Le projet du CDG Express de nouveau arrêté après la reprise sur 80% du tracé.
Le Parisien a écrit:
Mitry-Mory : le chantier du CDG Express à nouveau arrêté
La municipalité de Mitry-Mory avait déposé un référé-liberté contre la reprise des travaux, qui s’est faite en dépit d’une première décision de suspension du tribunal administratif de Montreuil en novembre dernier.
« Suite à notre référé, le tribunal de Montreuil nous donne raison et ordonne l'arrêt des travaux du CDG Express conformément à la décision du mois de novembre. Notre détermination paie ! »
C'est une nouvelle victoire pour la municipalité de Mitry-Mory et de sa maire (PCF) Charlotte-Blandiot-Faride, figures de proue de l'opposition au CDG Express, dont elles ont à nouveau obtenu la suspension du chantier, sous peine d'une astreinte de 1 000 euros par jour.
C'est ce qu'a décidé, vendredi dernier, le tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis), saisi par la municipalité de Mitry-Mory (Seine-et-Marne). Celle-ci avait déposé un référé-liberté, après la reprise des travaux sur 80 % du tracé le 19 janvier dernier.
Les engins avaient en effet recommencé leurs allées et venues sur le chantier de la future liaison ferroviaire directe, qui doit relier l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle et la gare de l'Est (Paris X e ) en vingt minutes. Et ce, en dépit de la décision du tribunal administratif de Montreuil rendue en novembre dernier.
« Une attaque à la démocratie », selon la maire
Ce dernier avait alors annulé une dérogation à l'autorisation environnementale permettant au CDG Express de traverser des zones, où vivent des espèces protégées, arguant qu'il ne répond pas « à des raisons impératives d'intérêt public majeur ».
S'ils avaient fait appel de cette décision, l'État, SNCF Réseau et le gestionnaire d'infrastructure CDG Express l'avaient dans un premier temps respectée. Mais le 19 janvier, les trois porteurs du projet ont décidé de passer outre cette décision, en se prévalant d'une étude menée par un écologue, mandaté par CDG Express.
Cette décision avait suscité l'indignation de Charlotte Blandiot-Faride, qui avait fait constater par procès-verbal la « reprise illégale des travaux » le 22 janvier dernier.
« J'y vois un acte grave qui atteint profondément en son cœur le fonctionnement de notre République. Lorsque les décisions de justice sont bafouées, ce sont les droits des justiciables qui sont mis à mal, c'est la Nation qui y perd ses valeurs, c'est notre modèle démocratique qui est piétiné. Je qualifie donc cette méthode d'attaque à la démocratie, à nos institutions et au respect des valeurs fondamentales de notre société », dénonçait, jeudi dernier, la première magistrate, en rappelant que l'appel de l'Etat n'était pas suspensif.
Un signalement auprès de la procureure de la République
L'occasion de glisser un tacle appuyé au ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari qui plaidait pour une reprise rapide des chantiers.
« Qu'adviendrait-il si toute personne, à laquelle le juge administratif interdit un acte, s'autorisait à l'exécuter, après en avoir référé à elle-même ou à un sous-traitant ? Et ce n'est pas parce qu'un ministre de la République croit qu'une demande de sursis à exécution permet de ne pas exécuter une décision de justice que la violation du droit est plus acceptable ! ».
En parallèle la municipalité a dénoncé la reprise des travaux à la procureure de la République de Meaux (Seine-et-Marne), estimant qu'elle constituait une possible infraction pénale.
Le ParisienLe Parisien a écrit:
Le chantier du CDG Express a repris entre Roissy et Paris
Les travaux du train express entre Roissy et Paris, à l’arrêt depuis une décision de justice, vont reprendre sur 80 % du tracé. Un écologue a dû s’assurer que des espèces protégées de lézards n’étaient pas en danger.
Pas de lézard pour CDG Express ! C'est un nouvel épisode étonnant dans le feuilleton de ce train direct mais contesté, prévu pour 2025 entre l'aéroport de Roissy et la Gare de l'Est à Paris (à 24 euros le trajet de 20 minutes). Les travaux, un temps suspendus par une décision de justice, vont en effet reprendre sur 80 % des chantiers… après un épisode cocasse qui met en scène une espèce de lézard protégé.
C'est ce qu'ont indiqué mardi les responsables du projet. Le tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis) avait annulé début novembre une dérogation à l'autorisation environnementale permettant au CDG Express de traverser des zones où vivent des espèces protégées.
« On a été obligé d'arrêter tous les travaux » qui avaient commencé sur les 32 km du tracé entre Roissy et Paris, a indiqué Grégoire Marlot, président de l'entreprise Gestionnaire d'infrastructure CDG Express. « On a mobilisé un écologue, un expert des espèces protégées », qui a inspecté le tracé en décembre, a-t-il ajouté.
Le spécialiste en a trouvé sur 20 % des chantiers, qui restent donc à l'arrêt. Il s'agit en particulier de lézards qui logent dans le ballast (les cailloux sur les voies ferrées), a relevé Grégoire Marlot. 80 % des chantiers ont commencé à reprendre la semaine dernière, et jusqu'à la mi-février », dans l'attente d'une nouvelle visite de l'écologue fin mars, a-t-il ajouté.
L'Etat espère un sursis
L'État, SNCF Réseau et le Gestionnaire d'infrastructure CDG Express ont fait appel de la décision du tribunal administratif, demandant un sursis à exécution qui permettrait de reprendre les travaux partout dans l'attente d'un nouveau jugement. « Si on n'a pas le sursis, le planning de toutes (les) opérations va être remis en cause », s'est inquiété Grégoire Marlot.
Sur un budget total de 2,2 milliards d'euros, 537 millions vont directement à la modernisation de la ligne B du RER, qui dessert la banlieue nord de Paris, et les plannings de travaux sont mêlés, a-t-il rappelé.
« Tous les projets de l'axe nord ont été étudiés ensemble, et les réétudier serait extrêmement long », a ajouté Alexandra Locquet, directrice générale du CDG Express, qui regroupe Aéroports de Paris (ADP), SNCF Réseau et la Caisse des dépôts.
Le CDG Express doit théoriquement ouvrir fin 2025. Si les retards dus au confinement du printemps ont été rattrapés, il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences de la décision du tribunal, selon les deux responsables.
Le tribunal de Montreuil n'estime pas « qu'une reprise de la croissance de trafic aérien puisse être anticipée à la date prévisible de mise en service de l'infrastructure litigieuse », qui selon lui ne répond pas « à des raisons impératives d'intérêt public majeur ». D'où l'annulation de la dérogation.
CDG Express conteste cette interprétation, estimant que le trafic aérien sera revenu à la normale à l'ouverture de l'ouvrage. C'est ce que défendait aussi dans nos colonnes le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari, qui juge ce projet « incontournable » et plaidait pour une reprise rapide des chantiers.
La maire de Mitry-Mory indignée
Une reprise des travaux qui a suscité l'indignation de Charlotte Blandiot-Faride (PCF) la maire de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), dont la commune avait attaqué et obtenu l'annulation partielle du chantier le 9 novembre dernier devant le Tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis).
« Personne ne nous a informés de la reprise du chantier alors que nous avions remarqué des allées et venues de camion depuis quelques jours sur site. Ce redémarrage est contraire à la décision du Tribunal administratif qui s'est appuyée sur une étude environnementale pour suspendre les travaux sur tous les tronçons où se trouvent des espèces protégées. C'est le cas sur l'ensemble sur les 8 kilomètres du tracé situé à Mitry. Les porteurs de projet se prévalent du passage d'un écologue qu'ils ont eux-mêmes missionné, mais il ne peut pas remettre en cause l'étude environnementale. C'est se mettre complètement hors-la-loi et au-dessus des lois ! », s'indigne la première magistrate, qui n'entend pas en rester là.
« Nous allons contacter nos avocats pour voir de quelle manière il est possible de pointer l'illégalité de ce redémarrage », prévient l'élue qui rappelle que l'appel de la société du CDG Express contre annulation des travaux n'est pas suspensif.
Cette dernière goûte d'autant moins la situation, qu'elle a appris la reprise du chantier dans la presse. « Le responsable du CDG Express a mon numéro de téléphone et c'est le silence radio depuis des semaines, alors que des riverains lui avaient demandé des informations sur des réfections endommagées après le passage des camions de chantier. C'est irrespectueux pour la commune et ses habitants car même si nous sommes farouchement opposés au projet, nous n'avons jamais pratiqué la politique de la chaise vide et nous n'avons jamais rompu le dialogue ».
Le Parisien