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https://www.lesechos.fr/pme-regions/ile ... ne-2073589Les déboires du tram-train T12 d'Evry à Massy irritent élus et habitants de l'Essonne
Le tram-train T12 entre Evry et Massy, déçoit fortement, jusqu'ici, élus et usagers. Depuis son inauguration en décembre dernier, les retards et les difficultés se sont multipliés. Selon l'opérateur Keolis, la situation serait en cours de règlement.
Depuis l 'inauguration en fanfare du T12 , en décembre dernier, les élus locaux déchantent. Le territoire attendait ce mode de transport, qui relie Evry, la capitale administrative du département à Massy, sa capitale économique, depuis une quarantaine d'années. Le véhicule hybride (tram sur une partie du trajet, et train ensuite) traverse une douzaine de communes et permet de relier les RER B, C et D et, à terme la ligne 18. Pour marquer le coup, plusieurs communes avaient même organisé des événements festifs le jour de l'inauguration. Un mois plus tard, il faut bien constater que la promesse d'un tram-train toutes les 10 minutes en heures de pointe et 15 minutes en heures creuses n'est pas tenue pour l'instant.
Gros problèmes de conducteurs
De nombreux passages du tram-train n'étant pas assurés, retards et annulations s'accumulent. « Des trains inscrits sur les panneaux disparaissent à la dernière minute. Des attentes de 45 minutes entre deux rames sont fréquentes », pointent plusieurs élus du département. Le maire de Grigny, Philippe Rio, pourtant très enthousiaste lors du lancement du projet, se désole aujourd'hui. Il a lui-même attendu un jour sur le quai de la gare avant de se résoudre à prendre sa voiture pour rejoindre Paris. Sans compter que la partie des usagers qui a perdu l'accès direct à Paris via le RER C, se sent particulièrement pénalisée.
Les raisons des difficultés sont multiples : des rames non livrées, un nombre de conducteurs nettement inférieur aux prévisions et des bugs liés au lancement de la ligne. « Les usagers paient les pots cassés de l'impréparation des autorités de transport. Pourtant la plupart des sujets auraient pu être anticipés. En particulier le problème de manque de conducteurs, au regard des conditions de travail et de salaires très dégradées de l'opérateur Transkeo, filiale de Keolis », affirme Céline Malaisé, présidente du groupe de la gauche communiste écologiste et citoyenne à la région Ile-de-France.
Propos rassurants
« Il n'est pas question de nier les problèmes, ils sont réels. Pour autant, ils sont essentiellement conjoncturels et vont se résoudre dans les prochains mois. J'ai convoqué les dirigeants de Keolis et ils sont en train de prendre des mesures pour régler la situation », tempère largement Stéphane Beaudet, vice-président (SE) chargé des transports à la région et maire d'Evry-Courcouronnes. Même tonalité à Keolis, où l'on affirme notamment que le manque de conducteurs est en cours de règlement. Il serait lié à un taux d'échec important aux examens chez les chauffeurs en cours de formation.
« Nous avons déjà recruté des conducteurs supplémentaires, d'autres vont arriver bientôt, ainsi que de nouvelles rames », affirme l'opérateur. Keolis assure également qu'il faut tenir compte d'un temps de rodage des machines. Ces justifications ont cependant un peu de mal à passer du côté des usagers qui avaient depuis longtemps alerté sur les difficultés spécifiques de ce tram-train. « Nous n'avons pas été suffisamment entendus dans ce dossier ; la situation des voyageurs qui perdent l'accès au RER C n'a aussi pas été prise en compte à sa juste mesure », affirme Marc Pélissier, président de l'association des usagers de transports d'Ile-de-France.