Paris Normandie a écrit:La nouvelle autoroute entre Barentin et Yvetot au banc d’essai Publié le 14/02/2015 -
A 150. La nouvelle portion d’autoroute entre Barentin et Yvetot a été mise en service lundi. Premières impressions sur son efficacité...
Tout droit, l’autoroute à péage, à droite la départementale et des ronds-points photo Boris Maslard
C’est fait. Quarante ans après l’inauguration de l’autoroute gratuite entre Rouen et Barentin, le tout nouveau tronçon payant entre Barentin et Yvetot a ouvert sa bande d’asphalte aux automobilistes. Avec un gain de temps annoncé de 8 minutes sur le trajet par rapport à la D 6015, avec des tarifs proposés un brin prohibitifs. À chaque passage, hors abonnement, il faut tout de même débourser 3,10 € pour 18 kilomètres, des prix dignes de l’autoroute du Mont-Blanc.
Il y a bien un abonnement pour ceux qui utiliseraient deux fois par jour et cinq jours par semaine cette nouvelle autoroute. Là, il faudra tout de même débourser 86,20 € par mois. Mais au-delà de l’aspect financier, à l’heure où les concessionnaires d’autoroute sont montrés du doigt par le gouvernement et les usagers, l’A 150 rend-elle le service promis et attendu ?
Mercredi, 11 h 15, avenue du Mont-Riboudet a Rouen, direction Yvetot. Dix minutes de route sont nécessaires pour rejoindre la nouvelle bretelle. Les flambants panneaux bleus donnent le ton et la direction, mais de toute façon, difficile d’y échapper. Tout droit l’autoroute, à droite, la sortie vers la nationale. La voiture glisse vers le bitume flambant neuf : top chrono.
Six heures économisées contre 86 €
Il n’y a pas foule sur la nouvelle bretelle, quelques camions, quelques voitures et déjà une Megane sport de la brigade rapide d’intervention de la gendarmerie. Quelques minutes plus tard, on aperçoit déjà le viaduc de l’Austreberthe, le plus grand ouvrage d’art de la construction. La vue sur l’usine Ferrerro est vertigineuse.
Bientôt, un panneau annonce la sortie de Yvetot à 12 kilomètres. Il ne faut que quelques minutes pour que le fameux péage soit en vue. Pas de souci, toutes les files sont libres, je glisse ma carte dans la machine et me délaisse de 3,10 €.
La sortie de l’autoroute donne directement sur un rond-point. Deuxième sortie et direction Yvetot. En tout, le voyage aura duré vingt minutes, dont dix sur le nouvel axe.
Jeudi, même lieu, même heure. Cette fois, j’ai l’intention de prendre la départementale, l’ancienne route quoi. Les dix premières minutes de route semblent incompressibles. Au moment de rejoindre a départementale, j’hésite. La direction du Havre est bien indiquée, mais pas celle de Yvetot, je me fais avoir, je reprends la nouvelle autoroute. Tant pis, je prendrais la départementale au retour.
Je me retrouve à Ecalles-Alix en terrain connu. Cette bonne vieille départementale limitée à 90 km/h. La voiture devant moi se traîne un peu, mais impossible de la doubler. Les lignes blanches me rappellent à l’ordre. Bientôt, au moment de passer au-dessus de la nouvelle autoroute, la vitesse est limitée à 70 km/h. Dix mètres plus bas, les véhicules filent à 130. Les ronds-points s’enchaînent, comme les feux à Croixmare. Il me faudra toute de même dix-neuf minutes pour rejoindre Barentin et la portion gratuite de l’A 150. Neuf minutes de plus que par la voie à péage.
Pari tenu, la nouvelle autoroute fait vraiment gagner du temps. Sur un mois, l’usager qui la fréquente deux fois par jour peut gagner six heures en échange de 86 €. À chacun de faire ses comptes... Le Département a fait les siens. Depuis lundi, il a observé une diminution du trafic quotidien des véhicules légers de 16, 8 % sur la D 6015, et de 42 % pour les seuls poids- lourds. Quant à savoir s’ils sont partis sur l’autoroute... Albéa, le concessionnaire, note tout juste que « la montée en charge de la fréquentation se fait progressivement. »
Olivier Cassiau