Quelques explications plus générales, avant de parler du hourdis...
En cas de grutage, les poutres principales sont mises en place "seules" à la grue, sur une travée.
Les poutres peuvent être de deux types :
- soit "du commerce"
- soit PRS (poutre reconstituée soudée)
Tout dépend de la taille, principalement de la hauteur.
Il existe un sérieux problème de stabilité des poutres (déversement) qui conduit à stabiliser la première poutre posée (voir à ce sujet la réponse que j'ai faite sur les ponts à poutrelles enrobées). Pour régler ce problème, on peut poser deux poutres en même temps, avec leur contreventement, mais pour un bipoutre le poids n'est pas négligeable et il convient de vérifier la faisabilité.
Si l'inertie du tablier est variable, cé d si les poutres ont une hauteur variable, le grutage s'impose. Plus largement, il s'impose si le lançage n'est pas possible, cé d si le tracé n'est pas superposable à lui-même... ou si on n'a pas la place de faire une aire de lançage.
(le lançage n'est possible que pour les ouvrages rectilignes, circulaires (en 1 ou 2 dimensions) ou "en tire-bouchon" (cé d tracé en plan circulaire + pente constante) sachant qu'il peut très bien être décidé de lancer des 2 côtés -comme Millau- ce qui donne plus de liberté de "forme" mais ça coûte plus cher car il faut construire 2 aires de lançage)
Pour le grutage, il faut ensuite solidariser les poutres (soudage). Le boulonnage doit également être envisageable, mais pour un ouvrage de cet taille, le soudage doit être quasi systématique.
Ce n'est pas obligatoire (ça fonctionneraavec 2 lignes d'appuis sur les piles) mais un ouvrage hyperstatique utilise beaucoup mieux la matière qu'un ouvrage isostatique... d'où des économies non négligeables.
Pour le lançage, les poutres sont assemblées et contreventées sur l'aire de préfa. Elles sont équipées d'un avant bec, lui aussi contreventé.
La longueur de l'avant bec est au moins égale à la moitié de la travée de façon à garantir la stabilité du porte-à -faux lors du 1er poussage, mais également pour réduire les efforts de flexion dans le tablier au droit de l'appui qui précède l'avant-bec. La longueur de l'avant bec peut aller jusqu'à une travée complète.
Si l'ouvrage ne comporte qu'une travée, on peut un peu tricher pour réduire la taille de l'avant bec : on coule une partie de la dalle, à l'opposé de l'avant-bec, de façon à faire contrepoids. Attention toutefois aux efforts verticaux repris par la culée (et les chaises à galets si elles sont utilisées), qui sont alors majorés.
A noter que lors du lançage, la phase travaux est bien à prendre en compte dans le dimensionnement des poutres (sinon il y aura des surprise et un probable voilement des âmes par manque de raideur).
Le lançage ne peut s'effectuer que dans des conditions météorologiques favorables. Autrement dit : vent faible.
Dans tous les cas, l'épaisseur des tôles (aussi bien âmes que membrures) est bien entendu variable (membrures plus épaisses à mi-travée et sur appuis, âme plus épaisse sur appuis, et bien entendue raidie par des tôles).
Le hourdis peut être construit principalement de 2 façons (enfin, en ce qui me concerne, je n'en connais que 2) :
- le hourdis peut être coulé en place, une fois que les poutres sont à leur emplacement définitif. Dans ce cas, on utilise un outil coffrant dont le déplacement se fait en roulant sur les membrures inférieures des poutres. La membrure supérieure des poutres est équipée de connecteurs, de façon à solidariser la dalle lors du bétonnage. On peut utiliser des cornières, des goujons... mais ce sont les goujons les plus utilisés (car les plus pratiques à souder ; ils ressemblent à de gros clous)
Dans cette méthode, on observe alors une fissuration de la dalle au droit des appuis (car le bétonnage des sections suivantes introduit un moment fléchissant) qui est tout à fait normal. On peut limiter cette fissuration en phasant le bétonnage (cé d qu'on ne bétonne pas les sections les unes après les autres : méthode dite "du pas du pélerin" il me semble).
- ou on peut préfabriquer le hourdis par dalles, qui comportent des "trous" (des réservations) qui se situeront au droit des membrures. A cet endroit, la membrure sera équipée de connecteurs. . On vient ensuite poser une dalle, on bétonne les réservations (il y a donc des aciers en attente dans la réservation) et le tour est joué. On pose alors le dales les unes après les autres, en circulant par exmple sur la partie de tablier déjà construite (d'où pas d'emprise au sol).
Ce type de tablier comporte également d'autres pièces à dimensionner (entretoises, voire pièces de pont ou encorbellement s'il y en a).
J'espère t'avoir donné assez d'explications. Désolée si c'est un peu technique