Une ligne BHNS sur la rocade de Bordeaux? Alors que les études montrent que la voiture est plus performante que les TC, et de loin.
Une ligne de bus autour de la rocade de Bordeaux à l'étude
Samedi 27 mars 2021 à 17:49 - Par Thomas Coignac, France Bleu Gironde
La solution d'une ligne de bus autour de la rocade de Bordeaux a été évoquée, ce samedi, alors que Bordeaux Métropole organisait une réunion sur sa stratégie de mobilité. "Je pense qu'on va pouvoir y accéder", dit même le président Alain Anziani.
C'est une idée qui a émergé au cours des deux heures de réunions, organisée ce samedi par Bordeaux Métropole. Autour des tables de la salle du conseil, 20 élus métropolitains, 20 représentants d'associations sur la mobilité, et 20 habitants qui s'étaient inscrits sur internet. A tous, le président de Bordeaux Métropole Alain Anziani, et le maire de Bègles, Clément Rossignol-Puech, chargé des stratégies des mobilités et mobilités alternatives, ont échangé, avec eux, sur la stratégie de mobilité dans l'aire urbaine de Bordeaux.
J'en ai parlé il y a un mois avec madame la préfète, qui regarde ça avec intérêt et attention
Et comme il y avait aussi une centaine de personnes connectées sur Facebook Live, les questions ont fusé, avant d'être dirigées vers Alain Anziani. Dont celle-ci : pourquoi ne pas envisager un bus à haut niveau de service (BHNS), qui circulerait tout autour de la rocade sur une voie réservée ? "On travaille avec la préfecture pour qu'un BHNS puisse emprunter la bande d'arrêt d'urgence de la rocade", répond Alain Anizani. "J'en ai parlé il y a un mois avec madame la préfète, qui regarde ça avec intérêt et attention. Donc, je pense qu'on va pouvoir y accéder".
Typiquement des idées de concertation qui pourraient devenir réalité dans quelques mois
Après la séance, Clément Rossignol-Puech promet de "regarder concrètement l’intérêt et le coût. Ce sont typiquement des idées de concertation qui pourraient devenir réalité dans quelques mois." "C'est une idée qui revient souvent en concertation, un bus circulaire sur la bande d'arrêt d'urgence de la rocade", constate-t-il. Les études menées auprès "de professionnels" permettraient alors de préciser des éléments du projet, comme le cadencement ou le potentiel de voyageurs. Il faudra aussi trancher des questions : "comment il pourra entrer et sortir de la rocade ?", "comment il pourra se raccorder au reste du réseau de transports en commun ?".
D'autres obstacles existent, pointe le maire de Bègles, qui précise que "la bande d'arrêt d'urgence de la rocade n'a pas la même largeur partout"; et que "le revêtement n'est pas forcément pensé pour ça, donc il faut faire des travaux pour le renforcer". Cela pourrait aussi devoir attendre le véritable serpent de mer qu'est la mise à 2x3 voies de la totalité de la rocade bordelaise.
Déjà testé entre les échangeurs 12 et 13
Depuis le mois de novembre 2019 (sous la mandature précédente), des bus de TMB circulent déjà sur la rocade, ceux de la ligne 39, dans les deux sens, entre les échangeurs 12 et 13, sur une voie qui leur est réservée. Sur son site, Bordeaux Métropole expliquait alors que "L’État (direction interdépartementale des routes Atlantique), en concertation avec Bordeaux Métropole, s’est engagé dès 2014 dans une réflexion sur l’aménagement de voies réservées prioritairement aux services réguliers de transport collectif sur la rocade bordelaise. Ces études ont permis d’adapter le projet de mise à 2x3 voies de la rocade en intégrant la possibilité de créer une voie réservée en lieu et place de l’actuelle bande d’arrêt d’urgence, par simple adaptation de la signalisation horizontale et verticale".
La voiture encore plus compétitive que les transports en commun
Outre les projets déjà à l'étude ou sur les rails, comme le RER Métropolitain ou le téléphérique, cette réunion, la première de trois sessions qui vont être organisées par la Métropole, servait aussi à faire un état des lieux du réseau de transports bordelais. Et en préambule, un rapport, confié au cabinet indépendant PWC, a pointé le fait que la voiture soit "souvent plus compétitive que les transports en commun pour se déplacer". Pour cela, le cabinet a comparé plusieurs trajets types. Par exemple, un trajet entre la gare Saint-Jean et l’aéroport, en semaine à 18 heures, dure entre 20 et 35 minutes contre 53 en transports en commun via la ligne 1. Autre exemple, celui d'un trajet d'un soignant, qui se rendrait au CHU depuis son domicile de Mérignac-Beutre, un vendredi à 8 heures : 15 à 20 minutes en voiture, contre 32 en transports en commun, avec un bus et un tram à prendre. Enfin, un Blanquefort - Saint-Médard-en-Jalles, un lundi à 18h, met une vingtaine de minutes en voiture, contre 43 avec deux bus différents... ce qui n'améliore pas les bouchons sur la rocade.
Et les raisons à cette meilleure performance de la voiture, le cabinet l'explique par une desserte en bus insuffisante. Selon lui, 25% des habitants ne sont pas directement desservis par un arrêt des lignes structurelles, (tramway ou lianes, le lignes de bus principales). C'est même le cas de 30% des emplois, particulièrement au-delà de la rocade, notamment à Mérignac. Peut être en raison de l'éloignement du centre-ville de nombreux métropolitains, le temps de trajet moyen a aussi augmenté : 69 minutes passées dans les transports en commun par jour, contre 60 en 2009.