La Voix du Nord, Christophe Benoît a écrit:Travaux d’extension de la ligne de tram : pour les communistes, il faut « arrêter les frais »
Unis et unanimes sur la question du tram ! Les élus communistes, autant au syndicat des transports qu’à la Communauté d’agglomération du Douaisis, ont tenu une conférence de presse lundi. Ainsi, Freddy Kaczmarek, maire d’Auby et ancien président du SMTD, Jacques Michon, maire de Waziers et ancien vice-président chargé de l’exploitation, Alain Bruneel, conseiller général et maire de Lewarde, et une dizaine d’autres élus ont tenu à exprimer leur point de vue sur la question du tram et ses derniers rebondissements.
« Certes on ne fait plus partie de l’exécutif au SMTD. Mais on n’a pas toutes les infos que l’on aimerait avoir. Les seules dont nous disposons aujourd’hui sont celles des comités syndicaux. Il faut insister pour avoir des infos précises sur le sujet du tram », justifie en préambule Freddy Kaczmarek avant de clarifier la position des communistes : « On a une donnée importante : la rupture avec le constructeur APTS et la procédure judiciaire qui va s’engager. C’est un choix que nous partageons avec la présidente. Mais pour nous, ce tournant devrait nous permettre de remettre tout à plat. » À savoir la façon dont les travaux de prolongement de la ligne 1 doivent désormais être menés. Aux yeux des élus communistes, ces travaux estimés à 80 millions d’euros doivent être largement revus. « On prévoit un démarrage de travaux imminent avec une voie en béton qui va martyriser le paysage. Mais avec la procédure judiciaire qui s’annonce, on imagine bien qu’APTS ne va plus travailler sur le guidage et l’homologation du tram. Alors il faut revoir la façon dont on construit le prolongement de cette ligne. Il faut arrêter les frais ».
La solution des bus à haut niveau de service
Pour les représentants communistes, il existe une alternative : se servir des bus, pour assurer une desserte sur une voie en site propre qui leur soit réservée avec un cadencement des feux, à l’image de la Liane qui circule sur le boulevard de la Liberté à Lille. Tout cela sans « éventrer les communes traversées. Aujourd’hui, la voie béton et les 80 millions de travaux ne se justifient plus. Il faut être plus raisonnable et d’abord penser à la qualité de service que l’on va proposer aux usagers. » Et ils poussent la réflexion plus loin : pourquoi ne pas investir dans des bus à haut niveau de service (BHNS), qui offrent une vitesse commerciale importante, une grande capacité (ils peuvent atteindre 18 mètres de long) et peuvent circuler sur la voie existante (avec une ouverture sur les quais de chaque côté). Jacques Michon illustre son propos avec ce qui s’est fait à Tours où ces BHNS sont prioritaires partout et permettent de traverser la ville en une dizaine de minutes de moins que les voitures.
Un investissement qui permettrait de ne pas s’engager sur des travaux d’extension trop lourds et ne supprimerait pas les subventions qui sont de toute façon conditionnées par la création d’une voie en site propre et non par le véhicule qui circule dessus. Période de crise oblige, cette solution permettrait de ne pas se lancer dans des travaux d’ampleur et aurait un autre avantage non négligeable : calmer la colère de plusieurs maires. Autant ceux qui redoutent les travaux qui s’annoncent dans leur commune (à Lewarde notamment), autant ceux qui voient grimper le montant de leur participation au SMTD et estiment ne pas être desservis convenablement en retour. À l’image du maire d’Émerchicourt Michel Loubert : « En 2010, j’ai versé 7 524 euros au SMTD. En 2013, je devrais verser plus de 41 000 euros alors que je n’ai pas le service rendu dans ma commune ».
Mais que fait-on alors des rames d’Évéole ? La réponse est radicale : « que le constructeur APTS les reprenne et indemnise le SMTD en raison d’un matériel défectueux qui ne correspond pas aux attentes. Le contrat avec APTS est rompu. Il faut le rompre jusqu’au bout. »
Il est assez étonnant que ceux qui ont soutenu Evéole avec légèreté montrent aujourd'hui si peu d'états d'âmes. La question posée est, cela étant, légitime : est-il pertinent de rajouter encore 80 M€ pour permettre à la ligne de se hisser péniblement à ... 8 000 v/j ? ce alors même que les caractéristiques techniques du matériel roulant ne sont plus les mêmes. Tours, comme exemple de BHNS ? On aurait pu trouver plus probant. Et la reprise du matériel roulant par APTS avec indemnisation me semble loin d'être une partie gagnée d'avance.