La Tribune a écrit:Une ligne de métro peut-elle restructurer un territoire désorganisé ?
Peut-on faire travailler ensemble toutes les couches du mille feuilles des collectivités et sociétés publiques pour, avec les habitants, optimiser les effets du métro et réorganiser un territoire de banlieue un peu abandonné ? C’est le pari lancé avec le prolongement de la ligne 11 du métro, un projet totalement innovant.
La 11 c'est, de Chatelet à Mairie des Lilas, la plus petite ligne du métro parisien. Elle est en passe de devenir la plus innovante. Avec le Grand Paris Express, elle va enfin être prolongée jusqu'à Noisy-le-Grand et Champs-sur-Marne, et 17 bonnes fées ont décidé de se pencher sur elle. La raison ? Comme le dit Jean-Paul Huchon, "une gare ne fait pas un quartier", et les 6 premières nouvelles gares, qui vont desservir 235.000 habitants, ne feront pas non plus des quartiers si toutes les collectivités locales et sociétés publiques de transport ou d'aménagement ne se regroupent pas pour essayer de penser l'organisation du territoire autour des gares.
Cette démarche est une première. Inspirée de ce qui s'est passé à partir de 2011 à Grenoble autour du tram, elle pousse chaque partenaire à intervenir dans sa zone de compétences pour penser la manière la plus raisonnable d'organiser et de densifier les territoires autour de la ligne.
Lier transport, urbanisme et logement
La 11 traverse en effet une vraie banlieue parisienne où s'entremêlent le foncier cher (celui qui touche Paris, des Lilas au bas Montreuil) et du foncier pas cher, du logement social, des pavillons, des commerces et industries avec 85.000 salariés et pas de transports collectifs lourds.
Un territoire peu organisé mais avec un fort potentiel, où l'enjeu va être de penser conjointement le réseau de transports et l'aménagement urbain, et d'éviter bien sûr la spéculation sur le foncier. Et peut-être aussi de favoriser les investissements sur un territoire qui, de l'aveu de Daniel Guiraud maire des Lilas et président de l'Association pour la promotion du prolongement de la ligne 11 (qui, depuis 2003, se bat, tous courants politiques confondus) "a été trop longtemps oublié dans les investissements" :
"L'idée d'un prolongement seul n'a pas forcément de sens. Ce qui a du sens, c'est cette démarche au carrefour du transport, de l'urbanisme et du logement", ajoute Daniel Guiraud
Pratiquement? Les 17 partenaires de la ligne ont signé un contrat avec un programme d'actions ou quartiers par quartiers, sous-quartiers par sous-quartiers, ils vont mettre à plat avec les habitants les questions touchant la santé, les commerces, les services publics le foncier, la communication, etc. Puis, chaque partenaire, en fonction de ses compétences, prendra en charge l'application de ce qui a été décidé.
Cela va aussi bien de la redéfinition des plans de déplacement autour des hôpitaux qu'à la rénovation des commerces, du développement de projets immobiliers au réaménagement des axes de circulation et même jusqu'à penser l'évolution du centre commercial de Rosny 2 en liaison avec les nouveaux objectifs
Faire travailler ensemble toutes les feuilles du mille-feuille
La région Ile-de-France chapeaute tout cela et c'est Alain Amedro, le vice-président en charge de l'aménagement qui est la cheville ouvrière de l'opération. Il monte le dossier depuis quelques années, il a commencé à faire bouger des choses, mais il est confiant : l'opération sera reproduite autour la tangentielle nord, les 28 kilomètres de voies ferrées au nord de Paris.
En fait, la ligne 11 est non seulement un moyen de reconnecter un territoire très mal desservi mais également un outil pour restructurer le territoire lui-même qui est très marqué par une topographie pas facile comme le plateau de Romainville, des infrastructures (A3, A86, faisceau ferré de Rosny) et de grandes emprises infranchissables, comme le Fort de Noisy de la DGSE.
Le métro va fluidifier et permettre une "densification raisonnée". Tout le jeu consiste à optimiser tous les effets possibles du métro en faisant travailler en commun toutes les couches du mille-feuille. Pas facile, mais le pari est joli.
Le Parisien, Grégory Plesse a écrit:Plus de sept milliards d'euros pour les transports franciliens
À la fin de la semaine, le conseil régional doit adopter le contrat de plan Etat-région pour la période 2015-2020. Au centre de ce dernier, les transports en commun, pour lesquels 7,3 Mds€ vont être engagés durant la période. « On est dans la fourchette haute de ce qu'on pouvait attendre », jauge le vice-président (EELV) chargé des transports au conseil régional, Pierre Serne, qui rappelle que l'Etat s'engage sur ce plan à hauteur de 1,4 Md€.
Dans les grandes lignes, la modernisation du réseau existant va se poursuivre à travers la réalisation des schémas directeurs des RER (1 Md€) et surtout le prolongement du RER E à l'ouest (1,75 Md€). Le prolongement de la ligne 11 semble également définitivement acquis (900 M€), tout comme la création de nouvelles lignes de tramways, de trams-trains, de bus à haut niveau de service...
Les sommes sont moins conséquentes mais Pierre Serne se félicite également que soit inscrite une ligne de crédit (10 M€) pour le vélo.
L'association des usagers des transports d'Ile-de-France estime pour sa part que « le compte n'y est pas ». « La phase 2 de la tangentielle Nord (liaison ferrée Sartrouville-Epinay et Le Bourget-Noisy-le-Sec) est reportée aux calendes grecques et les autres projets sont sous-financés », tranche ainsi Marc Pélissier.
« Prenez le prolongement du RER E. Il n'y a que 1,75 Md€ de prévu d'ici à 2020 alors que ce projet coûte le double et qu'il doit être mise en service en 2022. Il y a aussi les interconnexions du Grand Paris : 176 M€, c'est dérisoire alors que la gare de Bry-Champigny-Villiers (Val-de-Marne) est estimée à 200 M€ ! »
« Ce contrat de plan ne représente pas l'ensemble des moyens engagés pour les transports franciliens », tempère Pierre Serne, qui rappelle qu'il existe d'autres investissements par le biais des « contrats de la région et du Syndicat des transports en Ile-de-France (Stif) avec les opérateurs » ou les investissements portés directement par la Société du Grand Paris (supermétro).
« Ma seule inquiétude, c'est la partie qui sera supportée par les départements, soit 1,5 Md€, en grande partie pour le financement des lignes de tramway. C'est ainsi que c'est prévu mais il est vrai que les départements ne se sont pas encore engagés formellement à régler la note. »
Une exception toutefois : le prolongement de la ligne 11 vers Rosny-Bois-Perrier et du débranchement du T4 vers Clichy-Montfermeil, projets pour lesquels « un accord formel » a été signé avec la Seine-Saint-Denis.
Un dernier sujet chiffonne encore Pierre Mongin : le financement du prolongement de la ligne 11 du métro de Mairie-des-Lilas à Rosny-sous-Bois (93). « Je suis inquiet car le financement n'est pas bouclé alors qu'il était inscrit au contrat de plan Etat-région. Les collectivités comme le conseil général de Seine-Saint-Denis ou la Ville de Paris n'ont pas amené leur part. Or, nous devons envoyer les premières consultations pour travaux dès juillet. »
Selon Christophe Najdovski (EELV), adjoint aux Transports de la maire de Paris, l'Etat voudrait que la Ville contribue à hauteur de « 100 millions d'euros ». Mais la mairie ne l'entend pas de cette oreille et « va limiter sa contribution » à onze millions d'euros, selon un porte-parole.
Ce montant correspond à 10% du coût des travaux d'adaptation des stations existantes, a précisé cette source. « La Ville ne va pas financer des infrastructures hors de son territoire », a martelé M. Najdovski auprès de l'AFP, rappelant que la Ville apporte déjà 30% des contributions publiques dont bénéficie le Stif (l'autorité organisatrice des transports franciliens).
otto a écrit:Je me demande dans quelle mesure il n'y a pas là de la part de la Ville de Paris une forme de rétorsion à cause du retard soudain de la ligne 14 vers la Mairie de Saint-Ouen...
Maastricht a écrit:Le Parisien rend compte d'une petite cérémonie à Rosny-sous-Bois autour d'un forage préparatoire, avec du beau monde : MM Huchon, Bartolone, Troussel, MMes Pécresse et Borne, etc ... Le chantier proprement dit ne devrait pourtant débuter qu'en septembre 2016. Achèvement des travaux toujours escompté début 2022, et mise en service en ... 2023.
Benny a écrit:C'est clair et net, la campagne des régionales est bien lancée.
Un autre article du Moniteur sur cette petite démonstration politique :
Le prolongement de la ligne 11 du métro parisien sur les rails
Retourner vers Transports en commun
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 1 invité