Le Parisien a écrit:GRAND-ORLY Seine Bièvre propose aux trois communes de l’Essonne situées sur le futur tracé de financer le coût des travaux d’assainissement préalables à l’arrivée du tramway. Juvisy, qui doit débourser 1 million d’euros, refuse de financer « un projet qui ne concerne pas directement » ses habitants.
Nolwenn Cosson
Les habitants vont déjà subir les nuisances liées aux travaux. Il est hors de question pour la municipalité qu’ils en paient aussi le prix. La ville de Juvisy-sur-Orge vient de lancer une pétition contre ce qu’elle qualifie de « racket » de la part de l’établissement public territorial (EPT) Grand-Orly Seine Bièvre (GOSB). Ce territoire de vingt-quatre communes du Val-de-Marne et de l’Essonne est le plus vaste et le plus peuplé de la Métropole du Grand Paris.
Un courrier du 20 février sur le financement des travaux d’assainissement pour le prolongement du tramway T7 a mis le feu aux poudres. Cette ligne, mise en service en 2013, relie pour l’instant le nord du Val-de-Marne à Athis-Mons (station Porte-de-l’Essonne). À l’horizon mi-2030, il devrait parcourir les 3,7 km supplémentaires qui séparent l’actuel terminus d’Athis du grand pôle multimodal de Juvisy-sur-Orge (RER D et C, 28 lignes de bus) et ses 70 000 voyageurs par jour.
Après des années d’immobilisme, les chantiers préparatoires ont débuté en février dans les communes d’Athis-Mons, de Paray-Vieille-Poste et de Juvisy-sur-Orge. Ils concernent notamment le dévoiement de nombreux réseaux enterrés, dont des collecteurs d’assainissement d’eaux usées (pour 2 millions d’euros, à la charge de GOSB) et pluviales (pour 3 millions d’euros).
« Les travaux sur les réseaux d’eaux pluviales sont normalement financés avec l’enveloppe annuelle d’investissement voirie de la ville où ils se situent », rappelle dans son courrier Michel Leprête, le président (PCF) de GOSB. Ici, « compte tenu de l’intérêt du prolongement du tramway à l’échelle du territoire et afin de limiter l’impact direct sur les villes », l’établissement public propose de prendre directement à sa charge un million d’euros. Le reste serait réparti au prorata du linéaire du prolongement.
1 million d’euros pour la commune
Soit 2 millions d’euros, répartis ainsi : 400 000 € pour Paray-Vieille-Poste, 600 000 € pour Athis-Mons et 1 million d’euros pour Juvisy-sur-Orge. « Il n’y aura aucune répercussion fiscale sur les habitants, ni sur les services publics gérés par l’EPT comme la médiathèque, la piscine ou encore la collecte des déchets », tient à rassurer GOSB.
« Pourquoi devrions-nous payer pour un projet qui ne concerne pas directement les habitants de Juvisy ? Nous, on a déjà la gare, s’agace Lamia Bensarsa Reda, la maire (DVD). Les vingt-quatre villes de l’EPT sont censées profiter de ce projet d’intérêt régional. Le fonctionnement du siège, à Orly (Val-de-Marne), coûte 2 millions d’euros par an. Cinq millions, ce n’est pas grand-chose à son échelle. Il est scandaleux que l’on vienne chercher cet argent dans les poches des villes. Une commune de 17 000 habitants devrait donc contribuer à hauteur d’une intercommunalité de plus de 700 000 habitants ? »
Selon l’élue, cela aurait un impact direct sur la gestion de sa ville. Car, comme l’indique Michel Leprête dans son courrier, l’enveloppe allouée aux travaux de voirie devra être réduite pour 2023 et 2024. Paray-Vieille-Poste n’aurait plus que 340 000 €, Athis-Mons 1 637 647 € et Juvisy-sur-Orge 421 176 €.
Trop de sacrifices pour les Juvisiens
Jean-Jacques Grousseau, maire (PS) d’Athis-Mons, confie « ne pas être fermé à cette proposition » tout en restant vigilant sur les conditions. En revanche, « pour l’année 2023, il est trop tard, les dépenses ont déjà été engagées », indique l’élu. « Il ne faut pas oublier que le T7 va apporter une plus-value pour notre territoire. Et que, par exemple, Île-de-France Mobilités va financer les travaux de réfection des trottoirs de la nationale 7 (par où passera le T7) pour les requalifier en espace public. »
Mais pour Lamia Bensersa Reda, c’est trop de sacrifices pour ses habitants. Si la majorité municipale a toujours assuré ne pas être contre ce prolongement, elle a émis des craintes « sur les conséquences néfastes du tracé » pour ses administrés. « En plus des nuisances (liées aux travaux), nous allons devoir faire une croix sur de nombreux projets. Comment j’explique aux riverains de l’avenue de la Terrasse que les travaux attendus depuis des années vont devoir être reportés ? Demander aux Juvisiens de financer le tramway pour un million d’euros relève, si ce n’est de la provocation, au moins de la double peine. » De son côté, le président (LR) de l’Essonne, François Durovray, appelle GOSB « à prendre toutes ses responsabilités ».
Michel Leprête assure « être bien conscient de l’effort important que cela représente ». Un dossier de demande de subventions va prochainement être déposé auprès de la préfecture du Val-de-Marne. La métropole du Grand Paris sera également sollicitée.
Pour IDFM, la discussion ne changera pas le calendrier
« Cette discussion financière en cours est normale. Elle est sans impact sur le calendrier des travaux de prolongement du T7 à ce stade, concluent les services d’Île-de-France Mobilités. Nous poursuivons les échanges avec les collectivités, notamment l’EPT, pour identifier ensemble toutes les sources de financement possibles de ce type de travaux spécifiques sur les réseaux concessionnaires. Tous les acteurs sont mobilisés pour faire avancer le prolongement du T7, nous sommes confiants et les travaux préparatoires déjà engagés se poursuivent. »