Ardennes : l’autoroute A304 s’enlise à Haudrecy« Le sol bouge. » Malgré une rallonge financière, ce secteur proche de Charleville-Mézières reste le gros point noir du chantier de l’A304.L'Union - 05.01.2016De nouveaux outils de mesures « très performants » vont voir le jour à Haudrecy, pour comprendre pourquoi le sol bouge. «
C'est LE problème du chantier. Il est identifié. On en voit les conséquences, le souci c’est qu’on n’en connaît pas l’origine. » Depuis plus d’un an, le secteur d’Haudrecy donne des cheveux blancs aux entreprises de terrassement et aux ingénieurs de la Dreal. À la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, maître d’ouvrage de l’autoroute A304, on reconnaît que «
c’est la portion la plus pourrie du chantier ». Gérard Delfosse, directeur du chantier, poursuit : «
On vient de lancer des investigations complémentaires. Les résultats seront connus en avril. »
Le 26 novembre, nous écrivions, après avoir testé les 31 kilomètres du tracé, que le «
D10 » (D pour Déblai), en surplomb d’Haudrecy, était en grande partie à l’origine du dernier surcoût des travaux : une rallonge de 53 millions d’euros, faisant passer la facture de 430 à 483 millions d’euros. Or malgré ce nouvel effort des trois financeurs (État, Région, Département), et une série de travaux de consolidation, la nature très particulière du sol freine toujours le chantier. Le terrain est «
gorgé d’eau » et ressemble à «
une moquette qui fait des plis », compare Gérard Delfosse. Sur une longueur de 1000 mètres placés « sous étroite surveillance », ce sont environ 200 mètres qui posent problème : le dernier bilan des mesures prises vient ainsi de démontrer que «
le sol bouge » toujours.
Ni surcoût, ni retard… pour l’instant «
De nouveaux outils très performants vont être installés », révèle le directeur du chantier. Il s’agit d’inclinomètres, des tubes munis de sondes qui descendent en profondeur, et permettent de mesurer des déformations du sol ; de piézomètres, qui mesurent les variations de la nappe ; ou encore de «
CPI », ou Cellules de pression interstitielle, qui calculent la pression de la fraction liquide dans le sol. L’hypothèse numéro 1 étant que les mouvements du sol seraient provoqués par l’eau, il est capital de connaître précisément sa profondeur, sa pression, etc.
Au-delà de ces problèmes aussi mystérieux que complexes, chacun s’interroge sur de possibles conséquences sur la date de livraison de l’A304 d’une part, sur son coût d’autre part. Gérard Delfosse ne veut pas s’avancer à ce stade, préférant attendre les résultats des nouvelles études. «
Les investigations ne donneront leurs résultats qu’en avril. On est sur une matière géologique, donc sur des échelles de temps très longues. On verra au printemps si l’on doit prendre de nouvelles mesures. »
D’ici là, «
il n’y a pas de surcoût prévu, ni de retard ». Confirmation, ou pas, en avril…