Chantier du RER E : quatre ans pour percer 170 mètres de tunnel
Le tunnel dit d’entonnement, faisant la jonction entre la gare Haussmann-Saint-Lazare, à Paris, et le prolongement de la ligne à l’Ouest, est terminé. Il a dû être creusé «à l’ancienne», sans tunnelier.
Le 4 mai 2021. Les ouvriers préparent la paroi qui sera percée par le tunnelier Virginie et qui marquera la fin du percement du tunnel de prolongement du RER E vers l'Ouest. LP/Jila Varoquier
Le 4 mai 2021. Les ouvriers préparent la paroi qui sera percée par le tunnelier Virginie et qui marquera la fin du percement du tunnel de prolongement du RER E vers l'Ouest. LP/Jila Varoquier
Par Jila Varoquier
Le 7 mai 2021 à 08h00
Lorsque l’on ouvre la petite porte d’une cloison de Placo rose, au loin, cachée par la poussière du chantier, ils sont là. Les quais de la gare d’Haussmann-Saint-Lazare du RER E, et leurs passagers. Depuis quelques jours, un tunnel annexe (un « entonnement »), réalisé dans le cadre du prolongement de la ligne vers La Défense et les Yvelines, joint la gare existante à la future ligne en construction. Il permettra de relier l’actuel RER E au nouveau tunnel jusqu’à Nanterre. Une avancée symbolique. Mais qui annonce le maintien du calendrier pour une mise en service de cette portion en 2023.
Ces 170 mètres essentiels n’auraient pas pu être creusés par le tunnelier : « C’est à cause de la ligne 14 qui passe au-dessus, détaille Pierre Merand, responsable maîtrise d’œuvre chez Egis, en montrant le plafond. Nous n’avons pas assez de place pour faire passer le tunnelier de 11 mètres de diamètre. »
Un travail minutieux
Il a donc fallu percer de façon « classique », c’est-à-dire avec une « fraise » et une pelle mécanique. Un travail de titan qui a pris presque quatre ans. « Dans cette zone hyperdense, le puits qui permet de faire passer le matériel est très étroit », ajoute Matthieu Bachollet, directeur d’opérations chez SNCF Réseau. Les machines ont dû être descendues en pièces détachées pour être montées sur place et utilisées. « Mais au début, on n’a pas la place pour les mettre toutes, raconte Pierre Merand. Alors on creuse un mètre, puis on remonte une machine pour en descendre une autre qui permet de poser les cintres (NDLR : des arceaux en acier) pour maintenir les parois. Puis la remonter, pour descendre une troisième qui projette le béton… » Le tout, le plus silencieusement possible en raison des immeubles d’habitation à proximité et le plus minutieusement possible en raison des tunnels des quatre lignes de métros (3,9,13,14) et du RER A à proximité.
Au détour d’une galerie, on peut désormais apercevoir les quatre tunnels qui accueilleront les trains. C’est ici aussi que l’on passera de quatre à deux voies. Et que le système de pilotage automatique en cours de déploiement – Nexteo – permettra théoriquement de maintenir l’intervalle de 108 secondes en heure de pointe entre les trains en provenance ou à destination de l’est – Chelles et Tournan (77) – et de l’ouest, Mantes-la-Jolie (78). Soit 28 par heure.
Reste à installer… les câbles, les lumières et bien sûr le matériel ferroviaire (voies et caténaires) en attendant l’ultime jonction. Prévu pour 2022 mais retardé en raison de la crise sanitaire, le prolongement jusqu’à Nanterre devrait être mis en service mi-2023. Le reste jusqu’à Mantes-la-Jolie est, lui, prévu avant 2025.
Le Parisien