L'appel est maintenant clos, et si le détail n'est pas encore disponibles, on a déjà de bonnes indications sur les tendances lourdes. Sans surprise, les BHNS se taillent la part du lion avec 52 projets, mais il s'agit, dans bien des cas, d'aménagements ponctuels sur des petits ou moyens réseaux de province : l'aménagement de lignes de bout en bout est évidemment minoritaire. Face à cela, seulement 16 projets de tramway, pour un montant proche. Outre la tramification du TVR caennais, on trouve les nouvelles lignes d'Amiens, Nîmes, Pointe-à-Pitre. Côté métro, deux seulement : prolongement de la B à Lyon vers les Hôpitaux Sud, et de la B toulousaine vers Labège. Huit téléphériques et funiculaires, qui font une entrée spectaculaire.
Pluie de candidats pour le 3e appel à projets de transports collectifs
Les collectivités locales désireuses de s'équiper d'un nouveau tramway, bus à haut niveau de service, téléphérique, navette fluviale ou tout autre système de "mobilité durable" avaient jusqu'au 15 septembre 2013 pour déposer leurs dossiers dans le cadre du 3e appel à projets lancé par le gouvernement. La liste que MobiliCités s'est procurée révèle 111 projets candidats pour six milliards d'euros d'investissements, plus que prévu. L'enveloppe de subvention de 450 millions d'euros va-t-elle suffire ?
Les préfectures, puis les services techniques du ministère des Transports (1) ont du pain sur la planche : il y a 111 candidatures au troisième appel à projets "Transports collectifs et mobilité durable" lancé par l'actuel gouvernement. La date butoir de dépôt des dossiers était le 15 septembre. Comme les deux précédents, il est inscrit dans la loi du Grenelle de l'environnement.
Une centaine de projets qui vont du métro, au tramway classique ou compact, téléphériques urbains, en passant par les bus à haut niveau de service, en site propre et même les navettes fluviales.
Y aura-t-il de l'argent pour tout le monde ? Et encore, les projets de vélos en libre-service ou les systèmes d'autopartage sont exclus de cet appel à projets. Les premiers doivent normalement faire l'objet d'un "Plan vélo" annoncé par Frédéric Cuvillier.
S'il y a plus de projets candidats, le gouvernement qui doit annoncer la liste des heureux élus en décembre 2013 après un deuxième écrémage du Comité technique du ministère des transports (auquel participe le Groupement des autorités responsables de transport, le Gart) va t-il répartir les 450 millions d'euros en de plus petites parts ? Ou prévoir une rallonge budgétaire ?
Interrogé par MobiliCités, le ministre des Transports Frédéric Cuvillier avait annoncé en mai une rallonge de 10% pour les projets qui auront comme souci de désenclaver les quartiers". C'est tout.
Et sur ces 450 millions d'euros, une enveloppe dont le montant n'est pas connu, sera réservée "pour financer des projets innovants en matière de mobilité durable": information multimodale, aménagements pour améliorer la performance des réseaux de transport collectif.
Seront également concernés "les projets concourant à un objectif chiffré et contractualisé de report modal". Dans ce cas, la subvention attribuée ne serait effectivement versée qu'"au vu de la réalisation de l'objectif prévu".
Tout le monde veut son BHNS
Dans ce 3e appel à projets, "de très nombreux sont portés par des petites agglomérations", confie une source proche du dossier. Chacun veut bus à haut niveau de service, le BHNS. Ce qui fait sortir de ses gonds la Fédération nationale des usagers du transport : "Rien ne remplace le tramway classique ou le bus en site propre", fustige Jean Sivardière, son président.
Alors, du tramway partout ? "Non, mais il commence à se répandre dans des agglomérations de taille moyenne comme prochainement à Besançon (et Aubagne, ndlr), car il faut voir grand, envisager la demande de transport future. Avec la population urbaine grandissante, elle va exploser dans les années à venir. Prenez le Busway à Nantes, il est totalement saturé", indique le représentant des usagers des transports.
"Il faut s'en féliciter, ça veut dire que ce bus à haut niveau de service est victime de son succès", lui rétorque Guy le Bras, directeur général du Gart. "Le combat entre les modes est un combat d'arrière garde, plutôt que de supprimer les solutions de transport, il faut les augmenter", ajoute Jean-Pierre Farandou, président de Keolis et du Gie Objectif Transport Public.
Selon la Fnaut, "un BHNS, ça fait bien sur le papier, mais ça devient vite un bus amélioré sans avoir les mêmes avantages qu'un tramway qui bénéficie de la priorité aux feux, donc d'une vitesse commerciale assurée. Selon ses calculs, un métro, ça va à 35 km/h, un tram à 22 km/h, un BHNS à 15 voire 11 km/h. "Les fiacres à chevaux faisaient du 8 km/h", se moque Jean Sivardière.
A Metz, en lieu et place du Mettis qui doit être inauguré début octobre 2013 et qui a bénéficié des subventions du 1er appel à projets de transports collectifs, "cela aurait dû être un tramway", juge-t-il encore.
L'argent du stationnement
Avec quel argent ? La Fnaut milite pour le péage urbain, or aucune agglomération autorisée à l'instaurer (celles de plus de 300 000 habitants) ne s'y est encore risqué.
Un versement transport additionnel, taxe sur les entreprises de plus de neuf salariés qui serait déplafonnée au delà de 2% maximum de la masse salariale ? Le Medef y est farouchement opposé.
La hausse du montant du stationnement en ville dont le produit serait perçu par les communes pour financer les transports collectifs ? Cette nouvelle source de financement est déjà moins virtuelle puisque le transfert de la compétence du stationnement est inscrit dans la nouvelle loi de décentralisation de Marylise Lebranchu, qui doit être examinée en seconde lecture devant le Parlement dans les prochains jours.
En attendant, il va falloir faire le tri parmi la centaine de candidats au nouvel appel à projets de transports collectifs et qui devront se partager 450 millions de subventions.
Nathalie Arensonas
(un peu légers, les chiffres du sire Sivardière ... quant à Mettis, on pourra gloser sur l'opportunité perdue, mais c'est un superbe standard en matière de matériel et d'aménagement urbain)
Les projets candidats et leur coût (liste non exhaustive) Tramway : 16 projets pour 2,31 milliards d'euros d'investissement (une ligne nord-sud à Marseille, 2e ligne à Angers, lignes 1 et 2 à Caen, ligne est-ouest à Nîmes, ligne A7 et extension du T5 à Lyon, extension de la ligne 1 à Toulouse, une ligne à Amiens, prolongement de la ligne A à Grenoble, un tram en Guadeloupe, 2 lignes à Strasbourg le centre ville, l'est et l'ouest de l'agglo, etc).
BHNS : 52 projets pour environ 2 milliards d'euros d'investissement (à Nevers, Toulouse, Lens, Saint-Médard-en-Jalles, Dijon, Nantes, Dunkerque, Nîmes, Chambéry, Châlon, Hénin-Beaumont, Lille, Charleville-Mézières, La Réunion, Chartres, La Rochelle, Poitiers, Les Arcs-Draguignan, Cherbourg, Etang de Berre, etc.).
Métro : 2 projets pour 793 millions d'euros d'investissement (prolongement du métro B à Lyon et de la ligne B à Toulouse).
Téléphérique et funiculaire : 8 projets pour 111,76 millions d'euros d'investissement (Brest, Aix, Marseille, Boulogne-sur-Mer, Orléans, Beauvais, Toulon).
Tram-train : 2 projets pour 90,6 millions d'euros d'investissement (Aubagne et Forbach).
Navette fluviale : 4 projets pour environ 23,5 millions d'euros d'investissement.
Projet de mobilité durable : 19 projets pour environ 335,7 millions d'euros d'investissement (Belfort, Vitrolles, Maubeuge, Evreux, Annemasse, etc.).
Projets permettant d'augmenter la capacité des métros : 2 projets pour 20,65 millions d'euros d'investissement (Lyon et Marseille et Lyon)
Projet de parking vélos proche des stations de transport collectif : 6 projets pour environ 8 millions d'euros d'investissement.
Total : 111 projets représentant environ 6 milliards d'euros.
N.A.Télécharger le dossier de Transport Public détaillant quelques projets de tramway et de BHNS candidats au 3e appel à projets (sept 2013)