25 ans d'investissement dans les infrastructures terrestres

Discussion sur les politiques des transports, l'intermodalité, ...

25 ans d'investissement dans les infrastructures terrestres

Messagepar Alexandre » Lun 09 Jan 2017 13:59

Le CGEDD a publié un rapport faisant le bilan de 25 années d'investissement dans les infrastructures de transport terrestre.

Les Echos a écrit:Rail, routes, autoroutes : retour sur 25 ans d’investissement

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En un quart de siècle, la France a investi près de 400 milliards d'euros dans ses infrastructures terrestres - AFP/Sébastien Bozon

Près de 400 milliards d’euros ont été investis en France entre 1995 et 2015, relève une étude du Commissariat général du développement durable. Priorité a souvent été donnée au projets nouveaux, au détriment des réseaux existants.

"En France, il faut vingt ans pour créer une infrastructure", a lancé récemment le président de la SNCF, Guillaume Pepy. Une boutade ? Une critique ? Non, un simple constat qui vaut aussi bien pour le TGV Rhin-Rhône que pour l'achèvement de l'électrification de la ligne C du RER francilien. D'où l'intérêt de l'étude intitulée "Les infrastructures linéaires de transport : évolutions depuis 25 ans", que vient de publier le Commissariat général du développement durable (CGDD).

En un quart de siècle, leur linéaire a peu évolué (exception faite des lignes TGV, de métros et de tramways). "Pourtant, les investissements qui leur sont consacrés restent quasi stables, voire diminuent en monnaie courante (18,1 milliards d'euros en 2015 ) et, dans la mesure où une comparaison internationale peut être faite, sont moins importants que chez nos principaux partenaires européens ", notent les experts du CGDD (lire ci-dessous).

Propension à sacrifier l'entretien de l'existant

A la lecture de l'étude, une autre spécificité française se fait jour : la propension à sacrifier l'entretien des réseaux existants sur l'autel des projets nouveaux. Un tropisme qui, dans un pays doté du premier réseau routier d'Europe (1,2 million de km, soit 14% du total) et du deuxième réseau ferroviaire (derrière l'Allemagne), expose à des déconvenues. En effet, plus un équipement est ancien, plus il coûte cher à entretenir.

Les chiffres, tout d'abord. Entre 1990 et 2015, la France a investi 397 milliards d'euros (valeur 2015) dans les infrastructures terrestres : 69,4% pour les routes, 19,6% pour le réseau SNCF, 9,9% pour les réseaux ferrés urbains (métros et tramways) et 1,1% dans le réseau fluvial. Sur cette période, 147.000 km de routes ont été construits, surtout des routes communales (136.000 km), 1300 km de lignes à grande vitesse (LGV) et plus de 700 km de lignes de tramways. Plus sollicitées, ces infrastructures ont permis un accroissement du transport quasi-identique, qu'il s'agisse du fret (+27%) ou des voyageurs (+26%).

Réseau routier : 275 milliards en 25 ans

Un zoom sur chaque mode de transport ensuite. Et, sans surprise, la route domine. Durant ce quart de siècle,177 milliards ont été investis dans les routes secondaires, 45 milliards dans les routes nationales et 53 milliards dans les autoroutes. D'où un réseau unanimement salué pour ce qu'il est, de "dense et mature", mais qui rencontre depuis quelques années des problèmes d'entretien liés notamment à la baisse des dotations de l'Etat aux collectivités territoriales et aux problèmes de ressources de l'Agence de financement des infrastructures de transport de france (Afitf) après la suppression de l'écotaxe poids-lourds.

L'enveloppe annuelle affectée aux routes a ainsi fléchi : de 9,4 milliards d'euros en 1990, elle est passée à 8,3 milliards en 2015. "Entre 1990 et 2013, l'investissement annuel par km de route se situait autour de 10.000 euros, avec une pointe à 12.500 euros en 2006. Il est inférieur à 8.000 en 2015", souligne le CGDD. Sur les routes nationales, l'investissement moyen est de 80.000 euros par an, il se situe à 5.500 euros pour les voies gérées par les collectivités territoriales.

L'investissement dans les réseaux départementaux et locaux a plongé de près de 25% sur deux ans (2014-2015). Une tendance appelée à se poursuivre avec la diminution continue de la Dotation global de fonctionnement allouée aux collectivités par l'Etat (-10,7 milliards entre 2015 et 2017).

Conséquence : la France, qui figurait dans le peloton de tête du World Economic Forum pour la qualité de ses routes, a reculé de deux places au palmarès 2015 pour se situer au 7e rang (p. 171). "C'est le résultat direct de la baisse des investissements d'entretien qui représentent 70% des budgets routiers", relève l'Union des syndicats de l'industrie routière française.

Autoroutes concédées : 53 milliards investis

Côté autoroutes, les investissements ont atteint 53 milliards sur la période, mais ils ont fait du yo-yo. Après avoir augmenté jusqu'en 1996 "au prix d'un grand effort d'équipement", les investissements sur les autoroutes concédées ont diminué jusqu'en 2002, avant de rebondir jusqu'en 2010, une année qualifiée "d'année exceptionnelle". Depuis, ils refluent. "En 2015, leur niveau est voisin de celui de 1990. Mais, rapporté au kilomètre de linéaire existant, ils sont deux fois moins importants qu'en 1990", note l'étude.

De son côté, l'association Autoroutes de France indique que les concessionnaires privés (lire encadré) ont investi en moyenne 2 milliards d'euros par an depuis la privatisation de 2010.

AUTOROUTES : DEUX PLANS DE RELANCE
Depuis sa privatisation en 2006, les 8.578 km du réseau concédé sont gérés par des sociétés concessionnaires publiques et 14 privées. Pour l'avenir, un premier Plan de relance autoroutier décidé par François Hollande en 2012, a été validé fin 2014. Il prévoit 3,27 milliards supplémentaires à la charge des sociétés concessionnaires, via une vingtaine d'opérations dont les premiers travaux ont débuté en 2016. Un deuxième Plan de relance a été annoncé fin juillet, en contrepartie d'une hausse des tarifs des péages de 0,3-0,4% par an entre 2018 et 2020. A cette occasion, Vinci, Eiffage et Sanef (propriété de l'espagnol Abertis) ont mis sur la table des dizaines de projets pour un total théorique bien supérieur à 10 milliards d'euros. Mais le 18 septembre, le gouvernement a officialisé une enveloppe limitée à 1 milliard et une liste de 50 dossiers, parmi lesquels trente opérations routières "de type échangeurs, véritablement d'intérêt pour les territoires". Début des chantiers : cette année, en théorie.


78 milliards dans le réseau SNCF

Entre 1990 et 2015, la SNCF a bénéficié de 78 milliards d'euros d'investissements, dont plus de 40 milliards depuis 2008. Sur ce total, 38% sont allés aux LGV, 49% au réseau hors LGV et hors Île-de-France et 13% au réseau Île-de-France. Durant cette période, son réseau a pourtant fondu de 14% pour atteindre moins de 30.000 km, après notamment la fermeture de milliers de kilomètres de lignes à voie unique.

On transporte en moyenne 36% de marchandises en plus qu'en 1990
Sur fond de désindustrialisation chronique, ce recul reflète aussi l'effondrement du fret ferroviaire. Incapable de répondre aux nouvelles exigences des industriels (réactivité, livraisons en "just in time", porte-à-porte, etc.), il a vu sa part de marché reculer d'un tiers (en tonne/kilomètres) pour se situer aujourd'hui moins de 10%, tandis que celle des poids lourds atteignait 87%. De plus, sur chaque kilomètre de bitume, "on transporte en moyenne 36% de marchandises en plus qu'en 1990", note le CGDD.

Fret : évolutions par mode entre 1990 et 2015

Parallèlement, côté voyageurs, le linéaire de LGV a presque triplé depuis 1990 pour atteindre 2.036 km. Cette politique du "tout TGV" (300.000 voyageurs par jour) a privilégié la construction neuve sur les travaux d'entretien et de maintenance, au détriment des lignes "classiques" et du réseau francilien (3 millions de voyageurs par jour, soit 40% du trafic global à lui seul). Résultat : un réseau à bout de souffle, des catastrophes comme celles de Brétigny-sur-Orge ou de Dengin, et une dégradation de la qualité de service.

Pourtant, jamais les investissements de la SNCF n'avaient été aussi élevés. "Nous avons atteint de 2012 à 2014 un niveau, sans précédent depuis le XIXe siècle, de 7 milliards d'euros d'investissement par an et nous en sommes aujourd'hui à 6 milliards. Montant qui nous permet d'assurer l'ensemble de nos besoins, dès lors que le curseur de l'équilibre développement-renouvellement se déplace vers ce dernier", expliquait en juillet 2015 aux députés, Jacques Rapoport, le précédent patron de SNCF Réseau . "Tout le monde l'admet en Europe et tous les experts le soulignent : un bon système de maintenance, c'est un tiers d'entretien et deux tiers de renouvellement. Il y a cinq ans, nous en étions bien à cette proportion mais en sens inverse... alors qu'aujourd'hui la répartition est à parts égales", avait-il ajouté

A-t-il été entendu ? Pas impossible... mais bien tard. Le conseil d'administration de SNCF Réseau a approuvé, le 20 décembre dernier, le premier projet de "contrat de performance avec l'Etat" qui définit les priorités de renouvellement et d'entretien pour les dix prochaines années. Il prévoit 46 milliards d'euros d'investissement, dont plus de 34 milliards pour "le réseau structurant" [les voies les plus fréquentées, NDLR]. Ce document doit être encore être soumis, pour avis, à l'Autorité de régulation du secteur, l'Arafer, avant d'être signé par l'Etat et SNCF Réseau. Mais on est loin des besoins estimés. Il faudrait une cinquantaine de milliards d'euros, par exemple, pour moderniser le seul réseau francilien !

Les données fournies par Paris à l'OCDE confirment cet engouement récent pour le ferroviaire : les investissements ont plus que doublé sur trois ans , passant de 4,9 milliards d'euros en 2010 à 10,5 milliards en 2013. Des chiffres supérieurs à ceux de la SNCF car ils tiennent compte des efforts consentis par les élus des grandes villes pour développer leurs lignes de métros et surtout de tramways, dont le linéaire a été multiplié par cinq en 25 ans pour atteindre 700 km.


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Re: 25 ans d'investissement dans les infrastructures terrest

Messagepar dark_green67 » Sam 14 Jan 2017 13:43

CGDD a écrit:Les chiffres, tout d'abord. Entre 1990 et 2015, la France a investi 397 milliards d'euros (valeur 2015) dans les infrastructures terrestres : 69,4% pour les routes, 19,6% pour le réseau SNCF, 9,9% pour les réseaux ferrés urbains (métros et tramways) et 1,1% dans le réseau fluvial. Sur cette période, 147.000 km de routes ont été construits, surtout des routes communales (136.000 km), 1300 km de lignes à grande vitesse (LGV) et plus de 700 km de lignes de tramways. Plus sollicitées, ces infrastructures ont permis un accroissement du transport quasi-identique, qu'il s'agisse du fret (+27%) ou des voyageurs (+26%).

J'ai l'impression qu'on mélange un peu tout et n'importe quoi : ils comptent les voiries de lotissement parmi les infrastructures de transport terrestre !...
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