Les fournisseurs de télépéage veulent également leur part du gâteau. Les ennuis ne font que commencer.
Les Echos, Lionel Steinmann a écrit:Ecotaxe : la facture pourrait grimper de 200 millions
Les sociétés de télépéage veulent être indemnisées des investissements consentis. Elles ont notamment avancé l'achat de 600.000 badges pour équiper les camions.
L'addition de l'abandon de l'écotaxe continue de s'alourdir. Alors que le gouvernement pourrait débourser jusqu'à 830 millions d'euros (voire 1 milliard selon les sources) pour dédommager Ecomouv', le consortium qui devait assurer la collecte, les sociétés de télépéage demandent également à être indemnisées, ce qui pourrait faire grimper la facture de plus de 200 millions.
Au côté d'Ecomouv', les six sociétés habilitées au télépéage (SHT), c'est-à-dire Axxes, DKV, Eurotoll, Ressa, Telepass et Total, étaient mobilisées depuis plusieurs années pour assurer la mise en place de l'écotaxe. Ces sociétés vendent aux entreprises de transport des abonnements pour circuler sur les autoroutes en perdant un minimum de temps aux péages. Pour l'écotaxe, elles devaient équiper les camions de leurs clients des badges qui devaient permettre leur géolocalisation, et donc d'établir le montant d'écotaxe dû à l'Etat.
Pour cela, il leur a fallu investir. A elles six, les SHT indiquent avoir acheté 600.000 badges, à 150 euros pièce. A cela s'ajoutent les mises à jour du système informatique, les campagnes de communication à destination des clients, les intérimaires embauchés pour enregistrer les dossiers... Un investissement estimé à « plus de 200 millions d'euros en cumul toutes SHT confondues », avancent-elles dans un communiqué commun.
Des négociations qui s'annoncent serrées
L'écotaxe ayant été enterrée, les centaines de milliers de badges ne sont pas près de sortir de leurs cartons, et les SHT entendent obtenir réparation. Dans leur communiqué, elles « prennent acte des décisions prises par l'Etat », et pointent qu'« il est de sa responsabilité d'indemniser les SHT du préjudice subi, notamment au titre des investissements et des frais engagés ».
Et pas question de laisser l'exécutif prendre argument de problèmes techniques pour tenter d'esquiver ses responsabilités, comme la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, semblait en avoir eu la tentation avec Ecomouv' : « La partie du dispositif sous la responsabilité des SHT est prête, ce qui a été reconnu officiellement par Ecomouv' et par l'Etat », avancent-elles.
Elles réclament donc « l'engagement d'un dialogue visant à un accord leur permettant de pérenniser leurs activités ». Pour le gouvernement, voilà une autre négociation serrée en perspective, après celle qu'il faudra mener avec Ecomouv'.