http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/04/03/logistique-urbaine-des-pistes-pour-depolluer-le-fret-de-marchandise-en-ville_1679813_3234.htmlLogistique : des pistes pour dépolluer le fret de marchandise en ville
Près de 9 à 15 % du trafic urbain est dédié au transport de marchandises.
"Tramfret", fret par bateaux, distribution par camion électrique ou tricycles électriques... Depuis plusieurs années, les élus locaux et les spécialistes de la logistique urbaine réfléchissent à l'évolution des flux logistiques afin d'atténuer les nuisances au cœur des villes tant en matière de circulation que d'émission de CO2. Car près de 9 à 15 % du trafic urbain est dédié au transport de marchandises. Et ce fret urbain, véhiculé le plus souvent par camion, occupe environ le tiers des chaussées des métropoles, et est responsable du tiers des émissions de CO2.
Face à ces enjeux pour l'avenir de la ville, le Conseil d'analyse stratégique (CAS) organisait, mardi 3 avril, un séminaire sur la question de la logistique urbaine, et plus particulièrement sur le traitement de la "logistique du dernier kilomètre", qui représente aujourd'hui 20 % du prix du transport de marchandise. Si l'on ne saurait se passer du fret urbain, qui témoigne de la vitalité économique d'une ville, il faut améliorer la mise en place de dispositifs innovants, assure le CAS.
DES DISPOSITIFS DÉJÀ EN PLACE
L'Ile-de-France et Paris n'ont pas franchement attendu les experts du CAS. Depuis 2004, Monoprix a mis en place un système d'acheminement par voie ferrée de marchandises vers une plate-forme installée à la gare de Paris-Bercy. Des flottes de camions roulant au gaz naturel prennent ensuite le relais pour approvisionner les 95 magasins de la marque. Monoprix a ainsi baissé de 50 % ses émissions de polluants par rapport à la situation antérieure.
Fort de cette réussite, d'autres projets sont en cours en Ile-de-France. A partir de septembre 2012, Franprix livrera par voie fluviale à partir du port de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne) une plate-forme logistique installée au pied de la tour Eiffel. Des camions serviront ensuite près de 80 magasins parisiens de cette enseigne. Objectif, baisser de 37 % les émissions de polluants. Enfin, la RATP a testé, fin 2011, la possibilité d'intégrer dans le trafic de tram, des trams dédiés au fret. Associé à des distributeurs, les "tramfrets", qui existent déjà à Zurich, pourraient alimenter des bases logistiques urbaines.
L'autre grand axe du chantier est justement de mettre en place un réseau de points de distribution mutualisés, desquels partent des véhicules "propres". Geodis s'est lancée dans cette voie en créant une offre Distripolis à Paris, et dans d'autres villes. D'autres, moins connus, le proposent également comme Greenway, une entreprise de transport rayonnant à partir du nord de Paris avec une flotte de véhicules électriques. The Green Link dispose pour sa part de trois bases logistiques à Paris, où les grands de la messagerie express comme Fedex ou TNT déposent leur colis.
FAIRE APPEL AUX OPÉRATEURS DU TRANSPORT DE PERSONNES
La livraison vers le client final se fait dès lors par tricycle électrique. Si de nombreux projets peuvent être répliqués hors de Paris, un rapprochement entre les pouvoirs publics et les acteurs privés est nécessaire. De même, assure le CAS, il est nécessaire d'agir avec méthode et de se doter d'un "guide national de la logistique urbaine", histoire que chaque acteur n'ait pas à réinventer une solution à chaque fois.
Le Conseil d'analyse stratégique préconise également de "donner toutes les compétences nécessaires aux autorités organisatrices de transport urbain pour coordonner les actions liées au transport de marchandise et permettre aux entreprises de transport de voyageurs d'assurer également ce type de transport". En effet, si la RATP a bien testé des tramfrets à vide fin 2011, elle n'a aujourd'hui pas le droit de transporter des marchandises. Une évolution du cadre réglementaire est donc nécessaire.
Philippe Jacqué