G.E. a écrit:Attendons maintenant le lancement des études si l'Etat daigne se réveiller.
Au passage, ça ne prendra pas plus de temps d'inclure le contournement Nord dans les variantes pour montrer en quelques chiffres qu'il n'est objectivement pas réaliste.
Au vu de votre réaction : « pas réaliste », je me dis que peut-être que vous ne connaissez tous les tenants et les aboutissants de ce dossier, j’ai donc pris mon temps pour répondre.
Je pense plutôt que par tous les moyens certains politiques cherchent à ce que le contournement nord-ouest ne soit pas réétudié car ils savent que justement il est parfaitement réalisable. Cherchant à le disqualifier ils n’ont pas d’autres moyens que d’énoncer des contre-vérités en citant des chiffres à tout va : 300 millions d’€, 500 millions d’€, on a même entendu 1 milliard d’€ relayer par certains journaux locaux. Ces chiffres étant basés sur rien. On a aussi entendu que « Le contournement nord-ouest ne captera pas du trafic local », c’est tout le contraire qui a été dit lors des études de trafic de 2001. Comment énoncer de tel propos puisque justement aucune nouvelle étude a eu lieu entre 2001 et aujourd’hui ?...je pourrais continuer mais je vais m’arrêter là. En gros ce que subit le Contournement c’est « quand on veut tuer un chien on dit qu’il a la rage ».
Si on s’appuie sur des bases sérieuses, le coût du Contournement nord-ouest ne peut pas dépasser les 200 millions d’euros. Pourquoi ? : Lors de la concertation de 2000 les techniciens de l’Etat avaient présenté comme sans difficulté majeure (essentiellement du terrassement sur un sol calcaire donc stable, un pont sur le Tarn plus modeste que celui de Cantepau, et deux viaducs sur les ruisseaux de Saint Sernin et de la Mouline), je le répète car je le cite souvent comme exemple, il ne saurait coûter plus cher que celui du Puy-en-Velay (14 km, 260 m de dénivelé, 3 ouvrages d’art exceptionnels, 11 ouvrages d’art courants, 7 bassins de collecte et de traitement des eaux) qui a coûté 194 millions d’euros.
De fait je peux comprendre que l’Etat ne peut promouvoir un projet si des élus du territoire n’en veulent pas et ce dans un contexte financier contraint. Du coup je pense qu’il n’est pas pertinent d’engager des budgets, très importants, pour des solutions qui ne feront qu’aggraver la situation (tant en termes de mobilité qu’en termes de nuisances) et hypothèqueront la solution « inéluctable » (terme utilisé par la direction des routes en 2001) du contournement NO d’Albi.
J’aimerai qu’Albi garde un cadre de vie convivial en phase avec les aspirations économiques et environnementales actuelles mettant l’humain au centre des préoccupations car il n’y a pas que le bouchon de l’Arquipeyre, il y a aussi la santé, la sécurité et les mobilités locales. Je ne veux pas qu’Albi devienne le point noir de l’axe Toulouse/Lyon. Je souhaiterai aussi à ce que la parole de l’état soit respecter (celle de 2001), notamment lorsqu’elle est issue d’une concertation qui avait rassemblé les députés locaux et européens, les sénateurs, les conseillers régionaux, généraux, municipaux, les chambres consulaires et 23 associations. Si aujourd’hui les gens ont changé, les éléments techniques relatifs à l’étude d’opportunité de 2001 sont toujours d’actualité. Ils sont même dans la continuité des prévisions des techniciens des routes à l’époque. La présentation publique de l’étude du contournement NO d’Albi avait bien souligné l’absence de difficultés techniques majeures et un coût supérieur à celui du contournement de Carmaux ou de Baraqueville. A ce jour, aucune étude n’est venue remette en cause ces acquis. Le barreau de Lescure représentait 60% du coût du contournement d’Albi avec un ratio « coût/bénéfice » défavorable puisque, à l’exception de résoudre le problème de l’Arquipeyre (déjà présent), il ne pouvait que conduire à une augmentation du trafic sur la rocade, et précipiter la nécessité de ce contournement nord-ouest. C’est sur cette base qu’un consensus avait émergé pour réaliser le scénario le moins disant à terme, c’est-à-dire aller directement au contournement nord-ouest. Cette logique vaut toujours et pour preuve, le cabinet du Ministre informait début 2021, que le barreau de Lescure n’est pas « opportun ».
Pour en revenir aux articles, si l’étude d’opportunité de 2001 doit être remise à plat, cela ne peut se faire qu’en prenant en compte toutes les opportunités sinon ce n’est plus une étude d’opportunité. Il faut savoir que la direction des routes n’a jamais considéré le barreau de Lescure comme une alternative au contournement nord-ouest, mais comme une solution provisoire finalement jugée inopportune. Lors des concertations de 1997 puis de 2000, les sept scénarii proposés par l’Etat, avec ou sans barreau de Lescure, aboutissaient systématiquement au contournement nord-ouest. Afin de préserver l’avenir, même s’il ne peut pas s’engager aujourd’hui, il sera bien de tout faire pour que, l’Etat intègre le contournement nord-ouest dans l’étude d’opportunité et qu’il « sanctuarise » un des fuseaux existants. Face au brouhaha des fausses informations de tout bord que j’ai évoqué, seuls les éléments objectifs des services de l’Etat, permettrons aux élus locaux de faire un choix éclairé.
Je tiens afin à revenir sur quelques détails pour appuyer la pertinence du contournement nord-ouest d’Albi.
Coûts du barreau de Lescure est évoqué comme allant de la rocade d’Albi au giratoire de l’Hermet mais en réalité sa création doit impliquer un aménagement jusqu’à la Tête au Garric (début du contournement de Carmaux) et se trouvant sur 3,5 km en zone urbaine. Les études de 2001 ont estimé qu’il représenterait 60 % du contournement nord-ouest ce qui veut dire qu’il va couter plus de 100 millions d’€, est-ce vraiment raisonnable de réaliser un tel projet dont on sait qu’il ne sera pas pérenne ?
Artificialisation des sols : Je ne suis un pro-autoroute, plutôt le contraire. Mais l’axe se construit avec le contournement de presque toutes les agglomérations (Carmaux, Naucelle, Baraqueville, Luc-la-Primaube, Mende, Le Puy en Velay, Saint Hostien, Issingeaux, …) et de nombreux tronçons déjà mis à 2x2 voies. Sur Albi, si le barreau de Lescure se réalise il devait traverser Lescure, l’artificialisation concernerait une zone urbaine (à quelques mètres des premières maisons du centre bourg et en limite du stade), traverserait une des dernières zones maraichères de l’agglomération (aujourd’hui subventionnée par la Région), sur des terres alluvionnaires (très perméables) avec un aquifère sur toute la longueur du tracé (aquifère émergent aux deux extrémités). Dans le cas du Contournement nord-ouest, s’il y a des cultures déclarées, en réalité il y en a peu, le sol est principalement calcaire sans aquifère exposé (à l’exception de deux petits ruisseaux en proximité du bois de Saint Quintin).
La question de l’artificialisation existe dans les deux cas, mais que dirait le Grenelle de l’environnement sur une artificialisation en zone urbaine avec des enjeux forts sur les hydro-systèmes et sur l’activité humaine et l’exposition aggravée aux nuisances de la route surtout quand on voit les problèmes de sécheresses actuelles ?
Développement de la multi-modalité des transports : Au regard de la configuration du site et de l’effet de coupure généré par la rocade, cette infrastructure ne peut-être que la colonne vertébrale du Plan de Mobilité de notre agglomération. Dans ce territoire semi-rural, les transports collectifs, utilisant la rocade, seront la base de la multi-modalité. Mais tant que la RN88 traversera l’agglomération, avec une rocade assurant une continuité autoroutière, il sera impossible de mettre en place une multi-modalité des déplacements.
Au niveau écologie : le préfet précise que « le contournement n’est plus possible ». Quand on voit le rapport du COI-2022, concernant l’avis sur le contournement d'Arles (page 108). Déjà en 2018, le COI avait donné un avis favorable afin d'éviter la traversée urbaine, de s'éloigner du "cœur historique de la ville, inscrit par l'UNESCO au patrimoine de l'humanité", de préserver la santé des "4000 riverains situés à moins de 150 mètres de l'actuelle route nationale"... (voir le COI-2018). Il souligne "toutefois l’importance majeure qui devait s’attacher au respect des zones naturelles sensibles, en particulier le Parc Naturel Régional de Camargue, ainsi que des exploitations de foin de la Crau et des rizicultures camarguaises". Pour revenir sur notre dossier albigeois, les problèmes environnementaux évoqués par certains relatifs au contournement NO d'Albi sont sans commune mesure avec celui d'Arles. Ainsi, on peut noter que, déjà en 2018 et à nouveau aujourd'hui, au nom de l'évitement des lieux de vie, le COI valide le contournement d'Arles, même s'il impacte la Camargue (pourtant classée Natura 2000) et son activité économique.
Désolé d’avoir été aussi long mais ça méritait de l’être, je pense, pour prouver et vous convaincre de la pertinence du contournement nord-ouest parfaitement réaliste et est nécessaire contrairement aux idées reçues. J’ai donc pris mon temps pour répondre. La vraie question qu’il faut se poser justement : « c’est de savoir qu’est ce qui est nécessaire ? » Nos décideurs politiques devraient méditer sur le fait que « la politique, c’est de rendre possible ce qui est nécessaire »