OuestFrance a écrit:Autoroute A88 : le trafic monte en puissance
Le centre d'exploitation de Fontenai a ouvert ses portes samedi. Comment se porte l'A88 ? Premier bilan dix mois après l'inauguration du tronçon Argentan-Falaise.
Entretien
Jean-Yves Goavec et Richard Lengrand, directeurs d'Alicorne (concessionnaire de l'A88) et de Routalis (exploitant de l'A88).
Quel bilan tirez-vous après dix mois d'exploitation ?
On a essuyé « l'épreuve du feu » cet hiver, avec la neige et le verglas. En 2010 sur Sées-Falaise, nous sommes intervenus 84 fois pour des traitements (préventifs et curatifs) pour la neige et le verglas, dont 51 en novembre-décembre ! Mais l'autoroute est toujours restée ouverte. Autre satisfaction, il n'y a eu aucun accident corporel. L'autre satisfaction, c'est que l'A88 commence à être bien référencée sur les cartes papier, GPS et internet. Il y a pourtant une certaine inertie en la matière : nous ne sommes sur Google Maps que depuis 15 jours ! Ça a été un peu plus rapide sur Mappy...
Combien de personnes travaillent sur l'A88 ?
26 personnes, bientôt 28, car nous allons recruter deux nouveaux agents de viabilité.
Quels sont les chiffres du trafic ?
Le trafic est très variable, mais il est clair que l'ouverture du second tronçon a boosté l'affluence du premier (+ 30 %). En janvier, nous étions à 3 200 véhicules/jour, à 3 500 en février, 3 700 en mars, 4 200 en avril et mai. Et 4 700 depuis le mois de juin. Il y a un phénomène de saisonnalité, bien sûr, ainsi que le référencement. La montée en puissance est progressive, mais c'est quand même une augmentation de 50 % en six mois.
Ces chiffres vous satisfont-ils ?
C'est encore un peu tôt pour le dire, attendons de voir quel sera le trafic cet été. Au final, pour 2011, on espère un trafic journalier de 4 900 à Rônai, et d'un peu plus de 5 000 à Sées.
Quels sont les aménagements à mettre en place ?
Il n'y a pas encore les fameux panneaux sur fond brun, indiquant les monuments remarquables. Tout le monde en veut, les gens de Falaise nous ont récemment dit « On veut un panneau Guillaume le Conquérant, un autre sur la Suisse Normande » etc. La norme, c'est un panneau tous les 5 km. Tout le monde ne pourra malheureusement pas être servi, on laisse le soin au préfet de diriger la commission qui fera les choix. Par ailleurs, notre contrat nous impose le 1 % paysager pour cofinancer, avec d'autres collectivités, des actions à caractère touristique ou paysager, à hauteur de 1,6 million d'euro. Une commission de 40 personnes planche à la préfecture et là aussi tout le monde ne pourra pas être servi... Nous allons acheter une lame supplémentaire de déneigement. Nous avons 1 000 tonnes de sel en stock, nous en avons utilisé 900 tonnes en 2010, ce qui est beaucoup.
Comment s'explique le prix élevé du ticket ?
C'est mécanique. Les gens comparent avec le prix de grosses autoroutes déjà amorties. Quand les autoroutes à péage ont vu le jour dans les années 60-70, l'État garantissait les prêts. En plus, toutes les sociétés d'autoroute s'étaient groupées pour avoir de meilleurs taux auprès des banques. Désormais, l'État ne garantit plus les prêts, et on emprunte 200 M d'euros tout seuls... Les tarifs ne sont plus les mêmes ! Sans oublier que le volet environnemental, c'est 20 % du projet de l'A88. On nous a fait construire sept échangeurs en 45 km (autant que sur les 125 km de l'A28), les bornes d'appel sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, l'eau captée est traitée : les services d'une autoroute ne sont plus les mêmes qu'avant, le coût non plus...
Si vous baissiez le prix, le trafic augmenterait...
Nous aurions effectivement plus de trafic, mais nous serions incapables de rembourser nos dettes. Par exemple, baisser nos tarifs de 10 % amènerait au final une baisse de recettes de 8 %.