La Voix du Nord a écrit:Pour la défense du futur tram, la CGT ne fera pas rouler le bus à Saint-Saulve aujourd'hui et demain
Le Valenciennois dispose déjà d'une ligne de tram. D'ici quatre ans, il pourrait y en avoir deux de plus. ...
Celle qui s'arrêtera à quelques kilomètres de la frontière belge, à Crespin, fait débat notamment dans la commune de Saint-Saulve. Pour soutenir son entreprise, la CGT de Transvilles, l'opérateur des transports publics dans le Valenciennois, a décidé de monter au créneau. Aujourd'hui et demain, aucun bus ne passera par cette commune.
Entre la direction de Transvilles et la CGT, les relations n'ont pas toujours été amicales. Mais il est un sujet sur lequel les deux peuvent s'entendre : la nécessité de réaliser la nouvelle ligne de tram entre Valenciennes et Crespin. Le tracé fait beaucoup débat dans le Valenciennois. Une réunion publique a rassemblé plus de six cents personnes à Saint-Saulve le 9 septembre (notre édition du 11 septembre). Une très grande majorité des participants - dont une quarantaine de commerçants - a (re)dit son hostilité au projet et notamment au tracé par la rue principale de leur commune, une ancienne nationale. Ce qui a « meurtri » le patron du SITURV, Francis Decourrière. Et fâché la CGT qui ne comprend pas le refus de « ce moyen de transport d'avenir, moderne, accessible à tous » et qui permet à leur entreprise de se développer et de créer des emplois. « Nous sommes la seule entreprise du coin à avoir un tel projet de développement. Grâce au tram, nous sommes passés de 467 à 530 salariés. Les jeunes pleurent pour entrer chez nous. Si le tram se fait, il y aura encore des embauches et du développement », observe Malik Louadoudi, délégué CGT. Celui qui n'a pas l'habitude de mâcher ses mots dénonce « l'attitude inadmissible des commerçants qui refusent en bloc et sans aucun motif valable le passage du tram ».
1 500 usagers à pied
Les commerçants de Saint-Saulve ne veulent pas du tram. Qu'à cela ne tienne, pendant deux jours, ils ne verront passer aucun bus par la rue Jean-Jaurès. Dès 5 heures, les bus seront détournés. Les 1 500 usagers du bus à Saint-Saulve resteront donc à quai aujourd'hui et demain mais aussi jeudi, jour de grève pour la retraite à 60 ans. « Les clients iront expliquer aux commerçants pourquoi ils ont été obligés de venir à pied », s'amuse le délégué CGT. Hier, chauffeurs de bus, contrôleurs et agent de convivialité ont informé leurs clients par de l'affichage. Ce coup de sang de la CGT avait visiblement du mal à passer chez ceux qui dépendent du bus pour leurs déplacements. •
VÉRONIQUE BERTIN
Et évidemment, certains conducteurs ne suivent pas le mot d'ordre de la CGT, d'où une certaine confusion ambiante ... assez inédite, d'ailleurs, pour un projet de tram ?
La Voix Du Nord a écrit:À Saint-Saulve, les usagers de Transvilles ont dû faire de la marche à pied
Une avenue de Liège, à Valenciennes, et une rue Jean-Jaurès, à Saint-Saulve, sans bus (lire notre édition du 21 septembre). Hier et aujourd'hui encore, la très grande majorité des bus sont déviés pour ne pas avoir à circuler dans le centre de Saint-Saulve. Le mouvement lancé par la CGT est bien suivi.
Cette dame aux cheveux blancs attend son bus au pied de chez elle, avenue de l'Europe, à Saint-Saulve. L'affichette annonçant le boycott de sa ville par la CGT a disparu. Elle n'a pas lu le journal le matin. Elle n'est donc pas au courant qu'aucun bus ne passera devant chez elle aujourd'hui. La dame est dépitée. Elle voulait aller à Valenciennes. Elle ira donc un autre jour. Mais ça ne sera ni aujourd'hui car le mouvement continue, ni demain car l'appel à la mobilisation pour les retraites sera comme toujours entendu chez Transvilles.
À l'arrêt Poterne, rue de Mons, Philippe Lambert, secrétaire du CHSCT, informe les voyageurs présents à l'arrêt ou dans les bus des lignes 15, 16 et S1. À l'heure de la pause déjeuner, il a été rejoint par un autre conducteur-receveur, Abderrhamane Mouedden. « Nous montons dans les bus et expliquons aux clients que ce mouvement n'est pas contre eux mais que c'est notre façon de défendre le tram », raconte le délégué CGT. 13 h 50, un bus de la ligne 15 arrive. Le militant sait que le chauffeur va « tirer tout droit » par Saint-Saulve, « il habite rue Jean-Jaurès et ne veut pas du tram ». En effet, le chauffeur ne prend pas la déviation et traverse sa ville. Ils n'étaient pas nombreux hier à traverser Saint-Saulve, « deux ou trois chauffeurs », chiffre Julien Ruffin, le responsable marketing de Transvilles.
Dix minutes plus tard, ce chauffeur de la ligne 16 qui débute son service a bien l'intention de suivre la déviation. Quatre clients de Saint-Saulve présents dans son bus en font les frais. Quand au rond-point de la place Poterne, il se dirige vers le Phénix et non vers l'église Saint-Michel, les passagers se lèvent et le questionnent. Ils n'ont pas vu les affichettes aux arrêts ni celle collée dans le bus. Cette dame devait se rendre à la clinique. Cette demoiselle voulait aller à l'arrêt du supermarché. Toutes les deux devront descendre au Petit Saint-Saulve, à la limite avec Onnaing, et marcher. Stacie, 19 ans, rentre à la maison après sa matinée à l'école d'infirmière. Elle pensait que le bus la mènerait jusqu'au centre de Saint-Saulve mais elle en est quitte elle aussi pour rentrer à pied. Aujourd'hui, elle compte sur ses copines pour du covoiturage. Elle ne comprend pas bien pourquoi la CGT boycotte Saint-Saulve et le tram, « je ne suis pas pour. Ca va faire plein d'embêtements pour rien. On a déjà les bus. » Place Poterne, Maryline, conductrice de la ligne S1, arrive de Bruay-sur-l'Escaut. Son bus a douze minutes d'avance et elle doit donc attendre avant de poursuivre sa route. D'habitude, quand elle arrive à Valenciennes, le bus est plein. Là seuls trois passagers sont à bord. Maryline, depuis six mois chez Transvilles, a suivi le mot d'ordre de la CGT « parce que le tram c'est l'avenir ». Cette conductrice espère bien être formée pour conduire le futur tram. Alors aujourd'hui comme hier, ses bus ne traverseront pas Saint-Saulve. •