« La ligne 11 est vitale » : à Neuilly-sur-Marne, les habitants se rassemblent pour le prolongement du métro
Élus et habitants sont venus en nombre, ce dimanche 11 juin, pour réclamer le prolongement de la ligne 11 du métro jusqu’à Neuilly-sur-Marne et Noisy-Champs. À l’heure où État et région fixent les futurs grands projets, le nerf de la guerre reste le financement.
Un rassemblement digne d’un meeting électoral. Sur l’estrade déjà chauffée à blanc par la chaleur suffocante, le maire de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), Zartoshte Bakhtiari, s’époumone devant une foule de trois milliers de personnes : « Vous êtes présents pour faire entrer dans l’histoire de Neuilly-sur-Marne cette date du 11 juin, à 11 heures, pour la ligne 11 (…) Ce métro nous le voulons, ce métro nous a été promis, plus que jamais ce métro nous l’attendons ici ! »
Sur la scène érigée dans le parc de Maison Blanche, le maire DVD, ceint de son écharpe tricolore, a réuni ses homologues des quatorze communes de l’établissement public territorial Grand Paris - Grand Est, et ses voisins de Seine-et-Marne, ainsi que les représentants du département et de la Métropole du Grand Paris.
Depuis une décennie, le chaud et le froid ont été soufflés sur le projet de prolongement de la ligne 11. Le maire le rappelle : « Le gouvernement avait présenté le projet en 2011. Mais il a été suspendu en 2017, sans nouvelle date. » Aux dernières nouvelles, en février dernier, la RATP a annoncé la mise en service de six nouvelles stations entre Porte des Lilas et Rosny-sous-Bois-Perrier au printemps 2024. Soit 6 km supplémentaires.
Quant à un éventuel prolongement au-delà, jusqu’à Noisy-Champs, un temps évoqué, il a lui aussi été remisé : « Il n’y en a pas besoin pour l’instant, la demande n’est pas suffisante », affirmait Laurent Probst, directeur général d’Île-de-France Mobilités (IDFM) en avril 2022.
« Ce n’est pas le travail qui me fatigue, c’est le trajet ! »
« Avec ses routes surchargées et ses bus totalement saturés, le territoire manque cruellement de transports en commun », martèle, au contraire, Zartoshte Bakhtiari pour justifier cette portion supplémentaire et ses six stations. « Chaque jour, sur cet axe allant de Rosny-sous-Bois à Noisy-le-Grand, vous pouvez croiser 86 000 habitants. Être enclavé, cela veut aussi dire être éloigné de la culture, de la vie sociale et très rapidement être ghettoïsés », argumente encore le maire.
Lors de cette mobilisation transpartisane, Xavier Lemoine, maire DVD de Montfermeil, renchérit : « Cette ligne 11 est vitale. À Clichy-Montfermeil, nous avons vu ce que l’enclavement a donné. »
Le parcours du combattant de Valérie, 53 ans, est éclairant. Celle-ci travaille dans une école maternelle au cœur de Paris, fait tous les jours l’expérience de transports en commun défaillants. Dès 7 heures, Valérie, qui réside dans le centre-ville de Neuilly-sur-Marne, prend le bus puis attrape le RER A et poursuit avec le métro. « C’est quarante-cinq minutes quand tout va bien ». Mais avec la pénurie de chauffeurs, elle peut attendre le bus vingt minutes. Elle aussi prie pour l’arrivée de la ligne 11 qui mettrait son lieu de travail à vingt minutes de son domicile. Et confie : « Ce n’est pas le travail qui me fatigue, c’est le trajet ! »
Les habitants ont déjà plébiscité le métro
Dans cette ville de Neuilly-sur-Marne, où les logements poussent comme des champignons, le manque d’infrastructures en transports accentue les déséquilibres : « 4 200 logements ont été lancés dans la ZAC. L’État a enjoint nos villes de construire plus de 12 000 logements sur l’ensemble du tracé. Tout cela ne peut se faire qu’à la condition qu’il y ait vraiment le métro », martèle le maire.
Beaucoup aussi ont fait de le calcul d’investir à Neuilly. À l’instar d’Olivia, 28 ans, qui vient d’acheter un bien dans la commune, parce que « ça va forcément prendre de la valeur ». Avec l’arrivée du métro, elle serait tout près de la station Fauvettes. Alors qu’actuellement elle parcourt vingt-cinq minutes en bus pour prendre ensuite le RER. Sans aucun doute, les habitants ont déjà plébiscité le métro.
Valérie Pécresse s’engage
Mais le nerf de la guerre reste le financement. Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, est venue le rappeler, indiquant qu’elle allait mettre « 4 milliards d’euros » pour le plan État région 2020-2028. « L’État ne s’engagera qu’à hauteur de 3 milliards et la Ville de Paris de 2 milliards. Il va falloir choisir les projets. Je m’engage à ce qu’on ne repousse pas le prolongement de la ligne 11. Et nous avons besoin que les entreprises contribuent, et pas seulement les usagers ».
Elle a ajouté : « Nous sommes en train de rédiger le schéma directeur de la région Île-de-France, qui fixe tous les projets. Le 5 juillet, il sera au vote et le prolongement de la ligne 11 y figurera. »