Axe Bretagne Anjou : 17 ans plus tard, les travaux de la 2x2 voies s'achèvent enfin en Ille-et-Vilaine
Initiés en 2004, les travaux de la 2x2 voies entre Rennes (Ille-et-Vilaine) et Angers (Maine-et-Loire) s'achèveront fin juin 2021, côté Ille-et-Vilaine, à Martigné-Ferchaud.
La 2×2 voies, au niveau de Martigné-Ferchaud, le 26 mai. Le chantier, côté Ille-et-Vilaine, aurait dû être terminé fin avril. En raison du mauvais temps, les travaux ont pris quelques semaines de retard. ©L'Éclaireur de Châteaubriant
Par Sophie Pams Publié le 27 Mai 21 à 18:56 mis à jour le 27 Mai 21 à 19:00
Après 17 ans de chantier, les automobilistes qui empruntent la route entre Rennes et Martigné-Ferchaud (Ille-et-Vilaine) vont enfin voir la fin des travaux de la 2×2 voies, d’ici la fin juin 2021.
Le Département réalise actuellement les finitions de la section La Noë Jollys – Martigné-Ferchaud. Longue de 3,3 kilomètres, elle est la dernière de l’itinéraire en Ille-et-Vilaine, d’un total de 48 kilomètres.
Franck Pichot, vice-président du Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine et maire de Pipriac, revient sur la réalisation de cet axe routier, pour lequel le Département aura investi 141 millions d’euros.
Fin janvier 2021, le Département avait annoncé que le chantier de la 2×2 voies Rennes – Angers se terminerait « au printemps 2021 ». Avez-vous une date précise ?
Franck Pichot : Je ne peux pas vous dire une date précise, mais on touche à la fin, c’est une question de semaines. La signature de fin des travaux était prévue pour fin mai, début juin, mais nous avons eu des remontées d’humidité sur une partie de la chaussée. Ce n’était pas forcément prévisible.
Il a fallu reprendre en partie le carottage pour voir d’où venaient les infiltrations d’eau souterraines qui se sont mises sous l’enrobé. On a dû reprendre des travaux de drainage, pour avoir quelque chose de correct qui va durer.
Cela fait partie des aléas, ce sont des questions naturelles qui jouent. On a aussi eu un mois de mai moyen, avec beaucoup de pluie.
« On sera donc sur une fin de chantier plutôt fin juin. »
Après, il restera la partie jusqu’à Angers, qui est du côté Maine-et-Loire. Mais là ce sont des décisions départementales.
La section La Noë Jollys-Martigné-Ferchaud était la dernière section des travaux en Ille-et-Vilaine. Elle a coûté près de 21 millions, un coût supérieur aux autres sections. Pourquoi ?
Sur les axes routiers, il y a ce que l’on voit facilement, comme l’enrobé, et puis il y a les ouvrages d’art, comme les ponts (un pont mixte a été construit pour franchir le Semnon, ainsi qu’un pont-rail pour permettre à la ligne ferroviaire Rennes-Châteaubriant de franchir la 2×2 voies et un pont pour animaux, Ndlr).
Il ne faut pas que la 4 voies soit une frontière qui s’impose sur les territoires. Il faut que chaque citoyen puisse l’utiliser, la traverser, circuler autour… Ainsi que les animaux. Les ouvrages d’art permettent de rétablir une harmonie entre l’arrivée de la 4 voies et le territoire qui existe déjà.
Il y a eu aussi la question de la forêt d’Araize, savoir comment on allait faire pour la traverser. Un axe routier n’est pas là pour défigurer un paysage ou détruire l’environnement. Il doit respecter la biodiversité.
« Pour nous, les règles sont claires, quand on déplante un arbre, il faut en replanter cinq. »
Lorsque l’on construit un axe routier, on prend par ailleurs forcément du foncier. Pour limiter l’incidence, on établit un plan beaucoup plus large autour du chantier, pour permettre à ceux qui ont été plus impactés de récupérer d’autres parcelles. Cela permet aux agriculteurs d’avoir des terres plus en proximité avec leur exploitation.
Il peut aussi avoir des indemnités versées pour ceux pour qui l’échange parcellaire ne compense pas totalement la prise de foncier.
« 70 exploitations et 320 propriétaires ont été concernés par ces échanges parcellaires. »
Les travaux, engagés en 2004, auront duré 17 ans au total. Est-ce une durée habituelle pour un chantier de ce genre ?
Pour comparer, je crois que la route Rennes – Saint-Malo a mis 30 ou 40 ans à se faire. L’axe centre-Bretagne, qui passe par Loudéac, n’est toujours pas terminé et cela fait des décennies qu’il a été commencé.
Retour sur 17 ans de travaux en vidéo :
https://vimeo.com/504298458Ce sont des chantiers très longs. D’une part c’est une longueur assez importante de quatre voies qui était à réaliser, 48 kilomètres, et d’autre part, il y a une temporalité à respecter. Il y a d’abord la question de l’envie politique, puis de l’étude de la faisabilité du chantier, et enfin la question du financement.
« Quand vous avez 141 millions d’euros qui vont être injectés dans ce projet extrêmement important pour le département, ils ne vont pas être débloqués d’un seul coup. »
Nous avons acté ce projet en 2004, et nous avions visé 12 ans pour le faire. Puis, il y a eu la crise mondiale en 2008. C’est un financement 100 % du Département, sans aide de l’État. Il a donc fallu tenir le budget chaque année.
À cela s’ajoutent les aléas techniques, environnementaux et autres, comme des fouilles archéologiques.
Concrètement, qu’est-ce que cette 2×2 voies va changer pour les habitants de ce secteur ?
« L’axe routier n’est pas un but en soi. C’est un outil d’aménagement et de développement du territoire. »
En tant que maire de Pipriac, nous vivons la 4 voies Rennes Redon au quotidien. C’est un élément extrêmement important pour la facilité de mobilité que cela procure. Avec cette 2×2 voies, on permet aux habitants du Sud du département d’avoir une mobilité.
On a fait le travail de maillage. Les 4 voies seront suffisamment structurantes et aidantes dans le département pour que chaque habitant soit assez proche des villes, des sites de travail et des campagnes à visiter ou à vivre.
Après avoir mis en place cet outil, dans un second temps, on peut aussi y amener des services et des équipements, que ce soit le Département ou les collectivités communales ou intercommunales. Par exemple, on a pu installer des collèges car les routes ont permis d’augmenter le nombre d’habitants.
« Les 2×2 voies amènent aussi de la sécurité routière. Des accidents mortels que l’on a pu avoir sur des axes comme Rennes Redon ou Rennes Martigné-Ferchaud, ce sont des morts évitées aujourd’hui grâce à la 4 voies. »
Maintenant que l’on a fait les grands axes, on va se pencher sur les autres moyens de déplacement : les liaisons douces, les routes à vélo… On va pouvoir passer à autre chose.