveur de la « Desserte Routière du Val de Durance ».
Cette manifestation sera suivie d'une Conférence de Presse, à 16 h 30, au pays rural de Volx.
(1) L'avis des élus n'avait encore une fois pas été entendu.
"Source :
http://sisteronjournal.com/wp-content/uploads/2022/03/BM042096201_SISJOU_1980_02_16.pdf