La Manche relance le contournement sud-est d'Avranches, abandonné par l'État
Le Conseil départemental programme de nouvelles études sur le tracé écarté par l’État en 2015. En 2026, la déviation doit relier la D5 à la N175. Pour un coût prévu de 10 M €.
Le Département envisage de reprendre le même tracé arrêté par l’État, avant l’abandon du projet en 2015. (©Conseil départemental de la Manche)
Par Christophe Jacquet Publié le 19 Déc 20 à 20:19
Le Département de la Manche vient de raviver le feuilleton du contournement d’Avranches.
Lors de sa dernière session, vendredi 4 décembre 2020, le conseil départemental a discuté et voté la relance de l’ancien projet, abandonné par l’État en 2015.
En 2021, de nouvelles études, en particulier d’impact environnemental, sont programmées pour valider, ou non, le tracé précédemment défini du contournement d’Avranches, au sud-est.
Un projet déjà décanté
Dans sa délibération, Jean Morin, vice-président du Département, délégué aux infrastructures et à l’habitat, repart du plan connu :
“Plusieurs réunions avec les acteurs locaux ont abouti à un consensus autour d’un tracé reprenant les emprises du projet de l’État.”
D’après le conseil départemental, la déviation à l’est d’Avranches “fait l’objet d’études depuis près de trente ans”.
Conçue au départ comme une prolongation sur quatre voies de l’A84 entre Saint-Quentin-sur-le-Homme et Ponts, elle avait déjà généré des expropriations et l’achat de 60 hectares de terrain.
Peine perdue, l’État la délaisse. Son coût est jugé trop élevé.
Fin 2012, le Département lui demande de lui laisser ces emprises, et remet sur le métier une route plus courte, raccordant la D103 à Saint-Quentin à la D5 à hauteur de Saint-Senier.
Si elle conservait un “profil en long autoroutier”, pour conserver la déclaration d’utilité publique (DUP), elle passait alors à deux voies. Pour un investissement arrêté à 17 M€.
Mais en 2014, la DUP devient caduque, et, un an après, le gouvernement enterre l’idée. Sans pouvoir revendre les terrains préemptés.
Leur devenir pousse le conseil départemental à reprendre l’initiative.
Premier indice, fin juillet 2020, la collectivité mandate la société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) pour “constituer une réserve foncière de 51 ha sur le tracé pressenti pour le projet – surface supérieure aux besoins”.
Un tracé « sans surprise »
C’est le périmètre sur lequel la Manche engage les nouvelles études.
En 2021, les études vont réactualiser les questions posées par l’ancien périmètre dégagé et préempté pour construire la route. (©Conseil départemental de la Manche)
Elles vont opérer “une mise à jour conséquente” des précédentes de 2013 selon Jean Morin, pour parfaire “le dossier d’autorisation environnementale”.
À leur sujet, Valérie Nouvel, vice-présidente du Département, en charge de la transition énergétique, se veut rassurante :
“Le tracé est sans surprise. Depuis des années, nous restons sur le même fuseau routier.”
Débarrassé de ce fameux “profil en long autoroutier”, le projet de déviation se fait plus modeste.
Sur deux voies et moins de 5 km, la nouvelle départementale connecte la D5, au niveau de La Jollerie, puis la D47, à la N175 via l’échangeur de Cromel.
Un aménagement “largement suffisant pour le trafic local” pour Antoine Delaunay, l’un des premiers élus manchois à dévoiler le projet.
Il ne consommerait pas “plus de terres agricoles”, avance le conseiller départemental délégué aux projets routiers.
À voir si les études et la concertation menées de concert jusqu’en 2022 avec les élus locaux lui donneront raison.
Pour Valérie Nouvel, elles doivent “arrêter l’opportunité de cet aménagement”, et confirmer “si la population en veut, ou pas”.
La Manche pourra dès lors mobiliser son budget prévisionnel de 10 M€, qu’elle “finance à 100 %”. Pour une mise en service de la déviation d’ici 2026, estime Antoine Delaunay.