Le projet repart sous maîtrise d'ouvrage départementale.
Le Progrès a écrit:Oyonnax-Dortan : une nouvelle route et beaucoup de camions
le 26.06.2009 04h00
La réalisation du futur tronçon entre Point B à la sortie d'Oyonnax et Dortan dans l'Ain commencera à la fin de l'année et s'achèvera en 2013. Il amènera dans la vallée de la Bienne mille poids lourds de plus à l'horizon 2020
Le projet de voie rapide entre la sortie d'Oyonnax et Dortan est en discussion depuis plus de dix ans. En 2004, les premières études ont été menées et en 2006, une convention a été signée entre les départements de l'Ain et du Jura. A l'époque, le chantier était estimé à 38 millions d'euros, le Jura apportant pour sa part 2,3 ME.
Cette liaison a été voulue pour plusieurs bonnes raisons. La première étant que l'A404 - qui permet la desserte autoroutière de l'ensemble du bassin d'Oyonnax- se termine en cul-de-sac à Point B (sortie Nord en direction du Jura) et que la descente sur Dortan et Lavancia par le RD31 est dangereuse. La seconde, c'est qu'une desserte routière de qualité est économiquement indispensable à la vallée de la Bienne, que ce soit en direction de Saint-Claude et du haut Jura ou que ce soit par Moirans et Lons. C'est pourquoi le conseil général a aménagé à grands frais la route entre le pont de Lizon (sortie de Saint-Claude) et Lavancia en 2000. Si ce dossier a mis tellement de temps à sortir, c'est pour une raison financière, Oyonnax et Dortan sont dans l'Ain, c'est donc ce département qui paye l'essentiel de la facture et il avait d'autres priorités.
Mais aujourd'hui, la nouvelle route, créée de toutes pièces dans une zone géographiquement très difficile, est en bonne voie. Le département de l'Ain assurera la maîtrise d'ouvrage avec une facture qui est passée à 43 ME (la part du Jura ne bouge pas) pour un tronçon de 5,7 km entre le giratoire de Point B et celui de Lavancia.
Cette réalisation - si elle fait l'unanimité du point de vue économique - n'en pose pas moins un problème écologique, d'abord parce qu'elle crée une route supplémentaire, mais surtout parce qu'elle va générer un important trafic. En 2004, 10 400 véhicules utilisaient chaque jour le RD31 dont 900 poids lourds. En 2020, les études en prévoient 16 100 sur le tronçon 2x2 voies dont 1 900 poids lourds qui déboucheront sur la vallée de la Bienne. Ces mille camions supplémentaires renforcent la motivation de l'association de défense de la Vallière à Lons dans sa demande d'un contournement Est, en sachant très bien qu'une partie de ces poids lourds viendra augmenter un trafic déjà insupportable à Revigny et Conliège.
Armand Spicher
« Nécessaire pour l'activité économique de nos territoires »
Jean Burdeyron et Francis Lahaut, respectivement présidents des communautés de communes Jura Sud et Val de Bienne se disent tous deux satisfaits que ce projet de déviation, à la sortie de Point B en direction de Dortan et Lavancia, « voit enfin le jour ».
Comme de nombreux autres élus, les deux hommes avaient, lors de mandatures antérieures, porté ce projet « nécessaire à l'activité économique de nos territoires ».
Peut-être pas exactement celui qui vient d'être défini et signé par les départements de l'Ain et du Jura, et qui débutera à la fin de l'année mais peu s'en faut.
« Lors de mon précédent mandat, se souvient Francis Lahaut, nous militions pour le prolongement de l'A404, qui, d'après nous, était la meilleure opération financière. Nous nous sommes rendus plusieurs fois au cabinet du ministère de l'Équipement, des Transports et de l'Aménagement du territoire avec les industriels Jean Bourbon et Stéphane Manzoni pour défendre ce dossier. Dommage qu'après 2001, le projet se soit assoupi. »
En 1989/1990, Jean Burdeyron « portait déjà ce dossier quand Lucien Guichard, était président du conseil général. Nous avions des contacts avec le département de l'Ain et étions tous d'accord pour dire la nécessité de cette déviation, sur le bassin d'emploi haut jurassien. Il était donc temps que ce projet voie le jour. »
Sortie la plus naturelle en direction du sud, la « porte Point B », devrait donc voir passer dans un avenir proche, de nombreux poids lourds.
Questionnés sur l'aspect écologique de cette déviation, les deux présidents des communautés de communes, « rappellent que le tracé a été validé par le parc naturel régional du haut Jura », et que dans les années quatre-vingt-dix, Dominique Voynet, ministre de l'Environnement, avait alors apporté son soutien à Francis Lahaut.
Tout semble dit. Les premiers coups de pelles peuvent être donnés.
Christelle Lalanne
Technologie, économie mais aussi environnement
Le hasard de l'actualité veut que ce projet techniquement audacieux sorte à peu près en même temps que les élections européennes. Or, le vote de la semaine dernière démontre une forte préoccupation écologique. Cette nouvelle donne politique apportera-t-elle plus de poids aux revendications environnementales exprimées - et c'est un paradoxe - non pas dans la vallée de la Bienne, mais aux portes de Lons ? C'est une inconnue qu'il convient de ne pas négliger. Quant au projet, il se décompose d'un premier barreau entre Point B et le château de Dortan (3 km) en 2x2 voies avec une sortie pour alimenter Dortan. Un second barreau à 2 voies dans le sens montant et une voie en descente avec une glissière centrale reliera le château au giratoire de Lavancia (2,7 km).
Les premiers coups de pioches sont prévus pour la fin de l'année et la mise en service pour fin 2013.
A. S.