Le Pays a écrit:Infrastructures routières
Le jour où...les travaux de la RN7 à Mably débuterontPublié le 21/04/2022La déviation du quartier des Tuileries, traversée par plus de 4.500 véhicules chaque jour, a été nommée secteur prioritaire des trois tronçons restant à aménager entre Saint-Martin-d’Estreaux et Mably. Le futur tracé de la RN7 devrait contourner Les Tuileries par la gauche et rejoindre la déviation de Saint-Germain-Lespinasse réalisée en 1994.La déviation de la RN7 entre Mably et Saint-Germain-Lespinasse serait-elle enfin sur la bonne route ? Les travaux pourraient débuter à l’horizon 2024.Les bonnes nouvelles ne sont pas légion quand on évoque les travaux de la déviation de la RN7 entre Mably et Saint-Germain-Lespinasse. 7,6 kilomètres qui n’avancent pas, et ce depuis de très longues années. Plusieurs décennies en fait.
Alors, quand, en fin d’année 2021, des représentants des différentes collectivités territoriales et de l’État, de la Dréal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), étaient réunis en sous-préfecture de Roanne pour aborder le sujet, il s’agissait déjà d’une information à classer dans les bonnes nouvelles.
70 millions d’euros de travaux : 50 pour l’État, 20 pour les collectivités ?Et quand, lors de cette réunion officielle, la mise à jour des études préalables aux travaux était présentée, il y avait franchement de quoi esquisser un sourire. Ce que n’ont pas manqué de faire les membres de l’association Sécurité RN7-RN82 Sud Allier-Loire Nord, qui militent depuis bien longtemps pour la mise à 2X2 voies de l’ensemble du tracé entre Allier et Loire.
Les études, qui concernent la faune, la flore, la loi sur l’eau ainsi que des fouilles archéologiques, ont pris fin début 2021 et n’ont pas une validité infinie. Pour Yves Collanges, président de l’association et maire de Saint-Pierre-Laval (03), elle est d’environ deux ans, pour peu que des lois n’évoluent pas d’ici là. Et si rien n’est entrepris dans cette échéance, alors une nouvelle mise à jour sera nécessaire. Et les mois et années continueront à défiler sans que rien ne se passe.
"Nous allons rencontrer la préfète de la Loire et les différentes collectivités, car pour l’heure, le montage du financement des travaux reste flou." Yves Collange (Président de l'association Sécurité RN7-RN82 Sud Allier-Loire Nord)
2022 est donc l’année de la mobilisation pour l’association Sécurité RN7-RN82 Sud Allier-Loire Nord. « Nous allons rencontrer la préfète de la Loire et les différentes collectivités, car pour l’heure, le montage du financement des travaux reste flou », précise Yves Collanges.
Pour faire simple, le coût global des travaux des 7,6 km à 2X2 voies de la déviation de la RN7, entre Saint-Germain-Lespinasse et le bas du quartier des Tuileries à Mably, se chiffre à environ 70 millions d’euros. L’État aurait assuré prendre 50 millions d’euros à sa charge. Reste 20 millions d’euros à se partager entre les différentes collectivités. Or, jusque-là, ni la Région Auvergne Rhône-Alpes, ni le Département de la Loire, ni Roannais agglomération ne s’était engagé officiellement sur cette voie. La réponse jusqu’alors était commune : « C’est une route nationale, c’est donc la compétence de l’État ». Implacable.
Plus de 4.500 véhicules chaque jour« Nous devons faire pression pour qu’un accord soit trouvé pour le financement. Les travaux de mise à 2X2 voies de la RN7 dans la Nièvre ont coûté 200 millions d’euros. Le Département et la Région Bourgogne Franche-Comté ont pris chacun 15 % du financement à leur charge. Pourquoi de leurs côtés, le Département de la Loire et la Région Auvergne Rhône-Alpes n’ont actuellement engagé aucun euro sur 20 millions nécessaires pour réaliser les travaux à venir ? », interroge Yves Collanges.
Éric Peyron, maire de Mably, demandait, lui aussi, le soutien des collectivités après un accident de poids lourd dans la traversée des Tuileries en octobre 2021. Plus de 4.500 véhicules empruntent l’itinéraire au quotidien. « On ne peut avancer qu’avec leurs financements. Or, on n’a pas de nouvelles de la Région, du Département ni même de Roannais Agglo. On dirait qu’Yves Nicolin ne s’intéresse pas au problème », s’était plaint à son tour l’édile.
"Le Département de la Loire et Roannais agglomération doivent également prendre part car ils sont concernés par l’infrastructure routière qui dessert des zones économiques."Nathalie Sarles, députée LREM de la 5 e circonscription, a pris le sujet à bras-le-corps, s’appuyant sur la loi d’orientation des mobilités de 2019 et les contrats de plan État-Région (CPER). Elle pousse pour que les collectivités participent au financement. « Cela existe ailleurs et la Région Rhône-Alpes était prête à le faire pour l’A45. Pourquoi pas pour la RN7 ? Le Département de la Loire et Roannais agglomération doivent également prendre part car ils sont concernés par l’infrastructure routière qui dessert des zones économiques », affirme l’élue.
La loi "3DS", le déclic attendu depuis des décennies ?Mais une autre bonne nouvelle est venue rebattre les cartes en février dernier, avec le vote à l’assemblée nationale de la loi « 3DS » (lire par ailleurs). L’État propose de rétrocéder sa compétence - et les charges d’entretien et d’investissements qui l’accompagnent - de certaines routes nationales aux Régions, Départements ou Métropoles, contre bons soins et une enveloppe de dotations. De quoi donner à réfléchir aux collectivités territoriales.
Pas pour Yves Nicolin qui ne bouge pas sa position d’un iota : « Pas notre compétence et pas les moyens ! », tonne le président de Roannais agglomération. Du côté de la Région Auvergne Rhône-Alpes, on joue l’attentisme. « Le projet est encore à l’étude. Nous n’avons pas de positionnement ferme sur le sujet », répond Frédéric Aguiléra, vice-président en charge des transports. Le Département de la Loire semble le plus à même d’engager la réflexion.
Le Département de la Loire intéressé ?Pour Jérémie Lacroix, conseiller départemental et vice-président en charge des routes et de la mobilité : « Le principe est un peu facile. L’État ne veut pas financer, donc c’est aux collectivités de le faire. Et si elles refusent, ce sera de leur faute si les travaux ne se font pas ». Il concède toutefois que la loi « 3DS » peut faire évoluer positivement la réflexion. « Nous serions la collectivité la plus légitime à récupérer la compétence de routes nationales, car nous avons déjà l’expérience et une partie des moyens techniques et humains. Reste des incertitudes sur les dotations précises de l’État et de prochains décrets qui vont venir compléter la loi. Nous ne fermons pas la porte à la négociation, nous rencontrerons d’ailleurs prochainement le préfet de Région à ce sujet », atteste l’élu départemental.
Le tracé de la future déviation du quartier des Tuileries à Mably.Il se murmure également que Georges Ziegler, le président du Département de la Loire, ne serait pas hostile à l’idée de financer en partie les travaux de la déviation des Tuileries, si la compétence de cette partie de la RN7 lui revenait et si la Région mettait elle aussi son obole.
Le Département financera-t-il en partie les travaux, pour peu qu’il n’y soit pas de sa poche avec les dotations de l’État ? Imagine-t-il aussi de futures recettes avec la mise en place d’un péage, comme cela avait été pensé un temps pour le tronçon entre Neulise et Balbigny ? Ou avec une taxe carbone pesant sur les poids lourds étrangers ?
La déviation rejoindrait les travaux effectués en 1994 à Saint-Germain-Lespinasse.Peut-être qu’en 2024 les pelleteuses se mettront enfin au travail entre Mably et Saint-Germain-Lespinasse. En 1989, il y a 33 ans maintenant, Jean-Claude Gayssot, alors ministre des Transports, avait annoncé haut et fort : « Les pelleteuses arrivent ! ». Preuve que ça roule vraiment mal sur cette portion de la RN7 et qu’il est grand temps de réaliser ces travaux…
Pascal JacquetQu’est-ce que la loi « 3DS » votée en février dernier ?
Au sein de l’hémicycle, les députés ont adopté, le 8 février dernier, le projet de loi de différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification de l’action publique locale (3DS). Elle ouvre la voie
à de nouveaux transferts de routes nationales (environ 5.000 km) de l’État aux Départements, Métropoles et Régions qui le souhaitent. Cette décentralisation d’infrastructures routières pourra être effective au 1er janvier 2024.
Les compensations de l’État se feront sur deux pôles : une dotation pour le fonctionnement et l’entretien, une autre pour les investissements. Pour ce dernier, le calcul se fera sur la base des montants investis par l’État sur une période d’au moins cinq ans précédant le transfert. Concernant les charges de fonctionnement, les compensations seront égales à la moyenne des dépenses constatées sur une période maximale de trois ans précédant le transfert.