Le Progrès a écrit:Ils veulent construire un pont en bois au-dessus de l'A47 pour la dédoubler
Alors que le projet de dédoublement de l’A47 par l’A45 a été abandonné depuis juillet 2020, le cabinet d’architecture montbrisonnais Archipente a conçu le projet STENT-A47. L’objectif est de surélever l’autoroute déjà existante afin de fluidifier le trafic entre Lyon et Saint-Étienne. On vous explique ce projet en 5 points
Avec une A47 surélevée, l’objectif serait de fluidifier le trafic entre Lyon et Saint-Étienne. Photo fournie par Archipente
L’autoroute qui relie Lyon et Saint-Etienne est très souvent saturée. En projet depuis 25 ans, son dédoublement par l’A45 a finalement été abandonné en juillet 2020. Le cabinet d’architecture montbrisonnais Archipente, créateur d’écoproduits et spécialisé dans la construction bois depuis 40 ans, a eu l’idée de concevoir un projet pour surélever l’autoroute A47 existante sur une longueur de 20 km entre Givors et Saint-Chamond. Une alternative qui ne monopolisera pas de nouveaux terrains, en plus d’être environnementalement peu impactante.
L’objectif est de faire circuler les véhicules légers sur le niveau supérieur tout en maintenant la circulation des poids lourds sur la chaussée actuelle. La vue sur le paysage ne sera pas impactée grâce au système porteur extérieur avec des voiles posés en biais. A raison de 20 jours/mois de pose, cela représente 18 mois pour la réalisation d’une des deux chaussées (soit 3 ans pour l’ensemble de la surélévation de 20 km).
Dominique Molard, architecte d’Archipente et porteur de ce projet, revient sur les cinq points importants de STENT-A47.
1 Un prototype du projet en cours de réalisation
La première étape de mise en œuvre du projet serait la réalisation d’un démonstrateur échelle 1. Il serait réalisé par la mise en œuvre de deux modules de 2,40 m de large et de 15,5 m de long. « On a eu des aides du département de la Loire, et de la Région Rhône-Alpes-Auvergne et de l’Europe pour financer les études de faisabilité de cette surélévation et de réaliser concrètement un premier prototype », explique Dominique Molard.
Ce démonstrateur est actuellement en train d’être conçu afin d’être réalisé d’ici juin. Il sera instrumenter avec l’Université de Limoges pour faire la démonstration que le système est viable en réalisant des mesures dessus. « Tout cela va être terminé pour décembre 2022, puisque l’Europe exige qu’on termine les dossiers pour décembre 2022. Ça nous permet de nous forcer à faire les usinages et de vérifier les temps de fabrication, pour ensuite en tirer un coût économique afin de savoir le budget d’un tel investissement », précise l’architecte.
2 Un budget estimé à 800 millions d’euros
En se basant sur ce qui avait été prévu pour l’A45, sans faire appel à la part de financement d’un concessionnaire, Archipente a estimé le budget du projet à 800 millions d’euros. L’État s’était en effet engagé à geler 400 millions d’euros pour le projet de l’A45 tandis que les collectivités locales (Saint-Étienne Métropole, le Département de la Loire et la Région Auvergne-Rhône-Alpes) avaient accepté de financer les 400 millions d’euros restants.
« Pour l’instant je n’ai aucun accord de personne, je me base juste sur ce qui avait été réservé pour l’A45 pour prouver que l’on peut construire ça avec 70 % du budget prévu pour cette dernière », insiste Dominique Molard.
3 Un projet à dimension écologique
Outre l’idée de désengorger l’A47, le projet a aussi pour but de respecter l’environnement en valorisant les forêts locales tout en atteignant une neutralité des émissions carbone. D’où l’idée d’appliquer la technique STENT, utilisée par Julius Natterer, professeur à l’EPFL (École polytechnique fédérale de Lausanne) pour réaliser des ponts. « STENT est le fait de faire une structure bois écologique qui puisse permettre de rendre les transports neutres, puisque toutes les émissions d’effet de serre seraient compensées par le stockage par structures », détaille Dominique Molard.
« On se rend compte que d’ici 2050, on aurait équilibré les émissions à effet de serre. On pourrait ainsi être neutre niveau carbone sur ce secteur autoroutier, dès qu’on aura fini de construire cette infrastructure ».
4 Divers acteurs sur le projet
Dominique Molard a fait appel à divers spécialistes afin de l’épauler sur le projet STENT-A47. Outre la scierie Forge Mahussier et la charpenterie Lignatec qui va fabriquer le prototype, le cabinet d’architecte a fait appel aux bureaux d’études Arborescence et CBS/CBT Jean-Luc Sandoz.
« Jean-Luc Sandoz a l’habitude de réaliser de grands ouvrages d’art. C’est un bureau d’études avant-gardiste sur toutes les techniques qui valorisent la forêt. Arborescence a aussi déjà réalisé de nombreux ouvrages d’art en bois de génie civil. Ils ont notamment fait des ponts sur autoroute et maîtrisent très bien les calculs », détaille Dominique Molard.
5 Un soutien de plusieurs élus
Outre plusieurs députés, sénateurs et conseillers départementaux qui soutiennent le projet, Pascal Mailhos a également semblé intéressé par celui-ci. « Le préfet de Région a dit qu’il trouvait l’idée très intéressante, que ça évitait de consommer de nouveaux sols. Il a demandé à ce qu’on valide la faisabilité technique avant d’en reparler », explique l’architecte.
Malgré tout, Dominique Molard reste tempéré dans ses propos en citant le projet de l’A45 finalement abandonné. « Avec l’élection présidentielle, on va encore changer de ministres, donc on ne sait pas du tout ce que ça va donner », conclut-il.
60 000 €
Soit le coût hors taxe du prototype prévu de 15 mètres de long et de 5 mètres de large, qui représente une demi-chaussée. Ainsi, le prix du kilomètre d’autoroute serait estimé entre 25 et 30 millions d’euros HT/km, sans compter les équipements routiers, les fondations spéciales et l’ingénierie d’adaptation au site.
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Quid des ponts traversants et du tunnel de Rive-de-Gier ?
Afin de réaliser le projet STENT-A47, divers aménagements de voirie sont à prévoir concernant les passages supérieurs tels que les ponts traversant l’autoroute. Pour cela, Dominique Molard a envisagé deux solutions. « On peut faire un passage inférieur juste à côté, histoire de créer un petit tunnel. Maintenant, il a des techniques très classiques pour faire des tunnels à base de tubes métalliques. S’il n’y a pas la place, on rehausse de 4 mètres le pont actuel et on fait des accès avec une rampe », explique l’architecte. « On ne s’appuiera pas sur les ponts existants tels que le viaduc de Rive-de-Gier. On saura faire un pont supplémentaire qui enjambe la vallée à cet endroit. Cela est assez facile à réaliser. Ça ne sera pas fait en grumes mais plutôt avec des ouvrages en béton ou en métal, il ne faut pas non plus être extrémiste », souligne-t-il.
En ce qui concerne le tunnel de Rive-de-Gier, la tâche s’annonce cette fois un peu plus ardue, même si Dominique Molard dispose également de deux solutions. « On peut faire une tranchée ouverte, c’est-à-dire qu’on dégage carrément au-dessus. Le problème est qu’il y a une maison, ce qui veut dire qu’il y a une expropriation à faire », explique-t-il. « La deuxième solution est d’agrandir le tunnel en hauteur, mais ça reste des travaux un petit peu plus lourds ». Pour l’architecte montbrisonnais, le tunnel de Rive-de-Gier reste bel et bien « le point le plus chaud » du projet.
https://c.leprogres.fr/economie/2022/03 ... n-5-points
L'article était peut-être prévu pour être publié vendredi prochain seulement…