Le Parisien a écrit:Val-de-Marne : la voie auxiliaire anti-bouchons sur l’A4 - A86 (enfin) rouverte
Inaccessible pendant plus de six mois, le système est de nouveau opérationnel depuis ce jeudi.
Le 5 décembre 2019 à 19h49
Avec le temps, Ghislain s'était fait une raison : la voie auxiliaire ne serait plus jamais accessible. Ce jeudi matin, surprise ! « J'étais en route vers Créteil, depuis la Seine-et-Marne, quand j'ai lu sur le panneau qu'elle était ouverte, raconte l'automobiliste, la cinquantaine. Ces dernières semaines, je voyais bien en passant que des agents s'activaient au niveau des barrières. Mais je n'y croyais pas trop : ça fait des mois que la voie est fermée. »
Depuis le printemps, effectivement. La voie auxiliaire - ou voie anti-bouchons - est un dispositif, créé en 2005 par la Direction des routes Île-de-France (Dirif), pour fluidifier le trafic au niveau de la portion commune de l'A4 et de l'A86, route la plus empruntée de France (280 000 véhicules tous les jours).
Le principe : autoriser, via les panneaux électroniques qui surplombent la chaussée, les usagers à circuler sur la bande d'arrêt d'urgence, aux heures de pointe. Plutôt le matin, dans le sens province-Paris (ou « sens W », pour whisky, selon les initiés) ; et le soir, dans le sens Paris-province (ou « sens Y », pour yankee).
Un outil capricieux
« L'autorisation n'est pas automatique, tient bon de rappeler Thomas Lesurque, chef de poste pour la zone Est à la Dirif. Il y a deux critères : l'efficacité et la sécurité. Pas question d'ouvrir la voie auxiliaire si le trafic est suffisamment fluide ou la vitesse trop élevée. »
Ce jeudi, c'est pourtant dans des conditions de circulation paisibles qu'elle a fait son retour, dans les deux sens. « On a fait des tests mercredi soir, précise la Dirif. Ce jeudi matin, on l'a rouverte. Mais c'est possible qu'elle soit à nouveau fermée, bientôt, pour quelques jours. »
L'outil est capricieux. Outre l'affichage, le dispositif repose sur des barrières amovibles, posées sur plus de deux kilomètres. Problème : installé sur roues et coussins d'air, le système n'apprécierait guère les chocs.
Thomas Lesurque confirme : « C'est très sensible. Dans le sens province-Paris, un camion est rentré dedans, en mai. Ça a tout bloqué. » Et dans le « sens Y » ? « On a eu des soucis de signalétique sur nos panneaux. Les problèmes viennent moins de la fréquence des pannes ou des contacts [NDLR : avec les véhicules] que de l'ancienneté du système. Il a quinze ans, et toutes les réparations, hormis le fait de bloquer la circulation, sont toujours plus compliquées, année après année. »
300 000 euros de maintenance par an
De fait, la voie auxiliaire a, depuis 2005, connu de grosses périodes de vacances. Interrompue en 2010 après plusieurs actes de vandalisme (vols des câbles rendant les caméras inopérantes), elle n'avait rouvert que fin 2012 vers Paris, et fin 2016 dans le sens inverse.
Un nouveau système, plus robuste, pourrait-il voir le jour dans le Val-de-Marne ? « La réflexion est engagée », assure la Dirif qui, en 2016, estimait à 150 000 €, par an et par sens de circulation, les frais de maintenance de la voie auxiliaire - en plus de la facture initiale de 19 M€.
Un investissement loin d'être vain : la Dirif rapporte des gains de temps de 10 minutes. Ghislain en salive déjà : « Ça roule bien mieux depuis la fin des travaux au niveau du pont de Nogent. Avec la voie anti-bouchons à nouveau accessible, ce sera un vrai billard. »
Marie-Louise, autre usagère quotidienne de l'axe, complète : « C'est un système qui fonctionne vraiment bien quand il est ouvert. Après, il ne faut pas être frileux : certains peuvent avoir peur de se retrouver entre les poids lourds et la glissière de sécurité. »