Enver a écrit:L'AFP a écrit:Le gouvernement a entériné jeudi l'abandon du projet du tram-train de la Réunion
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"C'est une avancée majeure, je suis extrêmement satisfait", a déclaré à l'AFP M. Robert
L'AFP a écrit:Le groupement Tram'Tiss, composé notamment de Bouygues travaux-publics, Véolia transports urbains, Colas, Axa, Bombardier, indique que le projet "peut et doit être poursuivi". Selon une source proche du dossier, le groupement envisagerait de réclamer 200 millions d'euros à la région, au titre du manque à gagner. Cette somme représenterait entre 10 et 15% de l'investissement (1,6 milliard d'euros) ou 5% de la totalité du marché (plus de 4 milliard d'euros sur 45 ans).
Ce matin à 8h30, l’Intersyndicale du BTP appelle à un rassemblement devant la Région. Depuis vendredi, c’est devant la Région qu’Hermann Elise, président du syndicat Vigilance terrassiers La Réunion (VTR) a installé ses engins de BTP. À cause du report ou de l’arrêt de chantiers, son entreprise est au bord de la rupture, et elle compte donc sur le tram-train pour passer le cap. C’est l’inquiétude partout.
C’est en effet aujourd’hui qu’expire la clause suspensive du contrat de partenariat public privé signé le 1er décembre dernier entre la Région et Tram’Tiss, le groupement d’entreprises qui doit construire et exploiter le tram-train de La Réunion.
Ce contrat prévoit le démarrage du chantier dès que possible, c’est-à-dire dès qu’une solution sera trouvée pour financer le paiement de la redevance annuelle à payer à Tram’Tiss. Mais la nouvelle direction arrivée à la Région a tout remis en cause. À peine élu, le nouveau président de Région a rencontré le gouvernement pour évoquer l’abandon du tram-train. Lors de sa visite à La Réunion, la ministre de l’Outre-mer a confirmé cette orientation choisie par Didier Robert. Or, ce choix va à l’encontre du contrat signé par la collectivité qu’il préside depuis mars.
Didier Robert préfère aller bat’karé à Nice
En effet, la Région devait rechercher avec l’État une solution pour financer la redevance nécessaire à l’exploitation et à la réalisation du tram-train, mais pas une solution pour abandonner le projet. Et rien dans l’attitude du nouveau président de Région ne laisse présager une issue favorable. Invité sur le plateau de RFO-Télé le soir de la première séance plénière de la Région qu’il a présidée, Didier Robert a annoncé vouloir prochainement s’exprimer « abondamment » sur le tram-train. Mais ne voyant rien venir, le monde du BTP s’est encore plus inquiété. Une mobilisation de l’Intersyndicale a provoqué une rencontre entre les représentants des travailleurs et Didier Robert le 19 mai dernier. Ce dernier s’est engagé à prendre position au plus tard le 31 mai sur le tram-train. Mais il n’a pas respecté la parole donnée.
Car absent depuis la semaine dernière de La Réunion, Didier Robert n’a pas réuni l’assemblée plénière qui devait décider de la suite à donner à la clause suspensive du contrat de partenariat public-privé qui lie la Région et Tram’tiss. Plutôt que de venir s’exprimer, il préfère prolonger son séjour hors du pays aller bat’karé à Nice.
Cette absence est une décision lourde de conséquences.
Elle signifie enterrer le tram-train, retarder la nouvelle route du littoral et porter un coup fatal au BTP.
Quelles études pour la route à 6 voies ?
En effet, Didier Robert a annoncé vouloir utiliser les crédits du tram-train pour construire une route du littoral à 6 voies. C’est une remise en cause du Protocole de Matignon qui prévoit la construction du tram-train et d’une route littoral à quatre voies sur la base d’études suffisamment argumentées pour que l’État et l’Europe s’engagent aux côtés de la Région sur deux investissements dont le montant cumulé dépasse 2 milliards d’euros.
Une nouvelle route du littoral à six voies est-elle possible, si oui quand, et quand commenceront les études ? Le chantier de la nouvelle route du littoral est retardé, et il semble difficile de croire qu’il puisse être lancé d’ici 2014. Ce sont donc au moins 4 ans de perdus qui s’ajoutent à la suppression du tram-train.
Jadis secteur le plus dynamique de l’économie de notre île car fort de plus de 23.000 salariés, le BTP voit se dessiner un coup fatal. L’abandon de grands projets, dont celui de la rocade du Tampon par Didier Robert, et la diminution des investissements de l’État dans le logement ont fait brutalement perdre des milliers d’emplois au secteur du BTP. L’arrêt du tram-train et le retard de la mise en chantier de la route du littoral auront un résultat dramatique : c’est un coup fatal porté au BTP.
La première conséquence de cette décision, ce sont des milliers d’emplois supprimés. Comme pour la rocade du Tampon, le Zénith ou le Pôle océan, les travailleurs paient le prix des décisions qui cassent les projets.
Manuel Marchal
«Quand il y a un requin dans l’eau, dit un proverbe australien, l’important n’est pas de nager plus vite que le requin mais plus vite que les autres.» Le tram-train enterré, la course va s’engager entre l’ancienne et la nouvelle majorité du conseil régional pour rejeter sur l’autre la responsabilité de ce monumental fiasco et tenter d’échapper à la vindicte populaire.
Tous les Réunionnais n’étaient pas favorables au tram-train mais tous voudront certainement savoir pourquoi l’on a dépensé, depuis trois ans, pas moins de 70 millions d’euros pour un projet qui ne verra jamais le jour. Un gaspillage d’argent public dont tous les secteurs d’activité – social, économique, politique et financier – risquent de pâtir. Sans parler de l’image désastreuse envoyée aux investisseurs extérieurs et aux grandes entreprises nationales sur la crédibilité de nos institutions.
L’heure des comptes est donc venue et avec elle se pose une série de questions dont la première est de savoir comment on a pu faire croire aux Réunionnais pendant des années que le projet était réaliste et réalisable pour découvrir, en toute fin de parcours, qu’il manquait non pas 5, 10 ou 20% de son financement mais 80%! Soit plus des trois quarts de son coût. 80% qui correspondent aux 80 millions d’euros de la fameuse dotation ferroviaire réclamée à l’Etat par Paul Vergès pour une durée de 40 ans et destinée à rembourser à Tram’Tiss la redevance annuelle de 100 millions d’euros.
Comment expliquer que la Région ait attendu octobre 2009 pour avouer son incapacité à payer une telle somme alors que Pierre Vergès n’a cessé de prétendre pendant des mois qu’elle en avait les moyens, se félicitant même à l’ouverture des plis de l’appel d’offres que le projet coûtait «moins cher que prévu»: 1 550 millions d’euros au lieu de 1 600?
Flou et non-dit
Comment comprendre que le groupement Tram’Tiss ait cru à la solvabilité de la Région alors qu’il avait en main toutes les cartes, notamment une étude de la préfecture datant d’octobre dernier et concluant que la collectivité ne pouvait soutenir financièrement un tel projet? Cette étude de la Mission régionale d’expertise et financière avait montré que même en supprimant la totalité des investissements régionaux n’ayant pas encore fait l’objet d’engagement juridique (pont de la rivière des Galets, sécurisation de la route du littoral, MCUR, construction de trois lycées, déviation de Saint-Benoît, etc.), soit 407 millions d’euros, la Région ne pouvait dégager que 31,3 millions d’euros d’économie par an, soit moins de la moitié de ce qui manquait au tram-train.
Comment ne pas s’interroger de même sur l’attitude des patrons du BTP, des syndicats, des investisseurs locaux et de Tram’Tiss, qui ont continué à miser sur une substantielle rallonge de l’Etat (3,2 milliards d’euros sur 40 ans, en euros actuels) dans un tel contexte de crise et de gel des dépenses publiques?
Comment ne pas s’étonner que Didier Robert ait attendu le 11 mai dernier pour interroger par courrier le Premier ministre sur la dotation ferroviaire alors qu’il l’a rencontré en personne un mois auparavant à Matignon?
Comment expliquer, enfin, le flou et le non-dit du gouvernement ces derniers mois sur la faisabilité du projet alors qu’un non catégorique à la demande de rallonge financière de la Région suffisait pour dissuader Paul Vergès de signer le contrat avec Tram’Tiss? Le Premier ministre a préféré attendre trois jours avant la fin du sursis de six mois (accordé par Tram’Tiss à la Région pour rechercher l’aide complémentaire de l’Etat) pour prononcer son verdict sans appel : il «ne prévoit pas d’accorder à la Région, sous forme de dotation ferroviaire ou sous toute autre forme que ce soit», un centime de plus pour financer le projet.
Ces questions (et beaucoup d’autres) devront tôt ou tard trouver des réponses pour que toute la lumière soit faite sur cet incroyable gâchis et établir les vraies responsabilités. Des élus au patronat, des syndicats aux services de l’Etat en passant par les médias, personne ne pourra se défiler.
«Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes», dit-on en justice. S’il ne reste aujourd’hui aux partisans du tram-train que les yeux pour pleurer, c’est peut-être pour ne pas les avoir ouverts assez tôt.
Autocar a écrit:Belle idée d'avoir passé un PPP avant d'être sûr du financement... Conclusion la Réunion va devoir payer des dommages et intérêts aux groupes capitalistiques. Il n'y a pas qu'en métropole que les politiques sont mauvais !
C'est sûr, 6 voies, sachant ce qu'il y a aux extrémités, c'est surréaliste, et vu le rythe d'évolution de saint-denis, ce n'est pas près de changer...le gros yeti a écrit:Une route à 6 voies sur la mer ça me parait complètement débile surtout si on maintient les entrées de Saint-Denis ainsi.
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