Sud-Ouest du 05/04/2010 a écrit:Aliénor aura l'œil sur la rocade Cet été, le PC d'Aliénor s'installera dans ses nouveaux locaux, à proximité du château du Prince Noir, Aliénor ne s'arrêtera pas là. Des développements sont déjà prévus dans le cadre du nouveau PDMI. Dix ans : c'est finalement ce qu'il aura fallu pour qu'Aliénor, le système d'exploitation des voies rapides et urbaines de l'agglomération de Bordeaux, atteigne sa maturité. Le projet, inscrit au plan État-Région 2000-2006, aboutit cette année dans le cadre d'un PDMI, un Programme de modernisation des itinéraires routiers.
Aliénor, c'est un fabuleux outil qui permet de savoir en temps réel, et avec une précision incroyable, l'état du trafic sur la rocade. Précieux pour les autorités gestionnaires du réseau, et tout aussi utile pour les usagers qui peuvent connaître l'importance de la circulation en temps réel en consultant leur ordinateur. Ils peuvent même maintenant évaluer le temps que prendra leur trajet grâce aux informations données sur les panneaux à messages variables plantés tout au long de la rocade.
Le cœur d'Aliénor, le système d'exploitation des voies rapides et urbaines de l'agglomération, va battre tout près du château
du Prince Noir, à Lormont (Photo David Thierry).Sur 60 kilomètres Pour parvenir à cela, il a fallu mettre en place tout un système de saisie de données et d'analyses, soit des dizaines de kilomètres de fibre optique, des capteurs tout au long du parcours, des stations de comptage sur tous les lieux de passages majeurs (sorties, entrées, tronçons importants….), des caméras, des panneaux d'information…
Et ce, pas seulement sur quelques kilomètres mais plus de 60 : les 43 de la rocade et les 20 des voies d'accès. L'un des plus importants dispositifs de ce type en France. Seules Paris, Lille, Lyon, Strasbourg, Toulouse et Nantes sont dotées à ce jour d'un service aussi performant.
En cette année 2010, il ne manque plus qu'une chose pour boucler la boucle : un poste de commandement digne de ce nom. Gestionnaires de l'ensemble, les services de l'État (la DDE au début, la Direction interdépartementale des routes Atlantique, Dira, aujourd'hui) ont effectivement privilégié jusque-là la mise en place du réseau. À titre provisoire, pendant dix ans, le Centre d'ingénierie et de trafic (CIGT) est donc resté dans les locaux de l'ex-DDE à Villenave-d'Ornon, et le PC au poste autoroutier des CRS de Lormont.
« Le top du top » Dans moins de six mois, tout sera réglé. Aliénor (tous services confondus) va s'installer dans un même immeuble tout neuf. À Lormont, près du château du Prince Noir, en bordure de rocade. Comme tous les usagers du périphérique bordelais peuvent le constater, ce bâtiment est pratiquement terminé. Cette semaine, des travaux ont été entrepris afin de le relier aux différents réseaux souterrains.
Ce bâtiment est superbement situé. Il a une vue imprenable. Notamment sur le pont d'Aquitaine. Grâce à une large baie vitrée, les employés d'Aliénor auront ainsi un œil permanent sur la rocade et le pont suspendu. Et pour suivre tout au long de la journée l'état du trafic, ils auront à leur disposition une batterie d'ordinateurs « dernière génération » et un mur d'images géant.
« Le top du top. Ce qui se fait de mieux à ce jour », confirme Éric Tanays, directeur interdépartemental des routes Atlantique.
Vu l'avancée des travaux, l'immeuble aurait pu être occupé dès cet été. « Nous ne sommes pas à un mois près. Pour ne pas avoir de problème au moment des grands départs, nous préférons étaler les transferts », précise Éric Tanay.
Les aménagements vont donc se faire progressivement, au fil de l'été, afin que tout soit terminé en septembre, octobre au plus tard.
Aliénor n'est pas un dispositif figé. Et son installation définitive à Lormont ne marque pas la fin des investissements. Comme l'a annoncé tout récemment Dominique Schmitt, préfet de Région, le système continuera d'évoluer au fil des ans pour améliorer ses services et en apporter d'autres aux usagers de la rocade et de ses voies d'accès. Dans le cadre du nouveau PDMI, le Programme de modernisation des itinéraires routiers (qui a fait suite au plan État-Région) de nouvelles tranches de travaux sont ainsi programmées.
Quatre objectifs Le premier : ne plus seulement afficher les temps de parcours sur la rocade mais aussi, en amont, sur les grands axes qui mènent à Bordeaux, de façon à mieux informer les usagers et leur permettre de prendre les bonnes décisions avant de s'engager dans l'agglo.
Ensuite, donner la possibilité aux automobilistes de faire un choix entre la voiture et le réseau de transports en commun grâce à des informations indiquant les sorties menant aux voies de tram, affichant le temps de parcours (meilleur choix) et le nombre de places libres dans les parkings concernés.
Mieux informer les chauffeurs de poids lourds en leur donnant des informations spécifiques (conseils, encombrements, parkings proposés, nombre de places disponibles…) fait aussi partie des objectifs.
Enfin, proposer la bonne vitesse au regard de la circulation pour fluidifier le trafic et limiter les embouteillages. Avec un premier test, ici, sur l'A 63, l'autoroute de Bayonne, entre Bordeaux et la portion menant à Arcachon.
Inscrits au PDMI 2009-2014, ces « services supplémentaires » devraient être apportés dans les quatre-cinq ans à venir.
Une baie avec vue sur la rocade et le pont d'Aquitaine (Photo David Thierry).En chiffres-12,1: En millions d'euros, le montant des dépenses engagées pour la mise en place du système Aliénor. 6,9 millions dans le cadre du plan État-Région 2000-2006, le reste dans le cadre d'un nouveau plan. Cette dépense a été couverte à 60 % par l'État, 14 % par le Conseil régional, 10 % par le Conseil général, 14 % par la CUB et 2 % par l'Europe.
-43: En kilomètres, la longueur de la rocade de Bordeaux. Aliénor prend en compte ces 43 kilomètres, ainsi que les 20 kilomètres de pénétrantes.
-71: Le nombre de caméras qui balaient en permanence la rocade et ses voies d'accès. Certaines sont fixes, d'autres sont télécommandées et peuvent zoomer pour voir des détails. Celles du pont d'Aquitaine notamment.
-93: Le nombre de stations de comptage réparties tout au long de la rocade ou placées en bordure de pénétrantes pour savoir en temps réel le nombre de véhicules tous gabarits qui passent. Ce système de comptage est complété par un bon millier de capteurs intégrés dans le macadam pour évaluer précisément l'encombrement des voies de circulation.
-28: Le nombre de panneaux à messages variables fixés sur la rocade et ses principales voies d'accès. Ces panneaux sont là pour donner des informations en temps réel : temps de parcours, annonces d'accidents ou de phénomènes particuliers.
-90: La vitesse dorénavant imposée sur la rocade, 80 pour les poids lourds. Une vitesse réduite pour fluidifier le trafic et réduire la pollution.
Jean-Paul Vigneaud